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Parcours Rue Bonaparte

12 avril 2018

La rue Bonaparte débute du quai Malaquais et va jusqu'à la rue de Vaugirard,  après plus de 1 km.

La rue actuelle est la réunion, en 1852, de trois voies existantes tracées à différentes époques.

Aujourd'hui, cette rue n'est pas particulièrement célèbre mais elle est assez fréquentée puisqu'elle relie ou  passe par des lieux importants du 6e arrondissement : la place Saint-Sulpice, la place Saint-Germain-des-Prés, aujourd'hui place Sartre-Beauvoir,  les quais de Seine à quelques mètres du Pont des Arts.

Pas  particulièrement célèbre,  pourtant il suffit de lever la tête pour constater que des célébrités y sont nées où y ont résidé :  Édouard Manet, André Dunoyer de Segonzac et dans un autre genre et une autre époque Wolinski.

C'est aussi ici que Sartre a vécu avec Simone de Beauvoir de 1945 à 1962 et qu'il a écrit "Les Mots".

 

De Robespierre au domicile présumé de l'inspecteur Juve dans la série de romans de Fantômas,  du bouillonnement de la jeunesse de l'école des Beaux-Arts durant mai 68 au rassemblement des paisibles sénateurs qui au bout de la rue augmentent la moyenne d'âge,  la rue Bonaparte a traversé l'histoire de Paris.

Une expo...

Palais des Beaux-Arts,

13 rue Malaquais, 75006 Paris

Expo : “Images en lutte” La culture visuelle de l'extrême gauche en France (1968 1974).

 

Jusqu'au 20 mai 2018

 

 

Une exposition incontournable, en cette année anniversaire de mai 68. Le parcours de visite retrace bien cette période particulière durant laquelle la création et les luttes sociales ont été intimement liées.

Affiches, photographies, films…. témoignent autant d'un pan de l'histoire de l’art, avec ce nouveau volet que sera “l'Art d’avant -garde", que d'un pan de l'histoire tout court !

La première salle présente un grand nombre d'affiches réalisé par l'Atelier Populaire des Beaux-Arts en mai et juin 1968.

L'exploration ne s'arrête pas là. On chemine dans l'histoire jusqu'au milieu des années 70, par thèmes : les luttes tiers-mondistes, les usines, les mines, les campagnes, les prisons...

Cette exposition ne se veut pas une simple illustration des événements. Elle a aussi pour but de mettre en lumière les ambiguïtés entre art et politique. Elle pose la question : qu'est-ce qui relève de l'art et qu'est-ce qui tient de la propagande ?

Une librairie...

Librairie Polonaise

123 boulevard Saint-Germain

 

Beaucoup plus grande que ne le laisse présager la devanture, on trouve au premier étage les livres en polonais et au rez-de-chaussée les livres en français.

Le choix est varié et c'est le lieu idéal pour trouver de la littérature de l'Est traduite en français.

L'accueil est toujours agréable et très pro. On peut même conseiller un livre qui n'est pas présent dans la librairie et vous indiquer où vous pouvez l'acheter dans un rayon de quelques km.

C'est bien de se serrer les coudes entre librairies indépendantes !

Voilà un beau lieu à fréquenter qu’on soit polonais ou français .

Deux livres...

Un tableau neigeux de Manuel Benguigui, Mercure de France, 2018

 

Un jour, chez un collectionneur à Manchester, Edwin derobe “par inadvertance” une toute petite toile flamande du 15e siècle, qu'il oublie dans sa poche... mais c'est une autre image, un paysage neigeux qui le hante littéralement. Ce tableau existe-t-il vraiment ? Tandis qu'Edwin arpente les musées à la recherche de son chef-d'œuvre énigmatique, les propriétaires du tableau volé se lancent à sa poursuite...

 

C'est le deuxième roman de Manuel Benguigui et on peut déjà dire qu'il a un style et un univers bien à lui.

L'auteur nous entraîne dans le monde érudit de l'art mais avec des personnages passablement...”barrés” !

Cette recherche d'un hypothétique tableau neigeux s'avère être une quête plus profonde qu'il n'y paraît. L'auteur nous fait traverser toutes les époques et courant de l'histoire de l'art, certes à la vitesse grand V et dans une sorte de désordre mais cela reflète bien le psychisme de cette étrange Edwin.

La loufoquerie de chacun des personnages est savoureuse. On les suit avec perplexité et amusement : Edwin avec ses envies incendiaires et ses idées fixes, un majordome psychorigide spécialiste en informatique, et dans une moindre mesure dans les arts martiaux, un étrange couple collectionneur d'art…

L'intrigue est bien menée. On est au cœur d'une traque : d'un tableau, d'un voleur de tableau, d'un amant ...d'un sens à sa vie peut-être ?

Le roman est court mais il ne se lit pas si vite que ça.

On ne peut s'empêcher de relire certains passages tant chaque mot semble bien pesé et trouver idéalement sa place dans la phrase.

L'humour toujours sous-jacent, est un véritable régal.

Avec ce deuxième roman Manuel Benguigui a de nouveau réussi à nous faire entrer dans un livre délicieusement atypique.

Mécaniques du chaos de Daniel Rondeau, Grasset, 2018

 

“Et si la fiction était le meilleur moyen pour raconter un monde où l'argent sale et le terrorisme mène la danse ? Ils s'appellent Grimaud, Habiba, Bruno, Rifat, Rim, Jeannette, Levent, Emma, Samy, Moussa, Harry.

Ce sont nos contemporains otages du chaos général, comme nous.

Dans un pays à bout de souffle, le nôtre, pressé de liquider à la fois le sacré et l'amour...”

 

Cette quatrième de couverture est prometteuse. Je m'imaginais déjà tous ces destins se croiser sous nos yeux pour une démonstration implacable que le monde n'est pas si vaste que ça, que la finance n'est pas si loin des banlieues gangrenées par la drogue, que l'argent de l'art profite au terrorisme...

L'idée est intéressante mais la démonstration échoue complètement.

À vouloir trop en montrer, Daniel Rondeau nous noie totalement dans la masse de ses personnages.

L'écriture est impeccable mais l'intrigue devient rapidement confuse. Les personnages sont beaucoup trop nombreux, on finit par ne plus pouvoir tous les suivre, d'autant que certains sont peu crédibles ou peu intéressants.

L'espèce de nabab qui règne sur la cité frise le ridicule.

Son “guetteur”, un ado qui vit seul caché et qui lit Victor Hugo est peu crédible.

 

Malgré tout, on va au bout du livre. Pas pour le suspense, car on a vite compris d'où va venir le coup... plus de l'intérieur que de la Libye. Mais parce qu'il est vrai que dans cette multitude de personnages, certains sont parvenus tout de même à nous accrocher et qu'on a des scrupules à les lâcher avant de savoir ce qu'ils sont devenus !

 

Au final, ce livre est très décevant. Daniel Rondeau nous sert un méli-mélo de tous les faits d'actualité anxiogènes de ces vingt dernières années.

Pour se restaurer...

Facile dans le coin de trouver un resto sympa mais qu'il soit aussi abordable, c'est une toute autre histoire !

Dans la rue Bonaparte, ce n'est pas ce qu'il y a de plus. On trouve surtout des boutiques très spécialisées: librairies d'ouvrages anciens et/ou d'art, des créateurs, des anticaires..... Par contre, dans les rues perpendiculaires les endroits pour se restaurer sont légions : place Saint Sulpice, boulevard Saint-Germain.....

Pour le fun on peut aller au "Café de Flore", serveurs en blanc et très belle déco mais les prix surfent sur la renommée historique du lieu. De plus, si la terrasse est magnifique, aujourd'hui on y cotoie plus de touristes que de philosophes.

Pour ceux qui voudraient rester dans la sobriété ou incognito, nous signalons la pizzeria Vesuvio 1 rue Gozlin. C'est très bon et l'accueil sympathique.

Trois films...

Vent du nord de Walid Mattar, avec Philippe Rebbot, Mohamed Amine Hamzaoui, Corinne Masiero, 1h 29, drame, Belgique.

 

Nord de la France. L'usine d'Hervé est délocalisée. Il est le seul ouvrier à s'y résigner car il poursuit un autre destin : devenir pêcheur.

Banlieue de Tunis. L'usine est relocalisée. Foued, au chômage, pense y trouver le moyen de soigner sa mère et surtout de séduire la fille qu'il aime.

 

Un très joli film social. Vent du nord est un film, intelligent et émouvant, qui met en lumière la condition ouvrière à l'heure de la mondialisation.

La mise en parallèle entre Hervé et Foued, entre le nord de la France et le nord de la Tunisie, est non seulement très intéressante mais aussi très bien filmée.

 

Une usine ferme d'un côté, c'est un avenir de chômage. Cette même usine ouvre de nouveau mais dans la banlieue de Tunis, c'est une promesse de sortie du marasme économique. Fausse promesse, Se faire exploiter rend peut-être moins pauvre mais on est loin de l'accès au bonheur, recherché autant des 2 côtés de la Méditerranée.

Les similitudes entre les deux lieux sont bien trouvées.

Où que l'on soit, le café reste le lieu des désœuvrés.

Similitude pour cette  jeunesse,  capable de se lever tôt si elle trouve un intérêt très personnel : se faire de l'argent de poche facilement, tout autant que pour les beaux yeux d'une fille...

 

Dans ce film, tous les protagonistes cherchent le bonheur. Hervé et Foued cherchent à réaliser leur rêve. Hervé va tenter de monter son entreprise. Son parcours fait parfois sourire mais il est le plus souvent touchant .

Quoi qu'il en soit les perspectives sont pessimistes : ouvrier du monde, donnez-vous la main ! (ou Prolétaires de tous les pays..unissez-vous !)

 

Vent du nord est un bon film mais il lui manque un petit quelque chose pour être excellent. Peut-être qu'une passerelle entre Hervé et Foued aurait pu être déployée et les chemins se croiser...?

America Claus Drexel, 1h22, documentaire, USA

 

Novembre 2016. les États-Unis s'apprêtent à élire leur nouveau président. America est une plongée vertigineuse au cœur de l'Arizona, à la rencontre des habitants d'une petite ville traversée par la route 66, les héritiers cabossés du rêve américain qui nous livrent leurs espoirs et leurs craintes.

 

Un documentaire pas inintéressant mais qui laisse sur sa faim. L'angle de vue est beaucoup trop restreint. Il est globalement surtout question des armes. Or dans ce domaine, il n'y a plus guère d'espoir que nous comprenions la position des Américains. Une grand-mère a toujours son petit revolver dans son sac, un homme est rassuré lorsqu'il entre dans un bar et en voit un autre avec un colt à la ceinture, des parents offrent sa première arme à leur enfant de 5 ans... ! Que dire, si ce n'est que le Far West n'est pas a priori une époque révolue !?

 

Si beaucoup des interrogés voteront pour Donald Trump, quelques-uns sont inquiets. Malheureusement, on en sait trop peu sur la vie de ceux qui sont à l'écran pour pouvoir analyser où mettre en perspective leurs arguments.

La majorité a l'air contre l'ObamaCare, on aimerait comprendre pourquoi, d'autant plus que beaucoup ont l'air bien abimés par la vie !

 

Les images sont très belles. Couleurs et angles choisis mettent en relief les contrastes entre la beauté des grands espaces qui symbolise le rêve américain et les habitats souvent précaires... voitures abandonnées... qui soulignent les désespoirs de ceux qui sont restés au bord de la route de la réussite.

 

Si belle soient-elles,  on peut tout de même s'interroger sur l'utilisation des images. On voit plusieurs fois le site de Monument Valley. Certes, c'est dans le même état mais c'est tout de même à plusieurs centaines de Km de Seligman !

 

Claus Drexel ne juge pas. Il pose quelques questions, filme, écoute ...et cela ne suffit pas !

Le collier rouge de Jean Becker

avec François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Sophie Verbeeck,

1h 23, drame, France.

Dans une petite ville écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte. Devant la porte, son chien, tout cabossé aboie jour et nuit.

 

Un joli film, plaidoyer contre la guerre.

Les acteurs sont très bons. Nicolas Duvauchelle incarne très bien le jeune homme, qui comme les autres, pensait en 1914,  être à Berlin en 3 semaines.

Par flashback, on va suivre son parcours dans l'enfer, parcours qui l'amènera en prison en 1919.

François Cluzet est sobre dans le rôle du juge militaire dont la guerre a ébranlé les principes.

Le commandant magistrat Lantier du Grez pourrait ne représenter que la rigidité de la hiérarchie militaire mais finalement lui aussi a évolué après cette guerre.

Son humanité est née des horreurs des combats, de la culpabilité d'avoir transformé toute une génération en chair à canon.

 

Entre Landier de Grez et Morlac, les rôles sont inversés. Le premier a perdu sa rigidité alors que le second est devenu sans concession.

Tout au long du film, on s'interroge : Quel acte antipatriotique a bien pu faire ce Morlac pour être en prison, quel affront à la nation a-t-il bien pu réaliser, alors qu'il était décoré pour héroïsme ?

On ne le saura qu'à la fin et ce dénouement en forme de coup d'éclat participe de la réussite du film.

Forcément, lorsqu'on a lu le livre de Jean-Christophe Rufin on connaît la fin et du coup il n'y a pas d'effet de surprise !

Les images et reconstitutions de la guerre sont soignées. On chemine dans une histoire personnelle tout en étant plongé au cœur de l'histoire.

Un musée...

Musée National Eugène Delacroix, 

6 rue de Fürstenberg dans le 6e arrondissement

 

Eugène Delacroix (1780-1863) est considéré comme un représentant important du romantisme.

Le musée est installé dans l'appartement et l'atelier où Delacroix emménagea en 1857.

L'endroit est agréable,  charme absolu et havre de paix d'un atelier donnant sur un petit jardin en plein cœur de Paris.

On regrette que la vie du peintre ne soit pas plus reconstituée et racontée entre ces murs.

Il reste une de ses palettes,  ses carnets de comptes de Saint-Sulpice qui témoignent des pigments,  liants et matériaux, employés lors du chantier de la Chapelle, sa table à peinture,  très beau meuble dans lequel le peintre rangeait son matériel et conservait ses mélanges.

 À part ces éléments,  le reste est conçu comme un petit musée très classique.

Chaque année,  le musée propose une exposition thématique.  En ce moment, et jusqu'au 23 juillet 2018, “Une lutte moderne,  de Delacroix à nos jours”, exposition dédiée aux peintures de la Chapelle des Saints Anges à Saint-Sulpice.  Le thème est donc très restrictif !

On aurait aimé voir aussi ses œuvres sur des thèmes littéraires,  historiques et orientalistes.

Signalons pour ceux qui veulent en voir plus l'exposition "Dalacroix" au Louvre jusqu'au 23 juillet 2018.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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