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Parcours à Bièvres (91)

15 octobre 2019

À quarante minutes du centre de Paris, Bièvres mérite bien une petite visite tout autant pour se mettre au vert que pour faire le plein de culture. Nichée dans la vallée boisée de la Bièvres, la ville abrite le musée français de la photographie, le musée de l'outil et ce qui a surtout mené ”Pourvu Qu'on Ait Livre’s” jusqu'ici, la maison littéraire de Victor Hugo.

 Entre les visites et une chouette halte au Millefeuille, on ne se privera pas d’une petite promenade dans la nature  puisque la commune est constituée de plusieurs bois municipaux.

Un musée...

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Maison littéraire de Victor Hugo

45 rue Vauboyen, 91570 Bièvres

 

Une visite guidée instructive et agréable. Ce domaine offre un moment bucolique avec un domaine de 11 hectares, bordant la Bièvre, un lac, des allées de promenade... et un moment culturel avec des salles d'exposition dans la belle demeure.

Cette maison n'a pas appartenu à Victor Hugo mais il y a souvent séjourné. Le domaine appartenait à Bertin l'Aîné (1766-1841) mécène et directeur du « Journal des Débats ».

Appelé alors le château des roches, le lieu attire les grands noms des arts et de la politique de la première moitié du 19e siècle.

 

Ici le poète s'isolait pour écrire et aimait se promener dans la vallée de la Bièvre. La demeure a été entièrement restaurée. Disposition et mobilier ne correspondent pas à ce qu'a connu Victor Hugo car les meubles ont été dispersés au fil du temps et aucun écrit sur l'intérieur ne permet de reconstituer la réalité.

Cependant le décor soigné rend compte de l'ambiance romantique du 19e siècle.

Beaucoup d'oeuvres originales, manuscrits, documents sur la jeunesse de Victor Hugo, ses amours, son œuvre littéraire, ses années d'exil, son évolution politique....sont présentés et commentés ici.

L'endroit est totalement charmant et pour faire durer ce charme, on peut prendre un café sur la belle terrasse du salon de thé.

Une librairie, un resto...

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Mille-Feuilles, 28 rue de l'Eglise,

91570 Bièvres

 

Superbe endroit. Les ouvrages sont disposés dans plusieurs pièces. On navigue comme dans une maison remplie de livres. La libraire est très accueillante et a un mot à dire sur chaque livre choisi.

La partie restauration est décorée avec goût mais le mieux est de profiter de la terrasse qui offre une vue panoramique imprenable sur la vallée de la Bièvres.

Le lieu est atypique et mérite d'être fréquenté.

 

Plats entre 14 et 18 €

La semaine formule à 16,50 €

Deux livres...

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Les petits de Décembre

de Kaouther Adimi, seuil, 2019

 

« C'est un terrain vague, au milieu d'un lotissement de maisons pour l'essentiel réservées à des militaires. Au fil des ans, les enfants du quartier en ont fait leur fief. Ils y jouent au football, la tête pleine de leurs rêves de gloire. Nous sommes en 2016 à Dely Brahim, une petite commune de l'Ouest d'Alger dans la cité dite du 11-décembre. La vie est harmonieuse mais tout se dérègle quand deux généraux débarquent un matin, plans de construction à la main. Ils veulent venir s'installer là, dans de belles villas déjà dessinées… »

 

Avec une belle écriture, ce roman navigue habilement entre gravité et humour. À travers une histoire toute simple l'auteure nous conte les difficultés de l'Algérie.

Les militaires se succèdent, corruption et abus de pouvoir se perpétuent. Chaque génération manque « le coche » d'un vrai tournant démocratique.

Les militaires usent et abusent du pouvoir puis, à la retraite, regrettent de n'avoir pas œuvré pour marquer l'histoire de leur pays en mettant fin à une gouvernance tyrannique.

 

L'espoir ne vient qu'avec « les petits ». Inès, Jamyl et Mahdi ont 11 ans et ils incarnent la résistance.

Ils tourneront en ridicule les généraux qui « prennent » sans faire cas des petites gens.

Un lien se tisse entre cette très jeune génération qui refuse de subir et une grand-mère (celle d'Inès) ancienne moudjahida qui a combattu pour l'indépendance.

 

L'émotion vient bien évidemment de cette jeunesse capable d'une solidarité perdue par les adultes. Leur capacité de révolte provoque dans leur entourage autant de peur que d'admiration.

L'humour vient de la description de ces vieux militaires. Ils ont certes le pouvoir mais ils sont si ridicules, estomaqués qu'on ose leur résister. Leur pouvoir et ego sont mis à mal par une bande de gamins.

Leur vie est pathétique, faite de mensonges, de tractations secrètes, de chantage... La fonction est bien loin des intérêts d'une nation.

 

Au premier abord « Les petits de décembre » est un joli conte mais, sous son aspect simple et poétique, Kaouther Adimi nous livre un plaidoyer pour la jeunesse. Un témoignage des désirs d'une nouvelle génération algérienne qui souhaite la liberté, qui revendique un changement de vie et de société.

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Olga de Bernhard Schlink

Gallimard, 2018

“ L'est de l'Empire allemand à la fin du 19e siècle. Olga est orpheline et vit chez sa grand-mère dans un village coupé de toute modernité.

Herbert est le fils d'un riche industriel et habite la maison de maître.

Tandis qu'elle se bat pour devenir enseignante, lui rêve d'aventures et d'exploits pour la patrie.

Amis d'enfance, puis amants, ils vivent leur idylle malgré l'opposition de la famille de Herbert et ses voyages lointains.

Quand il entreprend une expédition en Arctique, Olga reste toutefois sans nouvelles”

 

Une toute simple (au premier abord) mais jolie histoire.

C'est surtout le talent narratif qui retient l'attention ici.

Le livre est très bien mené, Bernhard Schlink décrit très bien les deux mondes qui se rencontrent avec Olga et Herbert. Enfants et adolescents, leurs jeux sont autorisés, jeunes adultes, leur amour sincère est réprouvé.

Au-delà de cet état de fait, leur condition sociale déterminera également leurs projets pour le futur et parfois leur incapacité à se comprendre.

Olga devra se battre et travailler avec acharnement pour devenir institutrice. Herbert dégagé de tout souci matériel ne cesse de rêver d'un ailleurs.

Peut-être aussi pour fuir l'interdiction de sa famille d'une union avec Olga.

De sa dernière expédition, il ne reviendra pas. Olga n'aura de cesse de lui écrire, ses lettres resteront sans réponse.

 

Les deux tiers du livre nous content cette triste histoire. Olga traverse la vie sans savoir ce qu'il est advenu de Herbert. Elle traverse également les vicissitudes de l'Histoire.

Tout ceci serait presque très banal, mais on sent tout de même que l'auteur ne nous fait pas parcourir tout ce chemin pour rien, ou tout du moins juste pour ça !

La surprise est de taille et le lecteur la découvrira dans la troisième partie.

 

Comme dans “Le liseur”, Bernhard Schlink sait nous imprégner de l'air d'une époque, nous familiariser avec une facette de ses personnages pour mieux nous étonner en nous les révélant entièrement que plus tard.

 

Olga est un très beau portrait de femme. Une femme amoureuse mais aussi forte et indépendante.

Deux films...

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Ceux qui travaillent de Antoine Russbach

avec Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Isaline Prévost, drame, 1h42, Belgique - Suisse

 

“Cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Frank consacre sa vie au travail. Alors qu'il doit faire face à une situation de crise à bord d'un cargo, il prend seul et dans l'urgence, une décision qui lui coûte son poste. Profondément ébranlé, trahi par un système auquel il a tout donné , le voilà contraint de remettre toute sa vie en question”

 

Un film social qui fait l'effet d'un coup de poing. Le constat est sombre, totalement désespérant. Notre société va mal, pour ceux qui n'ont pas de travail, ça on s'en doutait mais a priori ceux qui en ont ne ne vont pas mieux tant ils ont perdu de leur humanité.

Franck est un taiseux mais le scénario est suffisamment bien ficelé pour que, par des moyens détournés, on en apprenne assez pour saisir le personnage.

 

Issu d'une famille de paysans, il a été élevé selon l'adage « marche ou crève » et dans le silence des émotions.

Sa revanche sur une enfance pauvre et difficile, il la tient dans sa vie professionnelle. Cet homme s'est fait seul, par la force de son travail, parti de rien il a gravi les échelons.

Chez une telle personne, la perte d'emploi dépasse la seule sphère habituelle de la peur de manquer d'argent, l'angoisse de rester au chômage, le malaise face au regard des autres…

Pour Frank c'est plus que cela, c'est le risque d'un effondrement total de sa personne.

C'est terrible ! La décision qui va lui coûter son poste est horrible, faisant passer le profit de la société qui l'emploie avant la vie, Franck atteint le niveau zéro de l'humanité.

Le pire est à venir puisque son seul regret ne sera pas « cette décision » mais le fait de ne pas l'avoir prise assez vite !

 

Le synopsis nous dit « qu'il sera contraint de remettre toute sa vie en question ». Cela n'est pas tout à fait exact ! Il devient surtout spectateur de sa vie familiale qui nous paraît être un bel échec.

Une femme et cinq enfants qu'il ne connait pas vraiment et pour qui il semble n'être qu' un portefeuille.

Le constat n'est ni réjouissant ni optimiste.

Si « Ceux qui travaillent » vous a heurté, si en sortant de la salle obscure votre humeur est si sombre que vous n'avez plus foi en l'humanité, allez vite vous divertir avec le dernier Woody Allen.

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Un jour de pluie à New York de Woody Allen

avec Timothée Chalamet, Selena Gomez Elle Fanning, 1h32, comédie, USA

 

“Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps...”

 

Une comédie romantique pleine de charme et très sympathique.

Beaucoup de critiques y voient du grand Woody Allen, je n'irai pas jusque-là. On a vu le réalisateur être plus mordant dans ses propos et plus original dans les situations créées.

Certes, on trouve ici des critiques sous-jacentes, notamment sur le monde des jeunes étudiants riches et sur le milieu du cinéma. 

 

Arrivés à New York, les deux tourtereaux vont vite être séparés et chacun de leur côté vivre des situations insolites et faire des rencontres fortuites.

Le scénario est bien ficelé et certaines répliques sont très drôles.

Le propos reste cependant trop léger pour qu'il s'agisse là d'un grand film. Par contre on passe un moment très agréable.

Woody Allen nous offre un très beau New York poussant les portes d'établissements et d'appartements qui ne nous sont pas accessibles. En extérieur, la ville présentée est très fantasmée (c'est propre, il y a peu de monde dans les rues, tout le monde semble beau...) mais les images sont si belles qu'on les prend comme un objet esthétique plus que comme un témoignage.

Souvent Woody Allen divise, surtout ses plus grands fans. Ses bons films pour les uns ne sont pas les mêmes pour les autres. Chacun attend toujours le meilleur de ce réalisateur mais les critères sont soumis à une forte subjectivité.

 

Quelle que soit la catégorie dans laquelle on place « un jour de pluie à New York » on peut reconnaître à Woody Allen le talent de susciter encore l'intérêt chez le spectateur après 49 films !

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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