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Escapade à Bordeaux

26 décembre 2016

Bordeaux , Capitale de l'Aquitaine, septième agglomération française.

Cette ville mérite le détour et même un séjour un peu plus long qu'une simple “escapade”. J'y consacrerai donc plusieurs volets. Aujourd'hui, saison 1, épisode 1 : la rue Sainte-Catherine et ses abords.

 

“Prenez Versailles et mêlez-y Anvers, vous avez Bordeaux" , Victor Hugo

Petite visite

-Place de la Comédie : le Grand Théâtre, joyaux classique, symbole de la ville et chef-d'œuvre de Victor Louis qui dessinera plus tard les galeries du Palais-Royal à Paris.

 

-Rue Sainte-Catherine :

la plus longue rue piétonne d'Europe ( 1,3 km). C'est le lieu de la foule de passants, on s'y presse pour faire du lèche-vitrine !

 

-Au bout de la rue Sainte-Catherine : la place de la Victoire cernée de café et de bar. Au nord, on y voit la monumentale porte d'Aquitaine ( 1746) ornée des armes de la ville. À l'est l'université sous une façade Troisième République. Au centre un curieux obélisque rend hommage aux vins.

 

-Le lycée Montaigne : sur le cours Victor Hugo, opulente façade sculptée du 17e siècle. Magnifique bâtisse. Au 19e siècle, Bonaparte en fait son premier lycée impérial. Depuis le prestige l'auréole.

 

-Remontez par la rue Saint-James animée de petites boutiques et surmontée de la grosse cloche. Jadis baptisée Saint-Éloi, cette porte du 15e siècle servait de beffroi à l'hôtel de ville aujourd'hui disparu. Au 18e siècle, on y installe son l'horloge et surtout sa “grosse cloche” qui a rythmé la vie de nombreuses générations de bordelais.

 

-Place Camille Jullian : des terrasses, des terrasses et encore des terrasses... comme je les aime !

Nommée d'après l'académicien et historien de Bordeaux (1859-1933) à qui une statue rend hommage.

 

-Avant de se rendre sur la place du Parlement, faire une incursion dans le quartier Saint-Pierre. Ancien siège du pouvoir des ducs d'Aquitaine, ce quartier est l'âme du vieux Bordeaux. Très belles façades (15e et 16e siècle) et ferronneries. Il faut déambuler dans ces ruelles et partager son regard entre bâtiments et boutiques en vogue qui fleurissent.

 

-Place du Parlement, belle harmonie classique. Au Centre, la fontaine Second Empire (1865) lieu de rendez-vous bordelais. Tout autour des terrasses, lieu idéal avec des enfants qui peuvent jouer près de la fontaine.

 

-Fin de la balade : place de la Bourse qui se reflète dans le miroir d'eau du quai de la Douane, c'est magnifique ! Symbole du commerce florissant de Bordeaux, au 18e siècle,  avec de nobles échanges mais aussi avec le commerce triangulaire ! Au centre de la place, une élégante fontaine “Les Trois Grâces” (1864)

Place de la bourse

Un musée

Le centre Jean Moulin, Place Jean Moulin

Ouvert du mardi au dimanche, de 14h à 18h, entrée gratuite

 

Hommage au résistant Jean Moulin, c'est avant tout un musée de la guerre. Photos, affiches, documents... Le musée est assez bien fourni. À l'étage un document audiovisuel très intéressant et une poignante exposition de peinture sur les camps de concentration. Il est dommage que certains documents ne soient pas bien mis en valeur, certains écrits sont recouverts d'un film transparent un peu jauni par le temps et sont parfois placés trop haut ou trop bas....donc pas facile à lire !

Après cette visite...un resto

“Chez Jean” 1 place du Parlement.

 

 

Le midi 18 € (entrée, plat, dessert). Donc prix très raisonnable et c'est bon ! C'est un peu plus que de la cuisine de bistrot, les suggestions du jour ont un côté original et élaboré. Le jour de mon passage, l'entrée était un muffin lardons olives, accompagné d'une mousse de fromage.

La situation géographique est idéale et l'accueil sympathique et chaleureux.

Un Cinéma

cinéma/café, Utopia, 5 place Camille Jullian

 

Le lieu est vraiment d'une grande originalité et très chouette.

Il s'agit d'une ancienne église gothique. Dans le hall, des grandes voûtes. La partie café, en bois est chaleureuse, il reste encore quelques stalles pour patienter en attendant sa séance. Sur une table, couverte de tracts militants, des pétitions en pagaille affichent les opinions de l'équipe. La programmation, elle, est plus éclectique : films d'auteur, dessins animés, documentaires, débats... c'est un lieu  très vivant !

Un film...

Le client, de Asghar Farhadi avec Shahab Hosseini , Taraneh Alidoosti, Babah Karimi

Iran, drame, 2h03, 2016

 

Contraints de quitter leur appartement du centre de Téhéran en raison d'importants travaux menaçant l'immeuble, Emad et Rana emménagent dans un nouveau logement. Un événement en rapport avec l'ancien locataire va bouleverser la vie du jeune couple.

 

J'avais beaucoup aimé “une séparation” et “les enfants de Belle Ville”

J'avais beaucoup moins aimé “le passé” me demandant même, si nous ne nous étions pas trompés sur le compte d'Asghar Farhadi et si une fois de plus, les critiques ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez, extrapolant et fantasmant sur les propos des réalisateurs dès qu'ils paraissent un tant soit peu dissidents.

Après le passé, j'étais totalement perplexe. Le message était trouble, les adolescents occidentaux partiraient en vrille à cause de l'instabilité sentimentale et de l'inconstance de leur mère !?

L'analyse m'avait semblé bien légère d'un côté, et lourde de reproches de l'autre.

 

Avec le client, nous sommes loin de ces polémiques.

L'événement qui va survenir dans la vie de ce couple de Téhéran pourrait arriver à n'importe quel couple, de n'importe quel milieu et de n'importe quel pays.

Par contre, certains éléments, voire même certains détails, nous laissent penser que la manière de vivre les choses et les conséquences, varient selon les cultures.

C'est d'ailleurs ce qui fait tout l'intérêt du film. Sans cela, ça serait une banale histoire d'agression.

Beaucoup de points interrogent : la communication,  dans un couple qui a l'air plutôt moderne et très peu traditionnel, le rapport aux regards des autres, (voisins et amis), le rapport à la police, la notion d'humiliation comme vengeance...La place de la femme reste toujours le sujet qui me fait le plus frémir !

L' image de Téhéran est aussi bien intéressante. Une ville bétonnée, une ville en perpétuels travaux où se montent des pièces de théâtre d'auteur américain sérieux, mais où la contrainte de la censure peut amener des moments ridicules, comme jouer une scène dénudée en étant entièrement habillé !

Asghar Farhadi nous montre toute la difficulté de vivre entre le poids des traditions et le désir de modernité.

Un film à voir et qui pose le débat !

Deux librairies...
La Machine à lire, 8 place du Parlement

 

Cette librairie indépendante installée dans une salle voûtée propose un grand choix de lectures et des rencontres avec séances de dédicaces.

Le lieu est tout simplement magnifique, il ne faut vraiment pas manquer d'y aller !

Pour les achats, aucun problème, vous ne ressortirez pas les mains vides, vous trouverez: les dernières parutions, les meilleures ventes, la sélection des libraires, les livres moins récents remis à l'honneur avec une large sélection de poches......

“Les mots passant”, 167 rue Sainte-Catherine.

 

Si il est triste d'assister à la fermeture d'une librairie, et c'est le plus souvent, il est très émouvant dans voir une naître !

C'est le cas ici, lors de mon passage (20 décembre 2016) la librairie n'avait pas une semaine !  Tout n'était pas encore installé sur les étagères, mais on peut toujours trouver l'essentiel ou tomber sur un livre qui nous fait de l'œil.

De toute façon, il est des invitations qu'on ne refuse pas, quand une libraire vous invite à entrer prétextant qu'il fait trop froid pour rester planté devant la vitrine..... et bien on entre même si le froid était relatif !

L'endroit n'est pas très grand mais bien agencé. On se promène entre les livre sous le regard de Molière, Sartre, Prévert, et j'en oublie, dont les photographies sont joliment accrochées au-dessus des étagères.

Deux livres...

Petit pays, Gaël Faye, Grasset 2016

 

Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis.

Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son “petit pays”, le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmené par l'histoire.

 

Une bonne lecture. Voilà aussi un livre qui me conforte dans l'idée qu'il faut écouter son entourage et savoir se laisser aller sur des sentiers littéraires qu'au premier abord on ne voulait pas emprunter.

 

Cela faisait plusieurs semaines que je voyais ce roman dans toutes les librairies mais vraiment sans envie particulière de le lire. Et puis au détour d'une conversation, une copine m'en a dit deux, trois mots. Je suis alors passée du “pourquoi pas” à l'acheter,  mais surtout à la joie de ne pas être passée à côté de cette lecture. Le sujet ne me semblait pas inintéressant mais généralement je n'aime pas trop quand le narrateur est un enfant. Souvent je trouve que cela sonne faux. Au risque de faire hurler, je pense que si on laissait un enfant de 10 ans écrire l'histoire, elle ne serai pas bien intéressante !

Paradoxalement c'est finalement ce qui m'a plu dans “Petit pays”. Sûrement parce que face au conflit du Burundi, je me sens moi-même comme un enfant de 10 ans. L'organisation sociale, le système politique et les conflits ethniques de l'Afrique centrale me dépassent complètement.

Comme Gabriel, notre petit narrateur, je ne comprends pas bien ce qui anime la haine entre Hutus et Tutsis. Nous avons la même naïveté que lui :

 -Croire que notre système démocratique peut être exporté partout dans le monde en oubliant que “le monde” a aussi une histoire en dehors de nous.

-Oublier aussi que les frontières des pays d'Afrique ont été tracées par les Occidentaux sans prendre en compte les questions ethniques et tribales, pourtant essentielles.

Les conséquences sont violentes et c'est ce que va vivre Gabriel qui nous en fait prendre conscience. Il va assister sous nos yeux aux premières élections démocratiques, à son premier coup d'État militaire, à un massacre terrible et à toutes les horreurs qui en découlent.

Une fin d'enfance qui ne laisse pas indifférent, un beau roman à côté duquel il ne faut pas passer !

Tropique de la violence, de Natacha Appanah, Gallimard, 2016

 

Tropique de la violence est une plongée dans l'enfer d'une jeunesse livrée à elle-même sur l'île française de Mayotte dans l'Océan Indien.

Dans ce paysage sauvage et au bord du chaos, cinq destins vont se croiser et nous révéler la violence de leur quartier.

J'ai abordé ce livre avec plein d'aprioris positifs.

J'aime les histoires de destins croisés.

Marie qui s'installe à Mayotte par amour. On découvre avec elle la terrible réalité de cette région... on serait presque tenté de dire “pays” tant les conditions de vie à Mayotte ne ressemblent en rien à ce qu'on voit dans l'Hexagone.

Moïse et Bruce, deux adolescents, élevés chacun d'un côté de la barrière sociale mais confrontés à la violence poussée à son paroxysme, bourreau ou victime….. peut-être même les deux !

Stéphane membre d'une association et Olivier, policier, tous deux spectateurs impuissants du chaos.

 

Ce roman est atroce : violence, misère, crasse.

Les migrants des îles alentours sont prêts à tout pour atteindre ce qui pour nous paraît être un véritable enfer.

Mais voilà, malgré tout, cela reste un moyen d'avoir des papiers français et c'est synonyme d'un espoir d'une vie moins miséreuse ?!

Des centaines d'enfants vivent sans parent, regroupés en véritables bandes dans des bidonvilles où règne la loi du plus fort. Leur territoire, ils l'ont appelé Gaza, c'est dire!!

Contrairement aux migrants, Bruce chef de bande et pur Mahorais, ne considère pas Mayotte comme la France. Pour lui les Français n'accepteraient pas tant de misère et de chaos.

 

Malgré tout ce qu'il avait pour me plaire, et bien ce livre ne m'a pas plu ! Ce n'est pas l'histoire, ce n'est pas le propos. Je pense que c'est surtout le style. J'ai bien conscience que le style abrupt utilisé par l'auteur sert le propos et illustre parfaitement bien la violence décrite tout au long des pages. Mais cela m'a gêné, du coup je n'ai pas totalement réussi à m'attacher aux personnages.

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