top of page

Parcours Butte aux Cailles (75013 Paris)

22 décembre 2018

Petit quartier historique du 13e arrondissement qui a réussi à conserver une âme de village.

Colline recouverte de prairies, de bois, qui accueille plusieurs moulins à vent, elle est achetée en 1543 par Pierre Caille.

La Butte aux Cailles suit le cours de l'histoire, se rapprochant de plus en plus des nouveaux tracés de Paris, jusqu'à lui appartenir en 1860.

Le quartier a gardé son caractère historique car épargné par les grands travaux du Second Empire.

La balade est charmante, petites maisons, ruelles pavées, placettes entourées de bistrots à la parisienne...

Attention, on est tout de même pas dans le quartier ouvrier du 19e siècle où teinturiers, tanneurs, blanchisseurs et même bouchers utilisaient l'eau de la Bièvre.

Au début du 20e siècle, la Bièvre est couverte et aujourd'hui la Butte-aux-Cailles a plutôt le visage d'un quartier “alternativo-bobo”, joliment investi par le street art.

II faut flâner et repasser plusieurs fois dans les mêmes rues pour tout voir : la piscine Art-Deco, la place Paul-Verlaine avec sa fontaine d'eau artésienne, la place de la Commune-de-Paris, la rue des Cinq-diamants, la rue Daviel...

On regrette qu'une librairie ne soit pas installée sur la butte. Celle proposée dans ce parcours est à 9 minutes à pied de la place de la Commune-de-Paris, de l'autre côté du boulevard Blanqui.

Pour se restaurer...

cerise.jpg

Le Temps des Cerises,

18-20 rue de la Butte-aux-Cailles, 75013 Paris

Un lieu atypique mais également mythique dans le quartier.

Le Temps des Cerises ouvre ici pour la première fois en 1976. C'est une Société Coopérative Ouvrière de Production avec une cuisine simple et familiale.

La déco est...joliment orientée, tout tourne plus ou moins autour de la commune et de ses idées libératrices.

Le lieu est sympa mais à éviter pour les conversations intimes car on est un peu au coude à coude.

Le service est à la fois convivial et cavalier, on ne s'embarrasse pas trop de politesses (celles-ci étant trop bourgeoises ?).

En tous les cas, ne manquez pas l'affichette qui, à l'entrée, vous prévient : “Éteignez vos portables, bordel !” Mieux vaut le savoir !

Plat du jour, 12,50 €, des desserts entre 6 et 7,50 €.

Une librairie...

oiseau.jpg

Les oiseaux rares,

1 rue vulpian, 75013 Paris

Assez petite mais d'un charme incontestable. Cette agréable librairie de quartier est aménagée et décorée avec beaucoup de goût.

Deux grandes tables présentent les romans dernièrement parus. On trouve également des bandes dessinées, un espace littérature de jeunesse et un petit rayon poésie.

La librairie fait l'angle de deux rues ce qui lui permet de multiplier les vitrines, bien agencées et de bénéficier de beaucoup de lumière.

Deux livres...

P1000684.JPG

Camarade Papa

de Gauz, le Nouvel Attila, 2018

 

“1880. Un jeune homme, Dabilly fuit la France et une carrière toute tracée à l'usine pour tenter l'aventure coloniale en Afrique.

Un siècle plus tard, à Amsterdam, un gamin d'origine africaine raconte le monde postcolonial avec le vocabulaire de ses parents communistes.”

 

La quatrième de couverture nous promet "un regard croisé : Celui du blanc sur l'Afrique et celui du noir sur l'Europe, avec comme trame, une histoire de la colonisation sous un angle inédit…"

 

Quelle déception ! Malgré quelques excellents passages, l'écriture est le plus souvent inutilement compliquée et, plus gênant encore, la narration terriblement fouillie.

L'histoire de Dabilly était pourtant prometteuse. On a envie de bien saisir le regard de ce jeune homme blanc, de la fin du 19e siècle, sur un pays dont il ne connait rien. Sa découverte de l'actuelle Côte d'Ivoire, au terme d'un terrible voyage et ses multiples péripéties devraient littéralement nous emballer.

Malheureusement, assez rapidement, on perd le fil de la narration, on ne sait plus qui est qui et qui fait quoi. L'auteur joue avec les mots, mais la profusion des noms propres de personnages et de lieux participe à la confusion.

Au final, on se raccroche aux chapitres qui mettent en scène le jeune garçon qui nous décrit le monde d'aujourd'hui avec son regard d'enfant et les mots de l'idéologie communiste de ses parents.

Le fil de l'histoire n'est pas plus clair mais le texte est à la fois drôle et attendrissant. Les prostituées du quartier rouge d'Amsterdam sont des “vendeuses de bisous”, l'école est le “haut lieu de la lutte de classe”, "Moi je sais juste que les plus petits doivent toujours se battre pour arracher au plus grand leurs privilèges de classe. Marko le jaloux est le plus grand de la classe populaire”. Lorsqu'on lui demande quelle est la capitale de la France il clame “la Commune de Paris”. Les découvertes de cet enfant sont racontées avec beaucoup d'humour.

Tout d'abord, Paris, où il s'étonne de l'absence des barricades puis l'Afrique, "pour l'enfer colonial, Camarade papa a raison et demi : aucun diable, juste la chaleur.”

 

Cependant, ces petits moments agréables ne suffisent pas. On lutte pour que l'ouvrage ne nous tombe pas des mains avec le sentiment de passer à côté d'un très bon livre.

P1000685.JPG

Le dernier bain

de Gwenaëlle Robert, Robert Laffont, 2018

 

 

“Paris an II. La France vibre sous le souffle de la Terreur. On assiste aux destins croisés de ceux qui tournent autour du logis de la rue des Cordeliers où Marat, cloîtré, immergé dans des bains de soufre traque les suspects hostiles aux idées de la République. Il ignore que certains d'entre eux souhaitent sa mort et qu'il ne lui reste plus que 3 jours à vivre.”

 

Le romanesque est au rendez-vous. On peut même dire qu'en ce domaine le dernier bain est un chouette roman. On nous dit que l'auteur, à propos de Marat, ”gratte le vernis de la peinture pour révéler la réalité du monstre”.

De son côté, si le lecteur gratte le vernis des mots, il peut se demander si un royaliste aurait mieux fait !

 

Certes, on peut admettre que la Révolution française n'a pas été menée par une bande d'angelots, aucune grande figure n'est ni parfaite, ni infaillible. Oui, la révolution à charrié son lot d'horreurs, d'exactions, de délations….

Mais ici, aucun aspect de la révolution ne semble trouver grâce aux yeux de l'auteur. Cela interroge sérieusement !

Marat est réduit à un monstre sanguinaire, oubliant que les attaques contre la jeune République étaient réelles.

On s'apitoie sur Marie-Antoinette, pauvre femme qui n'a plus que deux robes et à qui on a enlevé son fils. Certes, individuellement et humainement, c'est terrible mais il me semble difficile d'avoir de l'empathie pour cette reine qui est entièrement responsable des haines et des rancunes qu'elle a accumulées contre elle.

 

Si on met le fond de côté, le livre est très agréable du point de vue de la construction et de l'enchaînement des péripéties.

Chaque personnage que l'on suit, permet de se faire une image de la vie parisienne, quatre ans après la prise de la Bastille.

Apothéose, ils vont tous se croiser à un moment sans le savoir car sans se connaître, cet aspect étant le privilège du lecteur.

Jane, une jeune Anglaise nous évoque indirectement les exilés, Théodose, moine qui a renié sa foi est l'occasion de faire un état des lieux de la religion, son père, perruquier, a de moins en moins de travail puisqu'il y a moins de noble, Marthe, la lingère de Marie-Antoinette nous permet d'entrer au temple où est emprisonné cette dernière, et bien sûr Charlotte Corday tout juste arrivée de Normandie...

 

“Le dernier bain” est un roman agréable si on prend garde de mettre de la distance avec des propos sous-jacents qui me paraissent bien contestables.

Un cinéma...

escurial.jpg

L'Escurial,

11 boulevard du Port-Royal, 75013 Paris

 

À 15 minutes à pied de la Butte-aux-Cailles. Inauguré en 1911, ce cinéma indépendant d'art et essai est l'un des plus anciens de Paris. L'Escurial est un cinéma très sympathique avec une programmation intéressante.

Un film...

famille.jpg

Une histoire de famille

de Hiroknazu Kore-Eda, 2h01, drame, Japon

 

Au retour d'une nouvelle expédition de vol à l'étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même.

D'abord réticente à l'idée d'abriter l'enfant pour la nuit, la femme d'Osamu accepte de s'occuper d'elle lorsqu'elle comprend que ses parents la maltraitent.

En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux jusqu'à ce qu'un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets.

Il me semble que jusqu'à un temps récent le cinéma japonais exporté en France, était toujours construit sur le même modèle : très lent, lisse, empreint des grandes valeurs des samouraïs....

Peut-être n'est-ce qu'une impression mais avec Kore-Eda on entre dans une ère du film social.

Le Japon n'a pas pour habitude de mettre en lumière ce qui pourrait apparaître comme des dysfonctionnements de sa société. Pour preuve le gouvernement japonais actuel a passé sous silence la Palme d'or que le film a reçue à Cannes en mai dernier.

Il faut dire que dans “Une affaire de famille” le cinéaste s'attaque à de multiples problèmes. Chaque personnage incarne une question sociale: le logement, l'emploi, la protection sociale, la pauvreté, la maltraitance...

Il est difficile de parler de ce film sans en dévoiler le secret. Pourtant il faut bien s'en garder car c'est ce qui fait l'intérêt du propos.

Cette famille qui s'est choisie, est liée par une histoire peu banale qui surpasse les liens du sang. Elle est tour à tour drôle, attendrissante, déjantée, cruelle.

Une affaire de famille est un bon film, à la fois sensible et plein d'humour.

Bien sûr on ne peut pas nier certaines longueurs, des scènes dont la redondance ne sert que très peu le propos et quelques plans fixes sans grande utilité !

Les 2h01 ne sont pas nécessaires pour s'attacher à cette drôle de tribu et pour cerner globalement la problématique sociale à laquelle s'attaque Kore-Eda.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

bottom of page