top of page

Cette semaine : parcours dans le quartier

"chevaleret" ( XIII ème)

9 octobre 2017

Ce lieu n'est vraiment pas mon préféré, si on considère l'ensemble du 13 ème arrondissement.

Cet îlot est assez froid, impression renforcée le week-end, lorsque les étudiants désertent cette grande esplanade ventée au pied de la Bibliothèque Nationale de France. Inaugurée en 1995, c'est la plus grande bibliothèque de France et l'une des plus importante au monde. Elle se compose de quatre tours en forme de livre ouvert. Le lieu se visite et propose trois grandes expositions thématiques par an. (www.bnf.fr)

Toutefois, la complète transformation du quartier a le mérite d'avoir fait naître habitations et lieux de sortie dans un endroit où il n'y avait rien.

Pour se restaurer...

Ancre 1

Sur l'avenue de France , de nombreuses brasseries proposent de se restaurer.

Elles se valent toutes, ce n'est pas donné pour ce qu'on y mange,  mais leur grand avantage réside dans les grandes terrasses où on peu s'attabler.

Une librairie...

Librairie Royaume, 43 rue de Tolbiac

 

Petite librairie à taille humaine, il est un peu difficile de s'y mouvoir mais l'atmosphère est bien sympathique et beaucoup d'ouvrages sont mis à l'honneur. La table centrale est couverte de livres de telle sorte que l'on voit la couverture. Certains bénéficient de quelques mots pour nous tenter.

Je vais le rappeler ici : Depuis 1981, le prix du livre, en France, est réglementé, il est le même partout : en librairie du centre-ville, en supermarché, ou sur le Net ! Alors pour que nos centres-villes, tous nos centres-villes restent charmants (comme nous aimons souvent les trouver, sur nos lieux de vacances), il faut fréquenter les librairies indépendantes !

Deux livres...

Gabriële de Anne et Claire Berest, Stock, 2017

 

Septembre 1908. Gabriële Buffet, femme de 27 ans, indépendante, musicienne, féministe avant l'heure, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès et à la réputation sulfureuse.

Il avait besoin d'un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser...

 

Un très bon livre pour ceux qui s'intéressent à la peinture du début du 19e siècle et plus généralement à la rupture dans l'art.

C'est vrai qu'il n'y a pas que ça, dans ce livre, mais tout de même, je doute qu'on puisse y trouver son compte, si on n'a pas quelqu'intérêt pour la naissance et la théorisation du Cubisme puis du Dadaïsme.

Avec Gabriële, il y a bien sur, le féminisme, elle fera une école de musique, à une époque où les femmes sont peu représentées, choisira la composition et sera la seule.

À long terme, son “féminisme” sera tout de même assez ambigu puisque,  si elle est celle qui dynamise les hommes qui l'entourent dans leur art, si elle est celle qui théorise, elle finira toujours par s'effacer devant les artistes, notamment devant son mari Picabia qu'elle aura, sa vie durant, porté à bout de bras.

Picabia, on connait son œuvre, mais il m'aura fallu attendre 2017 et ses arrières petites-filles pour entendre parler de Gabriële.

J'ai été complètement happée par ce livre.

Gabriële a eu une vie quasi romanesque et très atypique pour son milieu et son époque.

Il me semble qu'une phrase des auteures résume assez bien le personnage : “Gabriële sait qu'il faut accepter toutes ces épreuves, pour le goût de l'art.” Même ses enfants seront une épreuve, car il est encore loin le temps où on pourra choisir la maternité.

On peut parfois reprocher aux livres de se perdre dans les détails, certains noms inconnus retournent à l'oubli aussi vite qu'on les a lus.

Mais j'ai passé un tel bon moment, dans ce monde artistique du début 1900, que cela ne m'a pas gâté la lecture. La découverte de Marcel Duchamp dans sa jeunesse et la personnalité de Guillaume Apollinaire m'ont conquise. Les descriptions des voyages dans les bolides de Picabia, à travers la France ou en paquebot, vers New York,  m'ont fait moi-même voyager dans le temps.

Anne et Claire Berest ont tenté une expérience d'écriture en écrivant ce livre “à quatre mains”, c'est une belle réussite.

Mercy, Mary, Patty de Lola Lafon, Actes Sud, 2017

 

En février 1974, Patricia Hearts, petite fille du célèbre magnat de la presse William Hearst, est enlevée contre rançon,  par un groupuscule révolutionnaire dont elle ne tarde pas a épouser la cause, à la stupéfaction générale de l'establishment qui s'empresse de conclure au lavage de cerveau.

 

Un bon livre, un livre qui fait réfléchir.

Si tout tourne autour de Patricia Hearst, le personnage central de ce roman est à mon sens Gene Neveva, professeure d'université, chargée par l'avocat de Patricia de rédiger un rapport visant à démonter que l'accusée est en fait une victime manipulée.

Gene Neveva et une forte personnalité qui n'aime pas les raisonnements simplistes. En poussant dans leurs retranchements ses étudiantes et collaboratrices, elle fait naître des interrogations qui marquent leur vie.

À travers ce roman, Lola Lafon dresse un portrait sans concession de l'Amérique des années 1970, les inégalités, le pouvoir de l'argent...

À travers toutes ces figures féminines, l'auteure nous amène à nous interroger sur la notion de captivité. De quoi sommes-nous prisonniers ? De notre milieu social ou de ce que nous devenons, si nous désertons la route qu'on avait choisie pour nous.

La question est vaste, passionnante, et sans réponse toute faite.

Lors de son procès, Patricia Hearst est accusée de hold-up mais l'accusation sous-jacente n'est-elle pas plutôt celle d'avoir trahi sa classe sociale ?

Ce livre est bien écrit mais le style, un peu déroutant, demande un peu de concentration. L'emploi systématique du “vous” fait que parfois, on ne sait plus qui parle et à qui le texte s'adresse.

Un théâtre...

Théâtre 13 /Seine, 30 rue du Chevaleret

Théâtre municipal,  moderne,  de 224 places, programmant des spectacles de jeunes compagnies. Créé en 1981, l'objectif du Théâtre 13 est de faire découvrir et de suivre de nouveaux talents, qu'ils soient metteurs en scène, comédiens, ou auteurs.

Pour chaque spectacle, un dimanche après la représentation, le théâtre organise une rencontre entre l'équipe artistique et le public.

Le lieu est très agréable, de beaux volumes pour le hall et un espace bar plus chaleureux.

Attention le Théâtre 13 compte deux sites et donc deux adresses, il ne faut pas se tromper.

Dans ce parcours il s'agit du Théâtre 13/Seine, le Théâtre 13/jardin (avenue Auguste-Blanqui) fera l'objet d'un autre parcours.

Une pièce...

Opération Romeo, Tchécoslovaquie 1984

de Wiliam Klimacek et Éric Cenat, avec Jacques Bondoux, Jaromir Janecek, Thomas Silberstein, Claire Vidoni et Marc Wyseur

 

 

Michael, ancien directeur “des films tchécoslovaque” à été déclassé et travaille désormais aux archives. En ce jour, il fête l'anniversaire de sa femme, Alena, en compagnie de leur fils Viktor, étudiant en médecine. Derrière la légèreté de la fête, se cache la menace permanente de la Sécurité d'État.

 

Un bon sujet, traité beaucoup trop maladroitement à mon goût. On y trouve tous les aspects de la vie à l'est du mur, tout le monde espionne tout le monde, on n'est pas libre de ses faits et gestes, ni même de ses paroles.

Les tensions et manipulations orchestrées par la Sécurité d'État sont très bien rendues, notamment grâce à une bonne mise en scène.

Les pressions exercées, entre autre, sur les écrivains dissidents, sont évoquées avec justesse. Aucun membre de la famille n'est épargné, aucune vie ne peut être paisible hors du cadre.

Malheureusement, la pièce est décevante. Le début est joué comme du théâtre de boulevard. Pour nous faire passer de la légèreté d'une fête de famille, à des moments plus graves où chacun se dévoile et tombe le masque, les acteurs surjouent. Du coup on accroche à l'histoire, mais pas à ses personnages qui peinent à nous émouvoir.

C'est toute la subtilité du théâtre, que de raconter ce qui s'est passé sans en avoir l'air.

Un film nous aurait dévoilé le passé de cette famille par flashback. Sur scène, cela ressemble à de longues récitations qui hachent le jeu des acteurs et atténuent les émotions.

Cette pièce est tout de même à voir pour encourager ce type d'expérience qui associe des artistes slovaques, tchèques et français.

Un cinéma...

MK2 Bibliothèque, 128-162, avenue de France

C'est un multiplexe, mais il bénéficie de l'étiquette “MK2” et donc, d'une programmation intéressante et variée.

Deux films...

Le Caire Confidentiel de Tarik Saleh avec Farès Fares, Hania Amar, Mari Malek, Yasser Ali Maher, 1h51, policier, Suède.

 

Le Caire janvier 2011, quelques jours avant le début des grandes manifestations de la place Tahrir.

Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d'un des grands hôtels de la ville. Noureddine, inspecteur revêche chargé de l'enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak.

 

Très bon film ! l'aspect polar est bien ficelé malgré quelques longueurs.

Au fond, c'est beaucoup plus un film politique et l'enquête sert à mettre en avant les mécanismes de la corruption. La société égyptienne est décrite avec une certaine noirceur et l'on voit difficilement, il est vrai, une issue possible pour un pays dont la police et la classe politique sont corrompues à tous les niveaux.

Le vendeur de contrefaçons paie le simple policier pour s'installer au coin d'une rue, les membres de la Police se soudoient entre eux pour intervenir hors de leur zone d'action, le grand industriel paye le chef de la police pour ne pas être mise en cause dans une histoire de meurtre.....C'est la loi du plus fort, et le plus fort, c'est celui qui détient l'argent et les armes. C'est ce monde désolé que nous décrit Tarik Saleh.

Ce film laisse entrevoir peu d'espoir de changement pour l'avenir. Une seule phrase à la fin du film entrouvre vaguement une porte.

 

Le Caire Confidentiel n'est pas très réjouissant mais c'est un film bien réussi.

Wind River de Taylor Sheridan avec Jérémy Renner, Elizabeth Olsen, Graham Greene, 1h47, thriller, USA.

 

Cory Lambert est pisteur et chasseur professionnel dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l'immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu'il découvre le corps d'une femme assasinée en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue, élucider ce meurtre.

Fortement lié à la communauté amérindienne, Cory Lambert va l'aider a mener cette enquête, dans ce milieu hostile.

L'intérêt principal de ce film réside dans l'endroit où l'action se déroule.

La nature, certes avec ses grands, magnifiques mais hostiles paysages.

Mais surtout la communauté amérindienne dont il s'agit. Dans wind River, on se prend de plein fouet les conséquences du sort qui a été réservé aux Indiens. Malgré l'immensité du territoire, ils ont été relégués sur les terres les plus hostiles. Victime de l'isolement, cette communauté est ravagée par la précarité, l'alcool, la drogue, et la violence qui forcément en découle. Tout cet aspect du film est vraiment très intéressant et même poignant.

L'aspect thriller est plutôt bien mené, puisqu'il y a , comme il se doit, du suspense et une réelle tension.

Cela dit, ce film souffre des défauts de la plupart des films américains . À force de trop vouloir tirer sur la corde sensible, il en font de trop et cela finit par plus (m')agacer que (m') émouvoir. De même que je trouve grotesque les scènes où les protagonistes, à moins de 1 mètres les uns des autres, tirent 50 balles avant de se toucher, juste pour le plaisir de nous faire entendre une longue série de “pan, pan” !

Le dénouement final est, en outre, discutable, au 21 ème siècle, comme à l'époque du Far-west, il semble admis de faire justice soi-même.

Wind River est au final un film intéressant qui se laisse voir mais qui à mon sens n'est pas totalement réussi.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

bottom of page