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Anatomie d'une chute

Justine Triet

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avec Sandra Hüler, Swan Arlaud, Milo Machado Graner, Policier, Drame, France, 2023, 2h32.

Palme d'Or Festival de Cannes 2023


« Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de onze ans, Daniel vivent depuis un an loin de tout à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide. »


Il semblerait que, cette année, le jury du Festival de Cannes ait choisi de récompenser un film à la réalisation impeccable. L’ensemble est très bien maîtrisé et si c'est très intéressant quant au propos, ce n'est pas particulièrement bouleversant ! Anatomie d'une chute aurait pu s'appeler « Dissection d'un couple ».

Pour déterminer les circonstances de la mort de Samuel, la justice doit chercher des raisons potentielles. La personnalité des protagonistes ainsi que leur relation de couple sont donc analysés en détail pour entrevoir des raisons à un possible suicide ou à un meurtre.

Le fils, malvoyant, témoin de la vie quotidienne du couple ne peut livrer que ses sensations et sentiments.

S'ajoute à cette problématique qu'après avoir perdu son père, il risque de perdre sa mère si elle est inculpée…

La charge est lourde pour un enfant de onze ans, très dépendant du fait de sa cécité.


Le procès de Sandra, très bien filmé et mené habilement, suscite interrogations, suspense et met en lumière la notion de « point de vue. »

Le voile est levé sur les rancœurs qui pèsent lourd sur le couple et a écorné leur amour.


Si au premier abord, Samuel semble souffrir de la place que prend sa femme, celle-ci est persuadée que c'est pour lui une excuse pour ne pas prendre de risques. Sandra est écrivaine et l'organisation familiale tourne autour d'elle. Samuel voudrait écrire mais manque de temps pour lui, ce que sa femme pense être une excuse pour ne pas se lancer dans l'aventure. Le spectateur ne peut prendre parti. Il ne peut y avoir de vérité dans ce qui est de l'ordre du ressenti.


Par contre, en assistant au procès de sa mère, Daniel découvre une réalité qu’il ne soupçonnait pas. Des pans de vie de ses parents sont révélés et dans ce domaine, la justice ne supporte pas  les approximations.

Chaque événement passé sous silence est rapidement néfaste pour l'accusée. Dans un de ses livres, Sandra a utilisé des pages écrites par son mari avec son accord. À la question « combien de pages ?» Celle-ci répond une vingtaine. Le procureur  bondit en rétorquant « 27 pages exactement », soulignant ainsi que Sandra a tendance à minimiser tout ce qui pourrait être en sa défaveur et que c'est une dissimulatrice.


Anatomie d'une chute est un film réussi dans l'analyse de la complexité humaine et des interactions ou confrontations de celle-ci au sein du couple.

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