La chambre de Mariana
Emmanuel Finkiel
2

avec Mélanie Thierry, Artem Kyriyk, Julia Goldberg
drame, historique, 2025, 2h11
« 1943, Ukraine, Hugo a 12 ans. Pour le sauver de la déportation, sa mère le confie à son amie d'enfance Mariana, une prostituée qui vit dans une maison close à la sortie de la ville. Caché dans le placard de la chambre de Mariana, toute son existence est suspendue aux bruits qui l'entourent et aux scènes qu'il devine à travers la cloison… »
Bien qu'un peu trop long, La chambre de Mariana est un film fort, bouleversant et percutant. Si Hugo perçoit le danger de la période, il préférerait rester avec sa mère plutôt que d'être confié à une inconnue dont l'attitude et les conditions de vie sont tout sauf rassurantes pour un enfant.
Le point de vue du film se place entièrement à la hauteur de cet enfant. Caché dans un placard, il n'a de l'extérieur qu’une vision tronquée par un interstice entre deux planches.
Pour ce qui est de la chambre de Mariana, lorsqu'elle n'est pas seule, il n'a que le son de ce qui s‘y déroule. Situation des plus angoissante pour un enfant qui ne peut qu'imaginer le pire, n'ayant pas les codes, ni des adultes ni du milieu dans lequel il est projeté par le drame de la guerre.
Obligé à l'inaction dans son réduit, Hugo convoque les images de son passé. C'est donc par flashback que le spectateur recolle les morceaux de l'histoire de l'enfant : l'arrestation de son père, pharmacien juif, les rafles dans la rue…
Ses premiers contacts avec Mariana sont difficiles. Hugo est d'abord sur le qui-vive face à cette jeune femme qui semble toujours au bord du précipice, très troublée émotionnellement.
En souffrance de sa condition de prostituée, Mariana subit la violence sexuelle de l'occupant et souffre, comme l'ensemble de la population, de la faim et du froid.
Hugo doit se cacher des soldats allemands, clients de Mariana mais aussi des collègues de cette dernière, de la cuisinière, du concierge et de Madame, la propriétaire de la maison close. C'est peine perdue et il va sans dire que tous ne sont pas enclins à cacher un juif.
Les liens entre tout ce petit monde vont évoluer au rythme de la guerre. Hugo en découvre les horreurs brutalement.
L'arrivée des Russes ne sonnera pas la fin du drame pour Hugo et Mariana qui ont tissé des liens comme seuls, ceux grandes périodes de troubles peuvent faire naître.
La fin du film, aussi forte soit-elle, reste trop étirée en longueur. Il nous semble même que le film aurait gagné en intensité si, dans son dernier quart, il était allé plus droit au but.
Cela dit, avec des acteurs très convaincants, ce film est très poignant !