Deux procureurs
Sergeï Loznita
2
avec Aleksandr Kuznetsov, Aleksandr Filippenko
Drame historique 1h58 2025
« Union soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus, accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison.
Contre toute attente, l'une d'elles arrive à destination sur le bureau du procureur local fraîchement nommé, Alexander Kornev. Il se démène pour pouvoir rencontrer le prisonnier victime d'agents de la police secrète le NKVD. Bolchevik chevronné et intègre, le jeune procureur croit à un dysfonctionnement... »
Ceux qui ne s'intéressent pas à l'histoire de l'ère soviétique fuiront ce film. Il en sera de même pour ceux qui préfèrent les films bavards, ceux qui privilégient l'action, ceux qui veulent du concret et pas des symboles… la liste est un peu longue de ceux qui éviteront ou devraient éviter ce long métrage.
Et pourtant, malgré les longueurs (quel film n'en a pas aujourd'hui ?) nous avons plutôt apprécié. L'ambiance est pesante, mais peut-il en être autrement, quand on évoque les purges staliniennes ?
Le propos se situe à un moment charnière, celui du passage d'un régime autoritaire à une dictature. Nos deux procureurs ne sont pas des dissidents mais des bolcheviks convaincus. Le premier, de la vieille garde, combattant des Russes blancs est en 1937, emprisonné et persuadé que Staline n'est pas au courant des exactions du NKVD. Le second, plus jeune, va apprendre à ses dépends que rien ne se fait sans l'accord (voire les ordres) des instances beaucoup plus hautes que sa simple localité provinciale.
Plus qu'une histoire Deux procureurs est une démonstration, celle d'un engrenage implacable dans lequel un individu n'est rien et ne peut rien. Beaucoup de passages illustrent un esprit digne de kafka. Les déplacements dans l'atroce prison en sont un exemple tout autant que ceux pour atteindre le bureau du procureur général à Moscou. Les lieux choisis, les plans serrés, l'image carrée, participent au sentiment d'oppression que ressent immanquablement le spectateur.
Même si sa forme peut rebuter, Deux procureurs est un film qui fait un important travail de mémoire.

