La femme la plus riche du monde
Thierry Klifa
3
avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Marina Foïs.
comédie dramatique, 2 ans 03, 2025
« La femme la plus riche du monde : sa beauté, son intelligence, son pouvoir.
Un écrivain photographe : son ambition, son insolence, sa folie.
Le coup de foudre qui les emporte. Une héritière méfiante qui se bat pour être aimée. Un majordome aux aguets qui en sait plus qu'il ne le dit. Des secrets de famille… »
Isabelle Huppert et Laurent Lafitte sont excellents. La première dans le rôle de la femme riche, déconnectée de la réalité, froide avec ceux qu'elle estime trop peu ambitieux mais dont la vie, malgré les facilités, semble bien monotone et dénuée de fantaisie.
Le second, dans le rôle de l'insolent et grossier pique-assiette mais si vivant qu'on comprend que Marianne s'attache à lui.
La rencontre entre ces deux personnages si différents, est le noeud à la fois de la comédie et du drame.
Pierre-Alain entre dans la vie de Marianne grâce à un numéro de charme enjôleur. Une fois sa place assurée auprès de la femme d'affaires, il n'hésite pas à bousculer la famille, remuant les secrets du passé trouble de certains de ses membres.
Marianne semble tout céder à ce trublion, lui donnant des sommes folles, lui en promettant encore plus. Mais elle est une femme forte et intelligente. Le spectateur n'a jamais l'impression qu'elle serait une victime ou tout du moins elle est une « victime » consentante !
Il faut dire que l'original artiste apporte du fun dans une vie austère.
À son contact, Marianne oublie ses maux physiques, rit, se laisse emporter par des folies qui ne sont pas de son rang. Entre les deux personnages, se noue une relation qu'on peut tour à tour trouver attendrissante ou malsaine.
Rien n'est désintéressé entre eux.
La fille de Marianne est spectatrice de ce drôle de couple. Dans ce domaine, le spectateur est également partagé. Sa désapprobation est-elle pour le bien de sa mère qu'elle voudrait protéger ou de la jalousie, elle qui n'obtient de sa mère qu’une froideur glaciale ?
Une autre figure est témoin de l'évolution de la situation qui s'achemine vers le drame. Le majordome dont le rôle va passer de spectateur à acteur. Là aussi le cinéaste distille habilement quelques ambiguïtés…
Au premier abord, on a que faire des problèmes existentiels de cette femme dont la richesse dépasse l'entendement mais on se laisse emporter par ce film. Les personnages sont développés tout en laissant toujours une part de mystère.
Les joutes verbales sont délicieuses et certaines scènes sont irrésistibles. Marianne manipule l'argent avec une telle désinvolture qu'on pourrait avoir envie d'en pleurer mais Isabelle Huppert campe si bien le personnage que finalement, on en rit !

