Reine mère
Manel Labidi
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avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Damien Bonnard, Rim Montfort
Drame, 2025, 1h33
« Amel est un personnage haut en couleur. Elle a du tempérament, de l'ambition pour ses deux filles, une haute estime d'elle-même et forme avec Amor un couple passionné et explosif. Malgré les difficultés financières, elle compte bien ne pas quitter les beaux quartiers. »
Ce film est à la fois touchant et plein d'humour. Reine mère est une chronique sociale dont on regrette qu'elle multiplie les thèmes, pour ne finalement aller au terme que d'un seul.
Camélia Jordana joue très bien cette mère originaire de Tunisie qui se sent déclassée.
Sans diplôme, elle ne peut prétendre à autre chose que de faire des ménages et comme elle le serine à son entourage exaspéré, " chez elle c'est sa mère qui employait des femmes de ménage ! "
En passe de perdre son appartement, Amel refuse de quitter Versailles, ville bien au-dessus des moyens de la famille.
Elle ne veut pas travailler et désire plus que tout que ses filles restent dans leur école privée.
Cette mère est à la fois touchante, agaçante et drôle.
Elle semble souvent prendre beaucoup de place dans la vie de sa fille aînée Mouna contrairement au père accaparé par plusieurs boulots pour faire vivre le foyer.
La jeune actrice qui interprète Mouna est exceptionnelle de justesse et de sensibilité. Traumatisée par une phrase lors d'une leçon d'histoire, elle s'imagine poursuivie par Charles Martel. « Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers en 732. » Cette phrase sera décortiquée par les amis d'Amel de façon très drôle : Quels arabes ? les Algériens, les tunisiens ou les Marocains ? et où est Poitiers ?
Damien Bonnard est un remarquable Charles Martel, qui va passer d’ennemi imaginaire à ami imaginaire.
Reine mère nous donne alors à voir l'impact du racisme sur une enfant isolée (elle est la seule arabe de sa classe) mais également les effets pervers des raccourcis de faits historiques pour servir le roman national à différentes époques.
En la matière, Reine-mère nous donnera à cette occasion une intéressante leçon d'histoire.
La présence de Charles Martel aux côtés de Mouna est une idée bien originale qui donne lieu à des scènes cocasses et émouvantes.
Seul cet aspect de l'intrigue trouvera une conclusion.
Pour le reste, le spectateur restera sur sa faim.
L'avenir de la famille, il nous faudra l'inventer nous-mêmes ce que nous avons quelque peu regretté.
Reine mère est un film inégal qui ne tient pas ses promesses jusqu'au bout. Malgré tout, il reste un bon moment de cinéma qui pose une problématique de poids.