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Cette semaine : parcours autour

de la place du colonel Fabien

À cheval entre le 10e et 19e arrondissement, elle s'appelait place du combat avant 1945, en référence à des combats d'animaux qui s'y déroulaient au début du 19e siècle. Elle a été rebaptisée, après la Seconde Guerre mondiale, en mémoire du Colonel Fabien, militant communiste et résistant français.

Une expo...

Musée de La Poste “hors-les-murs”. Espace Oscar-Niemeyer, 2 place du Colonel-Fabien 75010 Paris

Le lieu : une façade entièrement vitrée qui symbolise un drapeau flottant au vent. À l'intérieur, le béton brut et le bois de coffrage dominent. Cet ouvrage, aux espace impressionnants et résolument moderne, achevé en 1971, est le siège historique du Parti communiste français mais accueille aussi de nombreux événements grands publics.

 

L'expo : Rancillac, rétrospective. Du 21 février au 7 juin 2017. Entrée gratuite

Une chouette expo qui mêle art et histoire.

Bernard Rancillac est un artiste plasticien, peintre et sculpteur français, né le 29 août 1931 à Paris.

Dans le climat politique internationale tendu des années 1960, il s'engage dans une réflexion sur la société de consommation, la culture populaire et les rapports de force.

On peut le qualifier de peintre ”historique” ou de peintre engagé.

On s'arrête devant ses oeuvres pour la forme et la couleur, on s'y attarde pour le fond. Tous les grands thèmes y figurent : Malcolm X, la guerre d'Espagne, Belfast, Ulrike Meinhof... Chaque composition fait réfléchir. Derrière un aspect esthétique, il y a un moment important de l'histoire.

Sous un aspect comique, réside une critique de notre monde.

Avec “Bloody Comics 1977”, les généraux chiliens sont représentés sous la forme des figures symbolisant les États-Unis : Mickey, Donald,  Pluto...

Une bonne expo, pour la mémoire mais aussi pour conter l'histoire à de plus jeunes ! (pas avant 13,14 ans)

Pour méditer sur l'histoire du monde, remontez l'avenue Mathurin-Moreau, pour une petite promenade dans le parc des Buttes-Chaumont.

Une librairie...

En route, ne manquez pas la librairie “Longtemps”, 22 avenue Mathurin-Moreau, 75019 Paris

Une belle Librairie de quartier, lumineuse, offrant tous les styles et bien organisée spacialement, ce qui permet de mettre en valeur beaucoup de livres. Le Libraire est accueillant et prend le temps de conseiller ceux qui le désirent. En cas de doute sur votre achat, il vous propose de commencer le livre avant de l'acheter, en vous asseyant dans le canapé dévolu à cet effet.

Une expo, un livre en poche, vous êtes parés pour les Buttes-Chaumont !

Une balade...

Parc des Buttes-Chaumont. Une des entrées s'ouvre au bout de l'avenue Mathurin-Moreau. Ouvert tous les jours de 7h à 21h.

Avec près de 25 hectares, le parc est l'un des plus grands espaces verts de Paris. La végétation est variée, ça monte, ça descend, on ne s'ennuie pas,  ni dans la marche, ni dans le coup d'œil.

Inauguré en 1867, ce jardin imite un paysage de montagne, rochers, falaises, torrents, cascades, alpage, lac. Le centre du lac est occupé par une île surmontée d'un kiosque dit “temple de Sybille” (modèle italien).

La balade est à la fois charmante et originale.

Un resto...

Après cet intermède bucolique... un resto.

Dynamo, 104 avenue Simon Bolivar, 75019 Paris

Un bistrot à la déco soignée (exposition de photographies) et au personnel accueillant.

Le jeudi soir, des concerts de “jazz manouche”

Un burger différent pour chaque jour de la semaine (14 €) Un café gourmand bon et original qui a le mérite de nous épargner la sempiternelle boule de glace.

Un ciné...

MK2 Quai de Seine, 14 quai de Seine, 75019 Paris

Cinéma très agréable qui donne sur les quais. Une très bonne programmation comme dans tous les MK2

Deux films...

Chez nous de Lucas Belvaux avec émilie Dequenne, André Dussollier, Guillaume Gouix, Catherine Jacob, Anne Marivin.

1h 58, drame, France

 

Pauline, infirmière à domicile entre Lens et Lille, s'occupe seule de ses deux enfants et de son père, ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l'aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d'un parti extrémiste vont lui proposer d'être leur candidate aux prochaines élections municipales.

 

Si ce n'est pas un "très" bon film, il a au moins le mérite de faire réfléchir. J'y ai vu deux volets de réflexion : tout d'abord comment un parti tente de changer son image, ensuite comment on tente de manipuler les gens de terrain.

Le synopsis indique qu'il s'agit d'un parti extrémiste. Aucun doute ne subsiste quant au fait qu'il s'agisse de la droite. La mécanique pour changer l'image d'un parti est bien rendue. Le discours change en apparence mais les fondements idéologiques sont les mêmes : violence, racisme... On ne s'accoquine plus ouvertement avec les groupuscules paramilitaires ultra-violents mais le service d'ordre est composé de ses anciens membres. Comme le dit un personnage du film, il ne s'agit pas de changer d'idéologie mais juste d'accepter de mettre un costume !

Vient en parallèle la manipulation individuelle : convaincre cette infirmière, connue de tous, de les rejoindre. Lui faire croire qu'ainsi, elle pourra changer les choses, participer à l'amélioration de la vie de ses concitoyens, alors qu'en fait, le Parti n'a besoin que d'une marionnette.

Le film est assez inégal du point de vue de l'histoire mais aussi dans la manière dont tout cela est ficelé. Les acteurs eux-mêmes sont inégaux : André Dussollier est exceptionnel alors que le jeu de Catherine Jacob et très moyen. Sans nous plomber totalement la fin est des plus pessimiste quant à la prise de conscience collective face aux manipulations des partis d'extrême droite.

Les fleurs bleues de Andrzej Wajda avec Béoguslaw Linda, Bronislawa Zamachowska

1h38, biopic, drame, Pologne.

Dans la Pologne d'après-guerre, le célèbre peintre Wladyslaw Strzeminski, figure majeure de l'avant-garde, enseigne à l'école nationale des Beaux-Arts de Lotz.

Il est considéré, par ses étudiants comme le grand maître de la peinture moderne mais les autorités communistes ne partagent pas cet avis.

Pour son dernier film, Wajda nous entraîne dans l'histoire politique et l'histoire de l'art . C'est un beau portrait de résistance et de conviction “jusqu'au-boutiste”. Le personnage est intéressant, théoricien de l'art, totalement absorbé par son œuvre, il a un côté dur pour son entourage. Comme il le dit lui-même à propos de sa fille “elle aura la vie dure”.

Wladyslaw Strzeminski, n'est pas contestataire direct du régime, mais pas besoin de tant pour être broyé par un régime dictatorial. Au nom de l'art, de son art, le peintre refuse de se conformer aux exigences du parti quant à l'esthétisme du réalisme socialiste.

On assiste alors à la chute inexorable de l'artiste et de l'homme. Un acharnement qui fait froid dans le dos. Renvoyé de l'Université, rayé de la Société des Artistes, il n'a plus les papiers adéquats pour travailler, pour recevoir les bons alimentaires, ni même le droit d'acheter des tubes de peinture.

L'acharnement des autorités à pour but de le faire disparaître et de détruire toutes ses oeuvres.

On se questionne aussi sur l'avenir de sa fille d'une dizaine d'années, traversant la grisaille des rues et le dénuement de sa famille avec son éternel manteau rouge.

Quel dur apprentissage de la vie dans la Pologne des années 50 !

Elle voit son père mourir dans la misère, peu de temps après la mort de sa mère. Le film ne le dis pas, mais on peut s'interroger sur son sort : Que devient-on lorsqu'on est la fille de Katarzma Kobro, dont une grande partie des œuvres a été détruite par les nazis (l'art dégénéré !) et de Wladyslaw Strzeminski ?

 

Ce film est le beau portrait d'un artiste intègre.

À voir, aussi bien par ceux qui ont le goût de l'histoire des arts que le goût de l'Histoire tout court.

Une autre librairie...

Le canal Saint-Martin fera l'objet d'un parcours spécifique mais en sortant du ciné, quelques pas ne font pas de mal. De plus, à un petit quart d'heure de marche, en prenant l'agréable quai Valmy, vos trouverez une librairie à ne pas manquer.

la Librairie du Canal, 3 rue Uugène-Varlin, 75010 Paris

 

Très belle librairie, à la décoration très soignée et à l'aménagement bien étudié. il y en a pour tous les goûts : littérature, Beaux-Arts, poésie, théâtre, BD, livre jeunesse. L'accueil est sympathique et de bons conseils.

Deux livres...

Les Républicains de Cécile Guilbert. Édition Grasset, 2017

Novembre 2016.

Trente ans après s'être perdus de vue, deux anciens camarades d'étude se retrouvent à l'occasion d'une émission de télévision. La fille en noir et l'écrivain Guillaume Fronsac, un marquis de l'aristocratie d'État devenu banquier d'affaires.

Quel livre prétentieux !

J'ai entendu Cécile Guilbert parler de son livre sur France Inter. J'ai trouvé l'idée de départ intéressante : montrer que personnages politiques, médiatiques et de la sphère économique sortent tous des mêmes grandes écoles.

Lors de son interview, l'auteur semblait vouloir dénoncer cet état de fait, regretter que le milieu des élites ne soit pas plus ouvert.

Finalement, ce roman ne correspond pas à l'idée que je m'en étais fait. Il ne s'agit que d'égratigner tout le monde. Certes il y a des portraits acerbes des hommes politiques, tout le monde en prend pour son grade, droite et gauche confondues.

Mais cela ne ressemble pas à une dénonciation. On dirait plutôt la transcription de rancoeurs de quelqu'un qui crache dans la soupe ! La fille en noir et Guillaume Fronsac passent la nuit à déambuler dans les beaux quartiers de Paris, confrontant leurs existences et leurs illusions perdues, de manière complètement artificielle. Les discours de l'un ou de l'autre sont plaqués dans le seul but de passer tous les thèmes d'actualité en revue. L'aspect roman n'est qu'un prétexte. Du coup le style est à la fois lourd et ampoulé.

Parallèlement, les petites histoires n'ont aucun intérêt. Apprendre que lors d'une soirée étudiante, Copé a vomi.... la belle affaire !

Ce livre peut sembler d'actualité. Il est beaucoup question de manipulation politique et financière, de petits arrangements douteux qui font passer l'intérêt personnel devant l'intérêt collectif. Rien que l'on ne sache déjà. Au fil des pages, on passe de l'ennui à l'irritation. Le ton condescendant de la fille en noir ne nous la rend pas sympathique alors même qu'elle est censée symboliser la rupture avec ce petit monde cynique de l'oligarchie.

Vie de ma voisine de Geneviève Brisac.

Grasset, 2017.

Lors de son déménagement, une romancière est abordée par sa voisine qui l'a reconnue,

et invite chez elle pour parler de Charlotte Delbo. Les parents de Jenny, la voisine née en 1925, étaient des Juifs polonais immigrés en France, un an avant sa naissance. À l'écoute de l'histoire de Jenny , Geneviève Brisac rend justice aux héros de notre temps, qui dans l'ombre, ont su garder vivant le goût de la fraternité et de l'utopie.

Un très beau livre. Avec la vie de Jenny, c'est toute l'histoire du 20e siècle qui défile sous nos yeux. La vie à Paris dans les années 30, la révolution trahie à Moscou, l'occupation, les déportations...

Dès le départ Jenny plante le décor, ses parents sont” juifs, polonais et athée”. On peut ajouter qu'ils sont épris de liberté, militants pour un monde meilleur, cosmopolite et démocratique. Ses parents ont une force de conviction assez exceptionnelle. De plus sa mère est une véritable féministe avant l'heure. 

Ce "roman vrai" comme le nomme l'auteure, est parsemé de moments très touchants mais l'épisode le plus fort est sans conteste la séparation des parents et de enfants. Pas de cris, pas de larmes, mais une longue série de recommandations. Quels produits utiliser pour faire le ménage, où sont rangées les affaires dans l'appartement........jusqu'à la manière de gérer ses histoires d'amour : tu n'es pas obligée de te marier avec le premier garçon dont tu tomberas amoureuse, même si tu es accidentellement enceinte..... 

Le style est vivant, la construction originale, la narration passe par une conversation entre la romancière et cette voisine pleine de vitalité.

Il me semble que ce livre est un peu plus qu'un témoignage en mémoire de ceux qui ont subi l'horreur des camps de concentration. Chaque page de "Vie de ma voisine" recèlent la force des convictions d'une femme (la mère) incroyable pour son temps, sa famille, son éducation, sa classe..... "Elle croyait à l'intelligence humaine, à l'éducation. Elle luttait contre la barbarie, contre l'obscurantisme, sans arrêt, tout le temps."

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