top of page

Parcours autour du métro Convention

7 mars 2018

Autour de la station de métro Convention, un quartier bien sympathique à découvrir, loin des lieux plus touristiques.

La rue de la Convention tient son nom de la Convention Nationale qui siègea de 1792 à 1795.

Un théâtre, des cinémas, des librairies...On trouve tout ce qu'il faut pour la culture. Mais c'est aussi un véritable lieu de vie avec un marché animé et de nombreux commerces de proximité.

Pour se restaurer...

La Source, 39 rue Alain Chartier

 

Accueil vraiment très sympathique. Une chouette terrasse chauffée, sur la place. À l'intérieur, la déco est originale. C'est un bistrot très convivial.

Les portions sont un peu chiches mais c'est très bon et beaucoup moins cher que l'établissement d'en face.

Le midi, deux formules “plat +dessert” à 12,50 € ou 15,50 €.

Deux librairies...

Librairie LDEL-Justicia, 362 ter rue de Vaugirard

 

Un étrange endroit. À priori, c'est surtout une librairie spécialisée en droit mais un petit rayon “littérature” semble souligner la passion d'un libraire. Vous ne trouverez pas forcément ce que vous cherchez mais vous découvrirez forcément un roman à côté duquel vous étiez passé.

Un certain nombre d'ouvrages au format de poche est mis à l'honneur et bénéficie d'une présentation du libraire.

Librairie Le Divan, 203 rue de la Convention

 

Si vous cherchez un livre précis, c'est ici que vous le trouverez. Dans un décor soigné et lumineux, “Le Divan” offre un très large choix en littérature, poésie, psychanalyse et philosophie.

L'espace est propice à la flânerie, on peut même faire une pause sur un confortable Divan !

Deux livres...

Pactum Salis de Olivier bourdeaut, Finitude, 2018

 

Très improbable, cette amitié entre un paludier misanthrope, ex-Parisien, installé près de Guérande et un agent immobilier ambitieux, prêt à tout pour réussir .

Le premier mène une vie quasi monacale, déconnecté avec bonheur de toute technologie tandis que le second gare sa Porsche avec fierté devant les boîtes de nuit.

Liés à la fois par une promesse absurde et par une fascination réciproque, ils vont passer une semaine à tenter de s'apprivoiser au cœur des marais salants.

 

Olivier bourdeaut aurait peut être dû s'attaquer à un recueil de nouvelles plutôt qu'à un roman !

Le style est excellent mais c'est au niveau de l'intrigue que le bât blesse.

Le premier tiers du livre est vraiment très bien mené. L'auteur présente ces deux personnages en faisant une analyse fine de leur psychologie mêlant une certaine ironie et une critique sociale sous-jacente.

 

D'un côté, Jean, élevé dans un milieu intellectuel a coupé les ponts avec sa famille et a choisi un métier manuel.

De l'autre, Michel vient d'un milieu manuel et a choisi la réussite financière, quitte à être peu scrupuleux. Son premier acte pour rompre avec son milieu d'origine sera de changer de prénom. Comme le dit l'auteur avec beaucoup d'humour “aucun homme important en France ne s'appelle Mickael !”

 

Malheureusement le deuxième tiers du livre devient quelque peu ennuyeux. La rencontre entre Jean et Michel n'est pas convaincante. On a le sentiment que l'intrigue sert uniquement de prétexte à écrire de belles pages. On ne va certes, pas se plaindre que ce texte soit bien écrit, cependant à quoi bon faire marcher le lecteur pour le laisser sur sa faim ?

 

Michel et Jean sont deux symboles paradoxaux de la société d'aujourd'hui. On attend donc autre chose de leur confrontation, leur seul point commun semblant être leur parfaite connaissance des lendemains de cuite !

 

Quant au dernier tiers du roman, il laisse totalement perplexe. Des questions restent totalement sans réponse, d'autres sont réglées en trois lignes.

 

Le plaisir de lecture est très inégal. En refermant Pactum Salis, on ne peut pas être catégorique, mais on est tout de même déçu, le début très prometteur nous laissait espérer plus !

Tu montreras ma tête au peuple de François Henri Désérable, Gallimard, 2013

 

Paris pendant la Révolution. On y croise Charlotte Corday dans sa cellule pendant qu'un élève de David achève son portrait. Adam Lux, les Girondins, Danton, Marie-Antoinette, Robespierre...

Tous, dans les jours, les heures où les minutes précédant la chute de leur tête dans le panier du bourreau.

 

Quand on pense que c'est son premier ouvrage, écrit à 25 ans, c'est plutôt une réussite qui augurait bien de la suite de la carrière de François Henri Désérable.

 

Le choix de l'angle de vue est vraiment très original. Chacun des grands noms de la Révolution se révélera dans sa grandeur, ses certitudes, ses regrets ou ses peurs.

De même la forme est très plaisante. Chaque portrait est restitué différemment : sous la forme d'entretiens, d'un journal, d'un témoignage direct ou indirect.

 

Cependant, j'ai tout de même quelques petites réserves.

Il y a, me semble-t-il, une certaine inégalité dans les différents portraits.

Certains m'ont complètement transportée, par leur beauté ou leur humour, comme ceux de Danton et de Samson.

D'autres m'ont malheureusement laissée au bord de la route. Peut-être cela tient-il au fait que les principaux protagonistes ne sont pas nommés dès le départ. On peut donc attendre plusieurs pages avant de savoir de qui il s'agit, or cette interrogation a parfois pris le pas sur mon esprit, me faisant du coup passer à côté du texte.

 

De plus j'ai le sentiment que ceux qui auraient oublié la chronologie et les détails des cours d'histoire sur la révolution pourraient ne pas totalement adhérer à cet ouvrage.

En revanche se régaleront ceux qui ont un enfant en 4e, à qui ils ont fait réciter leur leçon sur “les lumières”, “la Révolution”, “la terreur” et avec qui ils ont regardé le film de Robert Enrico de 5h24 “la Révolution française” !

Après ces solides rappels historiques, on peut se plonger dans la belle fantaisie de François Henri Désérable.

Deux films...

Wajib , l'invitation au mariage de Annemarie Jacir

avec Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Maria Zreik,

1h36, drame, Palestine

 

Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi , son fils architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l'aider à distribuer les invitations au mariage “de la main à la main” comme le veut la coutume palestinienne du “Wajib”.

 

Un très bon film avec un scénario pertinent et des acteurs, père et fils également à la ville, très touchants.

Le film mêle de façon très subtile, différents thèmes. Il est bien sûr question de l'identité du citoyen palestinien mais aussi des différences générationnelles universelles.

 

Le périple, à travers la ville de Nazareth donne un aperçu de la vie quotidienne de ses habitants.

Le Wajib est un bon prétexte pour nous faire découvrir une multitude d''intérieurs et les rapports sociaux qui y règnent.

C'est aussi l'occasion de confronter les opinions du père et du fils.

D'un point de vue politique, le fils représente l'exilé, plein d'idées sur ce que devrait être un citoyen palestinien, sans concession, mais qui vit très loin de là.

Le père, moins engagé reste pragmatique et a choisi de rester.

Les théories s'affrontent sans que jamais le père ou le fils ne prennent le dessus l'un sur l'autre. Les échanges entre les personnages sont traités avec une grande finesse.

À cet aspect, s'ajoutent des détails plus générationnels que politiques. Le père critique les cheveux longs et les chemises colorées du fils. On découvre les cachoteries des uns et des autres.

 

Wajib est un très bon film, dépeignant avec subtilité un pays à la situation complexe et des rapports filiaux qui ne le sont pas moins.

Lady Bird de Greta Darwin

avec Saoirse Ronon, Larie Metcalf, Tracy Letts,

1h35, drame, comédie, USA

 

Christine “Lady Bird” Mcpherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu'infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird ait perdu son emploi.

 

 

Un film qui multiplie les genres et qui en souffre. Certains très bons passages lui épargnent la médiocrité mais l'ensemble n'est pas excellent. Tour à tour, chronique sociale, films pour ados, portrait d'une jeune fille qui veut fuir sa ville natale et le modèle familial, le scénario fait preuve de faiblesses. On aurait aimé que le film se contente de montrer les oscillements propre à l'adolescence, mais comme souvent, la barque est chargée et cela amoindri le propos.

 

Lady Bird fréquente un lycée catholique parce que “son frère a vu un élève se faire poignarder dans un établissement public”. Cet argument, repris plusieurs fois dans le film, fait sourire. Quelques passages subversifs ouvrent des perspectives critiques. Mais au final, le rapport à la religion laisse perplexe, le message est totalement complaisant et le film absolument politiquement correct.

Cependant, les acteurs sont très bons, les confrontations entre Lady Bird et sa mère sont intéressantes et d'une grande justesse.

Il est difficile pour la jeune fille de se conformer aux attentes et projections de sa mère et pour cette dernière la tâche est rude d”accompagner son adolescente vers l'âge adulte, de lui faire prendre conscience des réalités de la vie et de la faire sortir de son auto centrisme.

 

Sensibilité et humour, certaines répliques sont savoureuses mais ne suffisent pas à faire un film convaincant.

Lady Bird reste un petit film qui, me semble-t-il, manque d'envergure.

Un théâtre...

le Théo Théâtre, 20 rue Théodore Deck

 

Deux salles très petites (dont une où on est vraiment très mal assis) mais dont la vocation est positive. Le Théo Théâtre défend et soutient les jeunes compagnies et les projets naissants. Le lieu est charmant, intimiste et c'est un véritable espace d'échanges culturels.

Une pièce...

Légende d'une vie De Stefan Zweig.

Adaptation et traduction, Caroline Rainette avec Caroline Rainette, Lennie Coindeaux, avec la voix de Patrick Poivre d'Arvor.

 

En cette fin de journée, l'effervescence règne dans la maison des Frank pour la présentation publique de la première œuvre poétique de Friedrich, fils du célèbre poète Karl Amadeus Franck, véritable légende portée aux nues par son épouse et sa biographe, Clarissa von Wangen.

Écrasé, sous le poids de cette figure paternelle, par cette gloire qui le réduit à néant, terrifié par le regard sans pitié des bourgeois et intellectuels de la haute société, Friedrich ne supporte plus de devoir suivre les traces de ce père vénéré de tous.

C'est alors que la vérité lui est enfin dévoilée.

 

Le thème de la pièce est très intéressant. Les œuvres de Stefan Zweig nous font toujours toucher du doigt la psychanalyse, tout en ouvrant la porte de cette discipline complexe avec des cas concrets.

“Légende d'une vie” s'attache à démontrer à quel point l'image du père peut être néfaste au fils quand elle paraît inégalable.

Il est aussi question des non-dits et de la différence entre la légende et la réalité d'un individu.

L'essentiel de la pièce tourne autour du fils qui sera délivré d'apprendre que son père n'était pas l'être parfait qu'on lui a toujours décrit.

Le cas de sa mère n'en n'est pas moins intéressant. Par amour, et sans malveillance vis-à-vis de son fils, elle aura construit la légende sur mensonges et manipulations.

 

Le texte de Stéphane Zweig est pertinent, les caractères dépeints avec finesse et intelligence.

 

Malheureusement la pièce n'est pas tout à fait à la hauteur. Les acteurs sont bons, le décor soigné, la petite taille de la scène donne un côté intimiste qui sied bien à la problématique très personnelle dont il est question ici.

 

Mais la mise en scène est un peu trop lisse au vu des sentiments exprmés dans cette pièce. La redondance des dialogues est parfois ennuyeuse et le manque de dynamisme de l'ensemble accentue cette impression. Cette pièce, prévue pour sept personnages trouve ses limites dans cette adaptation beaucoup trop répétitive dans sa mise en scène.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

bottom of page