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Parcours autour de Denfert Rochereau

9 décembre 2017

Un quartier propice à la flânerie.

On ne peut pas manquer le Lion, au centre de la place. Sa taille et sa majesté force le regard. Il est la réplique, en bronze, du Lion de Belfort.

Sculpture hommage puisque c'est le surnom donné à Pierre Philippe Denfert-Rochereau. Ce militaire français est resté célèbre pour avoir dirigé la résistance de la place forte de Belfort, durant la guerre franco-allemande de 1870.

À deux pas, on plonge dans la sympathique ambiance d'un marché permanent : la rue Daguerre. Piétonne, très animée, c'est l'une des principales artères commerçantes du quartier.

Elle doit son nom au souvenir de Louis Daguerre, l'inventeur du daguerréotype, ancêtre de l'appareil photographique.

D'ici quelques temps, ce parcours pourra être enrichi du musée de la Libération dont les travaux ne sont, pour le moment, pas achevés.

 

“Pourvu Qu'on Ait livre's” aurait pu vous parler des Catacombes dont l'entrée se trouve sur la place Denfert-Rochereau, mais l'effrayante file d'attente à toutes heures et par tous les temps, pour un intérêt, somme toute limité ( des souterrains, des os, des crânes...) nous a poussés plus avant, dans le boulevard Raspail vers …..

Une expo...

Fondation Cartier pour l'art contemporain, 261 boulevard Raspail.

Entrée : 12 €  (un peu chère pour une expo de petite taille !)

Créée en 1984, sous l'égide de la Fondation de France, la Fondation Cartier pour l'art contemporain se trouve, depuis 1994, boulevard Raspail dans un très beau bâtiment conçu par l'architecte Jean Nouvel.

Le lieu est propice à la mise en valeur d'oeuvres : de grands volumes et beaucoup de lumière. Le bâtiment est bordé d'un jardin qui regroupe 35 espèces différentes d'arbres.

En ce moment, une expo photo : Malik Sidibé,  “Mali twist”, jusqu'aux 25 février 2018.

 

Malik Sidibé (1935-2016) ouvre son studio photos en 1962 à Bamako et consacre une bonne partie de sa vie à réaliser des portraits. Il réalisera aussi de nombreux reportages en extérieur. Regroupés dans des clubs aux noms de leurs idoles, les jeunes Bamakois l'invitent souvent à leurs fêtes, faisant ainsi de lui, un témoin privilégié d'une époque : liberté, fantaisie vestimentaire, nuits blanches placées sous le signe de la musique.

Cette rétrospective présente de très belles photos en noir et blanc. Outre l'aspect esthétique, on y décèle aussi une page de l'histoire du Mali.

Un film de 64 minutes permet de voir Malick Sidibé dans son studio, au sein de sa famille, avec ses amis, auxquels il explique qu'il ne doit sa renommée qu'à ses modèles.

C'est intéressant, beaucoup de passages sont en français mais tous les échanges en malien sont traduits en anglais, c'est bien dommage !

Pour se restaurer...

La Chope Daguerre, 7 rue Daguerre

 

Très agréable bistrot de style rétro, une grande terrasse très bien chauffée. On est accueilli avec un grand sourire, qu'on soit un habitué ou seulement de passage.

On y sert une cuisine traditionnelle,  bonne et copieuse.

menu du midi : 15 € 90 plat (avec trois choix) + café gourmand

Une librairie...

La petite Lumière, 14 rue Boulard

Lumineuse, agréable à regarder, c'est un régal d'y flâner.

Bien agencée, l'espace permet de présenter beaucoup d'ouvrages dans tous les genres.

L'accueil est très sympathique, un petit mot pour chaque client en fonction du ou des livres choisis.

Une belle librairie qui a une âme.

Deux livres...

La bataille d'Occident

Éric Vuillard, Actes Sud, 2012

 

Revisitant de manière polémique le premier conflit mondial, cet “art de la guerre” met en parallèle les stratégies militaires et leurs conséquences désastreuses à travers quelques journées décisives.

De l'ambition d'un stratège allemand à l'assassinat de l'archiduc, du Chemin des Dames à la bataille de la Somme, du gaz moutarde aux camps de prisonniers, la” bataille d'Occident” alterne portraits intimes et scènes épiques.

Très bien écrit, ce récit de la Grande Guerre est très personnel, loin des récits historiques classiques et d'une ironie souvent très à propos.

J'ai beaucoup aimé certains passages aussi bien pour le fond que pour la forme.

Dans nos (trop) lointains souvenirs de cours d'histoire, on se rappelle l'assassinat de l'archiduc François-Joseph, mais grâce à Éric Vuillard, on découvre l'événement sous un autre angle. Avant d'arriver au dénouement de cette journée qui restera marquée à jamais comme “le jour de l'attentat de Sarajevo” Vuillard nous parle de Sophie Chotek, la femme de l'archiduc. Une belle histoire d'amour qui brave les conventions sociales.

D'autres passages sont excellents, notamment le ballet des pays entrant en guerre, décrit avec une ironie grinçante et qui se termine par : “enfin le 23 août, le Japon déclare la guerre à l'Allemagne, on ne sait plus pourquoi...”

Éric Vuillard a su à travers ces pages, faire ressentir l'absurdité de cette guerre qui n'en finit pas et durant laquelle, très vite,  les simples soldats, ne savent plus pourquoi ils se battent.

Malgré les grandes qualités de ce livre, je ne suis pas parvenue à rentrer complètement dedans, je suis restée hermétique à certains chapitres. Peut-être qu'une médiocre connaissance de certains éléments historiques, ne permet pas de goûter pleinement l' ironie et les sous-entendus.

C'est donc une lecture en demie-teinte, avec le regret de passer à côté de certains propos.

L'art de perdre de Alice Zeniter

Flammarion, 2017

Prix Goncourt des lycéens

L'Algérie d'où est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma, qu'une toile de fond sans grand intérêt.

En se penchant sur l'histoire familiale, Naïma va se demander pourquoi l'histoire a fait de son grand-père, Ali, un harki et pourquoi son père, Hamid ne veut pas parler de l'Algérie de son enfance.

 

Pas étonnant que le choix des lycéens se soit porté sur ce bon livre.
Les pages de ”l'art de perdre” mèlent subtilement des événements d'une importance historique à des destins personnels.

Ce livre se compose de trois parties, trois générations pour cette grande fresque romanesque réussie puisqu'elle nous attache aux personnages.

Avec les grands-parents, Ali et Yema, nous découvrons une vie placée sous le signe de la dureté du climat et des coutumes de la montagne kabyle. Plongé dans les horreurs de la guerre d'Algérie, le patriarche fera les mauvais choix, entraînant sa famille dans l'exil et le sort peu enviable réservé aux harkis.

 

Si ses descendants ne comprennent pas les agissements d' Ali, l'auteur à la lucidité de ne pas le condamner aux yeux du lecteur. Dans toute cette première partie, on touche du doigt toute la complexité de la guerre d'Algérie.

 

Avec Hamid, fils de Ali et Yema, c'est une seconde page de l'histoire qui s'ouvre à travers les yeux de cet enfant qui arrive en France en 1962. On découvre les terribles conditions de vie dans les camps de transit, hâtivement mis en place, les difficultés de s'intégrer quand on n'est pas désiré d'un côté et que de l'autre on ne voulait pas venir.

Cette seconde partie est selon moi la plus poignante.

C'est toute une vie qui se construit sous nos yeux, une vie sans cesse écartelée entre deux cultures. Les images et métaphores employées par Alice Zeniter sont très fortes. Tous les passages qui ont un lien avec la langue sont particulièrement évocateurs.

Hamid suera sang et eau pour apprendre à lire le français et une fois fait, le kabyle ne sera plus que la langue de l'enfance. Il ne trouvera plus les mots pour communiquer à ses parents, ses pensées d'adolescent,  puis d'adulte.

Sa fille, Naïma, est au centre de la troisième et dernière partie de cette fresque. Si elle pose des questions intéressantes et primordiales, notamment sur ce qu'est notre pays. Celui dans lequel on vit, celui qu'on investit ou celui qu'on nous transmet augmenté de tout un tas de fantasmes ?

On est complètement embarqué dans cette histoire et si on se doute qu'il n'y a pas de grandes révélations, on tourne les pages avec une envie pressante de connaître le dénouement.

La dernière partie est tout de même,  à mon avis , un peu faible par rapport au reste du livre, peut-être parce que la vie de Naïma est plus contemporaine et qu'il manque la distance nécessaire par rapport à certains événements.

Néanmoins, “L'art de perdre” est un très bon livre qui offre la palette complète de tous les sentiments humains face à l'adversité.

Un cinéma...

Cinéma Chaplin Denfert

24 place Denfert-Rochereau

 

Un des rares cinémas à avoir encore un balcon. Une quinzaine de films sont proposés par semaine. La programmation est variée et permet d'aller voir des films qu'on aurait manqués à leur sortie.

À noter : les parents cinéphiles peuvent réserver la salle pour fêter l'anniversaire de leurs Chérubins.

Ancre 1

Deux films...

Prendre le large de Gael Morel

avec Sandrine Bonnaire, Mouna Fettou, Kamal El Amri, 1h43, drame, France.

 

Édith, 45 ans, ouvrière dans une usine de textile voit sa vie bouleversée par un plan social. Loin de son fils et sans attache, plutôt que le chômage et la prime de licenciement, elle est la seule à choisir de rejoindre son usine délocalisée au Maroc.

 

 

Cela aurait pu être une bonne chronique sociale, un bon drame réaliste, cela aurait pu...!

Beaucoup d'aspects de ce film sont intéressants mais le jeu mono expressif de Sandrine Bonnaire et de nombreux passages invraisemblables viennent parasiter le propos.

 

Édith ne s'imagine pas ne plus travailler dans son usine, rien ne semble la retenir en France. Elle choisit la délocalisation avec tout ce que cela comporte : s'installer dans un pays inconnu, vivre la barrière de la langue, avoir des conditions de travail plus dures et un salaire moins élevé.... Pourquoi pas ? Mais alors on s'attend à un personnage plein d'allant et combatif !

Ce ne sera quasi à aucun moment le cas. Edith traverse la vie et ses aléas, les bras ballants, en petites sandalettes, avec un air complètement dépressif.

Néanmoins, ce voyage en sens inverse soulève des réflexions intéressantes.

En france Édith se plaint des éternels discours des syndicats auxquels elle ne croit plus.

Au Maroc, face aux conditions de travail, elle sera la première à déplorer l'absence des syndicats !

La confrontation entre les modes de vie est plutôt bien vue. À travers le regard d'Édith, on peut appréhender certains aspects culturels, sociaux et économiques du Maroc.

Il est vraiment regrettable que ce film manque de rythme et de personnages joués avec plus de conviction.

Une fois de plus, un bon sujet ne suffit pas à faire un bon film.

Lorsque le propos initial est parasité ou dilué dans des considérations sentimentales annexes, le film perd de son ampleur. On finit par ne plus trop savoir si Édith est le symbole de l'ouvrière jusqu'au bout des ongles, qui refuse la fermeture de son usine, ou si son départ ne sert qu'à punir son fils avec qui les liens se sont distendus.

 

Dans “prendre le large”, la chronique sociale ne fait pas bon ménage avec la chronique sentimentale familiale.

La villa de Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet, Anaïs Demoustier, 1h47, drame, France.

 

Dans une calanque, près de Marseille, au creux de l'hiver, Angèle, Joseph et Armand se rassemblent autour de leur père vieillissant.

C'est le moment pour eux, de mesurer ce qu'ils ont conservé de l'idéal qu'il leur a transmis lorsque de nouveaux arrivants venus de la mer vont bouleverser leurs réflexions...

 

C'est tout d'abord avec plaisir qu'on retrouve les paysages, couleurs et acteurs préférés de Guédiguian.

Puis assez vite, on n'est plus dans un film mais dans un catalogue des pensées et valeurs de l'auteur.

Quand on apprécie ce cinéaste, on y trouve un petit peu son compte mais tout de même j'ai préféré l'entendre parler de son film à la radio que de le voir, ce qui est bien embêtant ! 

On trouve pêle-mêle, dans “La Villa” , des interrogations sur le temps qui passe, des réflexions sur les changements dans notre société et surtout sur la survivance de nos valeurs.

Un beau vieux couple qui réside dans cette calanque incarne les temps anciens où une parole donnée était immuable et  où on prenait le temps de boire un coup et de discuter.

Le fils, jeune homme moderne, passe son temps à travailler, règle les soucis matériels et lorsqu'il prends le temps de s'attabler avec ses parents, demande un café... son père lui servira un coup de rouge !

Avec le personnage joué par Jean-Pierre Darroussin, on assiste à une succession de considérations sur le monde ouvrier.

Quant aux “nouveaux arrivants” venus de la mer, ils ne sont là que pour permettre à Gediguian de nous livrer ses sentiments sur les réfugiés.

Très rapidement, ce film ne semble plus être qu'un prétexte, pour le cinéaste, de faire un exposé de sa vision de la vie et du monde qui l'entoure.

Ce n'est pas inintéressant, surtout lorsqu'on partage un bon nombre de ses idées,  mais cela ne fait pas pour autant, un très bon film.

Cela manque de rythme , c'est beaucoup trop “joué”. Chaque réflexion, aussi pertinente soit-elle, semble plaquée artificiellement dans la bouche des acteurs.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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