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Parcours autour de l'Entrepôt (75014)

4 octobre 2018

Ce petit coin du 14ème arrondissement est souvent appelé « village Pernety » et il porte bien son nom tant on y trouve encore ces belles petites impasses fleuries qui donnent une ambiance bucolique à ce parcours si urbain !

Ce quartier,  plutôt populaire durant mon enfance,  a été bien restauré et ce n'est pas un mal. Il a gardé cet air de vie de tous les jours avec les couleurs du neuf. La culture n'est pas en reste......cet endroit est donc à fréquenter sans modération !

Un cinéma...

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L'entrepôt, 7 rue Francis de Pressensé, 75014 Paris

 

Composé de 3 salles, ce cinéma de quartier est classé “Art et essai, label recherche et découverte, patrimoine et répertoire”.

L'entrepôt est un lieu mythique, historique créé en 1975 par Frédéric Mitterand. C'est encore un endroit vivant de la cinéphilie avec de nombreux rendez-vous : cinephilo, ciné-club, ciné-parents bébé...

C'est ici l'occasion de voir les bons films qu'on aurait manqués lors de leur sortie nationale.

À l'origine, l'entrepôt n'est pas qu'un cinéma. C'est un lieu culturel avec également une petite salle de spectacle et des animations autour de l'art ou de la littérature.

Aujourd'hui “Pourvu Qu'on Ait Livre's” s'interroge : soit la saison culturelle n'est pas lancée, soit le lieu a périclité, ne restent plus que le cinéma et le restaurant. Affaire à suivre...

Deux films...

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“Première année” de Thomas Lilti, avec Vincent Lacoste, William Lebghil, 1h32,

comédie dramatique, France.

 

 

Antoine entame sa première année de médecine pour la troisième fois. Benjamin arrive directement du lycée mais il réalise rapidement que cette année ne sera pas une promenade de santé.

“Première année” ressemble avant tout à un docu-fiction. On suit surtout ces deux jeunes dans leur vie d'étudiant. Une phrase résume assez bien ce qui les attend : “tu connais la différence entre un étudiant en médecine et un étudiant en prépa ? Demande-leur d'apprendre le bottin par coeur ! L'étudiant en prépa te demandera pourquoi et l'étudiant en médecine pour quand ?”

On est loin de la vie fantasmée de l'étudiant : pas de fêtes, pas de vacances, le bachotage est roi. C'est la valse des fiches qu'il faut ingurgiter du matin au soir, voire du soir au matin !

Le risque existe. Celui de perdre pied, entre la fatigue et le désespoir, face à l'ampleur de la tâche.

Le film n'est pas particulièrement dans la dénonciation d'un système, c'est une constatation d'un état de fait. Libre à nous de juger.

 

En parallèle, "Première année" nous donne à voir la naissance d'une amitié entre deux jeunes, aux parcours, capacités et motivations différents.

Les liens amicaux sont une bouffée d'humanisme dans ce milieu où les rivalités font rage, où chaque étudiant qui craque est une chance de place supplémentaire pour les autres.

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Woman at war de Benedikt Erlingsson, 1h40, comédie, Islande

avec Haldora Geirhardsdottir, Johann Siguroarson

 

Halla, la cinquantaine, déclare la guerre à l'industrie locale de l'aluminium qui défigure son pays. Elle prend tous les risques pour protéger les hautes terres d'Islande... Mais la situation pourrait changer avec l'arrivée inattendue d'une petite orpheline dans sa vie...

 

Un film original, parce qu'étrange et c'est ce qui en fait son intérêt. Pour le spectateur français, le cinéma islandais fait office d'OVNI. Dans ce genre, “Woman at war” est une réussite. Cette fable moderne et écologique, gentiment déjantée est pleine d'humour.

Halla est une activiste tout à fait sérieuse, n'hésitant pas à parcourir la lande au pas de course, armée d'une arbalète ou munie d'explosifs pour s'attaquer aux pylônes électriques.

Dans sa vie de tous les jours, elle n'en n'a pas l'air, mais c'est une vraie guerrière !

Animatrice d'une chorale, sœur d'une prof de yoga, son intérieur est décoré de grandes affiches de Gandhi et Mandela. Sans avoir à développer sa pensée avec de longs dialogues, on comprend tout de suite son idéologie écologiste et son extremisme.

 

Très régulièrement, des musiciens apparaissent à l'écran alors qu'ils jouent la bande-annonce.

C'est toujours très à propos, une sorte de surprise à la fois poétique et drôle. À deux reprises, les musiciens vont également intervenir dans l'action.

 

Tout au long du film, plein de petits détails interrogent, mais les réponses finissent toujours par arriver, nous faisant dire que c'est à la fois bien trouvé et bien ficelé !

À quoi sert ce masque à l'effigie de Mandela dans la cave ? Pourquoi remplir sa voiture de fleurs et d'un sac de fientes d'oiseaux ? Quel rôle pour un cadavre de mouton ?

 

Ne dévoilons pas tout ! Allez passer un bon moment devant ce film... différent !

Pour se restaurer...

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L'entrepôt restaurant (même adresse)

Jardin secret par Simon Horwitz (Elmer)

 

Franchement, on ne va pas cacher que, même si c'est assez bon et que les plats sont assez originaux,, c'est cher !

Aucun plat à moins de 19 € (et encore, un seul choix) et jusqu'à 32 € !

C'est le cadre qui fait tout ! Un jardin en plein Paris, mais loin du bruit de la ville.

La salle, haute de plafond est ouverte à la vue sur le jardin par une très grande verrière.

Étant donnés les prix, cela peut difficilement devenir la “cantine” des spectateurs réguliers du cinéma.

Cependant, il faut au moins une fois essayer de profiter de ce cadre enchanteur.

Une librairie...

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Librairie Tropiques, 63 rue Raymond Losserand.

 

Une belle petite librairie de quartier. Le lieu est “engagé”. On trouve beaucoup d'ouvrages politiques, sociologiques, philosophiques...

On trouve tout de même également les romans de la rentrée littéraire et les grands classiques en poche.

Sur le trottoir d'en face, un lieu à part entière est consacré totalement à la littérature de jeunesse.

Deux livres...

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“La purge” de Arthur Nesnidal, Julliard, 2018.

 

Un étudiant décrit le quotidien d'une année d'hypokhâgne, sacro-sainte filière d'excellence qui prépare au concours d'entrée à l'École normale supérieure.

Face au bachotage harassant, au formatage des esprits et aux humiliations répétées des professeurs sadiques, la révolte gronde dans l'esprit du jeune homme…

 

Un sujet bien intéressant mais totalement gâché ! Le livre est si mal écrit qu'il a failli plusieurs fois me tomber des mains. Le style est ampoulé au possible. Les descriptions des profs, des élèves ,du self ...sont si excessives, dans le fond et dans la forme, qu'elles perdent toute crédibilité. On a souvent à faire à de longues listes d'adjectifs qualificatifs qui rendent le style plus lourd qu'éclairant.

Le propos est noyé dans une tentative d'érudition qui devient très vite irritante pour le lecteur.

Certains passages frisent l'incompréhension. La finalité de certaines phrases nous laisse perplexe. L'auteur veut dénoncer le mépris des professeurs mais on finit par se demander si lui-même ne méprise pas son lecteur !

Celui qui se qualifie lui-même comme “l'unique loup dans la meute des caniches” me donne l'air de souffrir du complexe de supériorité qu'il traque chez les autres. “Ces professeurs hérissés, écumants, rageurs, la craie au poing, la hargne aux lèvres, le costume en bataille, et le cri à la bouche...”

“C'était la la jeunesse de notre civilisation, informe, rustique, retive à la pensée, hostile aux connaissances...”

 

“La purge” manque sa cible, on ne dénonce pas l'éducation élitiste à la française en usant d'un style qui à chaque phrase semble tenter de “nous en mettre plein la vue”.

La quatrième de couverture ose faire un rapprochement avec Prévert, on en est très loin !

La purge....c'est de lire ce livre !!

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“Reviens” de Samuel Benchetrit, Grasset, 2018

 

Son fils est parti, son ex-femme le harcèle, son éditeur le presse, des mariées de téléréalité le fascine, Pline l'Ancien le hante...

Bienvenue dans le monde tendre et poétique d'un écrivain en quête d'inspiration et d'amour.

 

Si c'est émouvant car il est question d'amour filial, de solitude, de besoin d'affection, c'est avant tout extrêmement drôle !

 

On suit les déboires de notre narrateur avec tendresse et amusement. L'écrivain en manque d'inspiration ne manque pourtant pas d'imagination. Chaque situation qu'il vit l'amène à se faire des “films” pour notre plus grand plaisir.

Le départ de son fils pour un lointain voyage initiatique (?) le plonge dans une grande solitude, propice aux remises en question mais également à la recherche de nouveauté.

 

De nombreux passages sont très cocasses. Ses aventures avec Amazon, chez qui il est obligé de commander son propre livre, pour le fournir à un réalisateur qui veut le porter à l'écran sans même l'avoir lu, sont excellentes.

On s'amuse aussi beaucoup de sa jalousie d'un auteur à succès dont pourtant il sera amené à faire la lecture dans une maison de retraite.

On rit carrément de ses relations difficiles avec son collecteur d'impôts.

La liste est trop longue : une ex-femme très différente mais aussi compliquée que lui, un éditeur bienveillant, mais tout de même en attente, un canard... et pas n'importe lequel, un mâle, pour repeupler une mare...!

 

“Reviens” est un roman très bien écrit, on ne s'ennuie pas un instant. Une belle touche d'humour et de tendresse dans ce monde de brutes.

Un théâtre...

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Théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier, 75014 Paris.

 

Théâtre municipal créé en 1982, le Théâtre 14 est subventionné par la ville de Paris.

L'extérieur ne paie pas de mine, un petit effort dans ce sens ne serait pas un mal car l'arrivée est tristounette !

Une fois la porte poussée, c'est une toute autre ambiance. Le hall est petit mais joliment décoré d'affiches de pièces jouées les saisons précédentes. Un tout petit bar anime les lieux. La salle quant à elle, est très belle.

Une pièce...

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“Mon ami La Fontaine” pièce de Philippe Murgier, mise en scène de Christophe Gand,

avec Philippe Murgier, Jean-Louis Charbonnier (viole de gambe), Jean-Jacques Cordival et la voix de Christiane Cohendy.

 

Nicolas Fouquet surintendant des finances de Mazarin puis de Louis XIV est condamné au bannissement par un tribunal d'exception, après un procès instruit à charge par Jean-Baptiste Colbert. Le roi alourdit la peine en emprisonnement à vie.

Après sept ans d'enfermement, un ami de Nicolas parvient à lui faire passer le premier volume des fables que La Fontaine vient de faire publier. Sa joie est grande de découvrir un chef-d'œuvre qu'il a initié quelques années plus tôt.

 

Il est bien agréable de passer une heure au cœur d'une belle interprétation et parmi les beaux mots de La Fontaine.

Cette pièce rend un sincère hommage à Nicolas Fouquet qui a découvert et pensionné les plus grands esprits et artistes du 17e siècle.

Le décor est soigné, nous sommes dans la cellule de Fouquet dans la sinistre forteresse de Pignerolle.

Le prisonnier a pour seul compagnon “Champagne” son fidèle valet qui, pour adoucir son isolement, joue de la viole de gambe. En lisant les fables de Jean de La Fontaine, l'acteur nous les fait redécouvrir en leur donnant une profondeur historique qu'on avait le plus souvent oubliée.

Philippe Murgier ne se contente pas de réciter, il interprète des fables qui ont un écho avec sa propre histoire. L'aspect dramatique est très bien souligné. Nicolas Fouquet étant le symbole des rivalités de cours et de l'injustice de la monarchie absolue.

La présence d'un joueur de viole, de surcroit bon acteur, est une bonne trouvaille.

On est ainsi complètement immergé dans l'époque tout en nous permettant de faire des pauses. Il faut une attention assez soutenue pour s'imprégner des fables, même les plus connues.

 

“Mon ami La Fontaine” offre un beau moment de théâtre.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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