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À Dieu vat

Jean-Michel Guenassia

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Albin Michel, 2023


« C'est dans l'euphorie d'un monde à reconstruire, en 1924, qu’Irène rencontre Georges. Elle est serveuse, il est menuisier au studio de cinéma et ressemble à s’y méprendre à Rudolf Valentino, ce qui en chavire plus d'une.

Le temps d'une valse sur les bords de Marne, ils tombent amoureux. Leur fille aînée, Arlène, fera partie pendant son enfance du carré magique :  à ses côtés, il y aura Daniel qui se destine à Saint-Cyr, Thomas et Marie, les jumeaux de bonne famille… »


Jean-Michel Guenassia est décidément passé maître dans l'art de la grande fresque historique et sociale. (Le club des incorrigibles optimistes, Les Terres promises...)


L’histoire débute en 1924 ce qui est l'occasion de découvrir la vie quotidienne de l’après guerre. Beaucoup d'hommes sont morts au combat, les veuves, mères de famille, sont seules pour faire bouillir la marmite. Irène sera seule aussi d'avoir succombé au charme d’un mari « trop beau » qui s'avérera volage. Elle n'aura de cesse de mettre ses filles au travail le plus tôt possible pour que la famille puisse joindre les deux bouts. Couturière pour le cinéma, puis chez un particulier, Irène noue un rapport intime avec sa patronne. Sa fille aînée, Arlène, sera élevée dans une atmosphère qui n'est pas celle de son milieu social. 


En fréquentant famille et amis de la patronne de sa mère, Arlène va bousculer les lignes de sa condition sociale.

Elle va devenir une des premières femmes ingénieures atomiques en France. Pour cela, elle devra se battre aussi bien contre ses proches, que contre la société entière qui n'est pas prête a voir une femme à des places encore réservées exclusivement aux hommes.


En suivant Arlène, Daniel, Marie et Thomas, l'auteur nous offre un vaste panorama de la société française. Le fil conducteur du roman est le poids du patriarcat à travers la vie d'Arlène. Un poids dévastateur pour ceux qui n'ont pas la force de le dépasser. Ce sera le cas de Thomas dont les projets littéraires sont empêchés par un père intraitable. Tout au long du roman, la vie des quatre amis d'enfance va se lier et se délier… plus souvent dans le drame que dans les joies.


Au-delà de la fresque romanesque, À Dieu vat interroge sur la notion de sacrifice pour parvenir à ses fins.

On peut sacrifier sa famille, ses amis, ses amours…. mais peut-on sacrifier ses valeurs sans se perdre soi-même ?

En faisant de son héroïne, une spécialiste en recherche atomique, Jean-Michel Guenassia nous entraîne dans les débats qui se poursuivent de nos jours encore sur les dangers du nucléaire.

Les contreverses qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale autour de la course à l'armement ne sont pas que sociétaux, ils sont aussi éminemment politiques. Cet aspect du roman est très intéressant et instructif. L'auteur retrace l'histoire de la création du CEA et les tensions entre chercheurs, hommes politiques et militaires. Il n'oublie pas de relater les essais nucléaires dans le Sahara, des pages qui font froid dans le dos.


La vie des amis d'enfance s'inscrit parfaitement dans l'Histoire. Si le roman s'essouffle avec quelques longueurs, on suit avec plaisir l'évolution de notre société. On mesure le chemin parcouru autant que celui qu'il reste à faire !

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