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Ainsi Berlin

Petitmangin Laurent

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La Manufacture des livres, 2021


« Alors que la guerre vient de s'achever, dans les décombres de Berlin, Käthe et Gerd s'engagent dans la construction du monde nouveau pour lequel ils se sont battus. Ils imaginent un programme où les enfants des élites intellectuelles, retirés à leurs  familles, éduqués loin de tout sensiblerie, formeraient une génération d'individus supérieurs assurant l'avenir de l'Allemagne de l'Est.

Mais à l'ouest du mur qui s'élève, une femme a d'autres idéaux et rêve de renouveau. Liz, architecte américaine, entend bien tout faire pour défendre les valeurs du monde occidental. Quand Gerd rencontre Liz, la force de ses convictions commence à vaciller… »


Voilà un livre qui fait ressentir un certain malaise. L'écriture manque de chaleur mais sert magistralement le propos qui est glaçant. Le lecteur suit pas à pas Gerd, témoin  actif de la  reconstruction de Berlin.

Résistant durant la période du nazisme, il  a conscience qu'en tant qu'Allemand, il porte la responsabilité collective des horreurs commises durant la guerre. Ce poids sera un moteur dans son désir de participer à l'élaboration d'une société solide, seul rempart, pense-t-il, à la tyrannie et la barbarie.

Son désir est largement lié à son amour pour Käthe qui apparaît vite comme une fanatique. Atteindre son idéal l'amène à se deshumaniser totalement.


Gerd est pris entre deux feux…. deux femmes... deux modèles, entre l'Est et l'Ouest. 

Si, petit à petit, il prend conscience des dérives totalitaires qui se mettent en place, il ne peut complètement se résoudre à trahir ses idéaux nés de la fin de la guerre et symbolisés par son amour de jeunesse. Il passe son temps à ne faire les choses qu'à moitié : il donne des renseignements à l'Ouest mais... pas trop, il aide certains à passer le mur mais... pas tous.

Son attirance pour l'Ouest est, quant à elle, symbolisée par Liz. L'évolution de ses rapports avec Gerd est lente, suivant le cours des désillusions de ce dernier quant aux méthodes utilisées à l'Est pour retenir les gens.


Jusqu'au bout le lecteur n'aura aucune certitude sur les décisions que prendra Gerd. Il est impossible d'anticiper et, comme le personnage principal, on est pris au dépourvu par le dénouement de chaque péripétie. On comprend relativement vite que ce n'est pas lui qui tire les ficelles. N'étant pas maître du jeu, Gerd tombe des nues à la découverte de chaque manipulation dont il est souvent un rouage sans le savoir.

Le lecteur finit par se sentir aussi perdu et oppressé que le héros.


Ni l'Est, ni l'Ouest  ne sont épargnés dans la critique des méthodes qui font passer un système avant l'Humain. Manipulations et contre-manipulations sont pléthoriques. On finit par ne plus savoir qui joue le jeu de qui.

Cela donne une ambiance terrible. On referme ce livre un peu assommé par les faux-semblants, se demandant si la fin justifie les moyens.

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