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Une belle grève de femmes

Crignon Anne

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Libertalia, 2023


« Douarnenez (Finistère), l'hiver 1924. Dans les vingt conserveries de sardines, deux mille filles d'usine œuvrent, nuit et jour, au gré des arrivages, à emboîter au plus vite ce poisson fragile.

Elles sont là entre dix et quatorze heures d'affilée pour une paye minuscule, versée par des industriels dont même le ministre du Travail dit " qu'ils sont des brutes et des sauvages ".

Le 21 novembre, un patron refuse de recevoir des ouvrières exténuées…»


Ce récit se lit comme un roman. Cette aventure sociale victorieuse est peu connue et c'est ici un bel hommage rendu à ces ouvrières qui ont fait grève et battu le pavé pendant six semaines.

La narration de leur combat est entrecoupé de témoignages des protagonistes de l'époque.


Avant d'entrer dans le vif du sujet, Anne Grignon plante le décor. On découvre alors la dure vie quotidienne des ouvrières d'usine de sardines.

Ces petites mains, pourtant indispensables dans la chaîne de production, sont payées une misère pour un travail long et harassant. Les femmes, qui au sortir de la Première Guerre mondiale ont perdu leur mari, ne peuvent subvenir aux besoins élémentaires de leur famille avec leur seul salaire.


Si en 1924, le travail des enfants de moins de douze ans est interdit, les patrons ne rechignent pas à les embaucher quand même.

De leur côté, les familles n'ont d'autre choix que de les y envoyer pour compléter leur revenu.


Les descriptions du labeur et de la vie quotidienne des ouvrières sont très instructives et véritablement poignantes. Elles ne réclament qu'une modeste augmentation et le refus des patrons de les recevoir va mettre le feu aux poudres.


La suite des événements va nous faire découvrir Lucie Colliard, une syndicaliste, enseignante, pionnière du féminisme. Membre du PC, elle est envoyée à Douarnenez pour soutenir la grève. Elle assiste à la naissance d'un engagement politique qui se fait hors des théories mais dans la pratique, dans l'organisation du combat au jour le jour et dans le développement de la solidarité.


Le lecteur croise également Charles Tillon qui deviendra quinze ans plus tard le célèbre résistant, mais surtout il découvre le maire de Douarnenez,  Daniel Le Flanchec, communiste et personnage haut en couleur. Soutien inconditionnel des ouvrières en grève, sa vie est particulièrement romanesque.


La grève durera six semaines, le temps pour les patrons d'usines d'écouler leurs stocks. Leur plan, pour la reprise de l'activité, sera particulièrement scabreux et scandaleux.


Ce petit livre, qui met à l'honneur une lutte menée par des femmes ordinaires se lit avec beaucoup de plaisir et même d'émotion !

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