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Un bon rabbin

Benguigui Manuel

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Mercure de France, 2009


“Chlomo est un rabbin qui veille avec beaucoup d'affection et de miséricorde sur sa petite communauté de fidèles. Lorsqu'il rencontre l'énigmatique Jacob, sa vie prend un tour inédit. Car Jacob est un tueur à gages névrosé, proche de la dépression. Pour lui laisser le temps de se refaire une santé et de trouver son chemin, Chlomo décide de prendre sa place.

Mais les nouvelles activités du rabbin ont des conséquences : il néglige ses fidèles, rate le Shabbat. Dans son entourage, on commence à se poser des questions...”


Avec ce troisième roman, Manuel Benguigui confirme son talent d'écrivain atypique. Une fois de plus, ses personnages sont savoureux :  Chlomo le bon rabbin, si bon qu'il devient tueur à gages pour rendre service, Jacob ensuite, fatigué de son métier. Vient ensuite la petite communauté de fidèles de la synagogue. Ces membres (tous d'un âge assez avancé) sont à la fois émouvants et délicieusement ridicules.

Leur propension à croire au démon est très drôle, leurs aventures pour attraper ce dernier sont franchement hilarantes.

Au-delà de l'humour, la question posée par ce roman est philosophique. Les notions de Bien et de Mal sont au cœur du propos. La fin justifie-t-elle les moyens ?

L'inversion potentielle des valeurs est-elle viable à long terme ?

Ces concepts très abstraits sont parfaitement illustrés par les événements qui vont s'enchaîner dans la nouvelle vie de ce “bon rabbin”.

Chlomo rend, dans un premier temps, service mais l'argent (mal) gagné peut-il être dépensé sereinement même si c'est pour le bien de la communauté ?

Pour poser la problématique de façon efficace, Benguigui a eu la riche idée de ne pas donner d'histoire et d'identité aux “éliminés”.

Réduits à l'image de visages qui sont le symbole parfait de ce qui hante les mauvaises consciences Chlomo et Jacob devront vivre avec.

L'écriture est excellente, fine, sérieuse et pleine d'humour à la fois : “il demanda la permission à Dieu, solennellement, arguant de la sincérité de sa démarche. Dieu ne manifesta aucune objection. Il laissa Chlomo décider”

“...La synagogue semblait au bord de tels sommets que le triomphe triomphait du triomphe...”

“Un bon rabbin” est à mettre dans la même catégorie que “A serious Man” des frères Cohen (2009), c'est jubilatoire.

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