Les Moissons, 2022

« De la fin du Premier Empire en 1814, à la fin du Second Empire en 1870, voici contée l'histoire d'une famille qui a œuvré à la création de la plus prestigieuse des stations balnéaires françaises sur la côte Atlantique. »

Cette saga ravira les habitués d'Arcachon. Tous ceux qui ont flâné sur le cours Lamarque de Plaisance, dans les rues Degane, Héricart de Thury… découvriront avec un grand plaisir qui se cachent derrière ces noms. Et surtout on mesure le chemin parcouru, d'un lieu hostile à un paradis balnéaire !

La saga familiale rend le propos romanesque et évite ainsi la rigidité didactique d'un livre d'histoire. Cela dit, ce volet de l'ouvrage est très classique. La dynastie fondée par le patriarche, comporte son lot de salauds et de gentils. Seul Amédée Bouscatière sait sur quoi est fondée la fortune qu’il n'aura de cesse de faire fructifier.

Revenu riche des campagnes napoléoniennes, il saura mener sa barque sur un bassin dont il pressent le futur potentiel. Achetant des terrains de dunes, de pins, voire marécageux, il mise sur les progrès techniques et le développement d'une société de loisirs qui rendront le territoire attractif.

Le plus intéressant dans cet ouvrage est d'assister à la naissance d'une ville, Arcachon, et à la transformation de ses environs.

Sous le Premier Empire, Arcachon n'est qu'un quartier de La Teste, modeste village de pêcheurs. C'est encore moins qu'un quartier, c'est une plage, avec une ou deux pensions de familles pour les Bordelais les plus courageux qui bravent un voyage éprouvant de plusieurs heures dans des contrées qu'ils qualifient de  " sauvages et hostiles ". 

Quand on connaît la région aujourd'hui, on s'amuse beaucoup à lire les impressions de ses premiers touristes.

Arcachon est née de la convergence de plusieurs 

facteurs. Le désir de riches financiers visionnaires qui va de pair avec le développement des progrès. L'arrivée du train bouleverse fondamentalement l'activité de cette partie du bassin.

La naissance de la ville ne sera pas sans heurts : épidémie de choléra, changements de régimes, faillites….

Une fois les bords de plage investis, on assiste à l'édification de la Ville d'Hiver. Les si célèbres frères Pereire entrent dans la danse. L'un d'eux atteint d'une maladie respiratoire, il n'est pas étonnant que leurs constructions suivent les recommandations médicales de l'époque : une bonne circulation de l'air sans courant d'air !

Beaucoup de passages sont amusants : la trahison de Lamarque de Plaisance qui choisit Arcachon alors qu'il est maire de La Teste, la construction de l'étrange château Degane qui ne sera jamais habité (aujourd'hui casino), l’épique venue du couple impérial…

Parallèlement à la bonne société composée majoritairement de non natifs (sachant qu’à  Arcachon, même ceux de la ville d'à côté sont des étrangers),  le lecteur découvre la dureté du métier de pêcheur.

Les cabanes miséreuses s'alignent, notamment au Cap Ferret, l'océan englouti son quota de marins, le sel ronge les mains de ceux qui se lancent dans la toute nouvelle aventure des parcs à huîtres…

Ce roman est très agréable à lire et nous fait découvrir un décor qu'on ne peut soupçonner quand on parcourt la ville aujourd'hui !