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Le cauchemar

Fallada Hans

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De Noël, 2020


« La Seconde Guerre mondiale s'achève à peine dans ce bout de campagne allemande lorsque Herr Doll, un écrivain d'âge mûr, est désigné par les Russes, maire par intérim de son village. Le couple qu'il forme avec sa jeune épouse, riche veuve d'une précédente union, ne manque pas de susciter les médisances. et son nouveau statut d'homme de pouvoir, au lendemain de la chute des nazis n'arrange rien. Le couple persécuté fuit pour Berlin où tout n'est que ruine et désolation. »


Un livre magistral ! Fallada fouille minutieusement la psychologie de ses personnages mais à travers eux c'est de tout un peuple dont il dresse le portrait. Et ce portrait est sans complaisance, c'est même un réquisitoire très sévère.

Tout au long des pages, on se prend de plein fouet que les mécanismes de l'âme humaine ne sont pas si simples.

Il n'y a pas, un bon peuple allemand qui serait devenu un horrible peuple nazi avant de redevenir bon à la fin de la guerre. Les vils comportements n'ont pas disparu mais comme le dit le personnage principal « maintenant c'est allemand contre allemand. »

Pour ceux qui ont une conscience, la reconstruction sera encore plus difficile. Herr Doll, dégoûté de ses contemporains est aussi clairvoyant sur sa propre attitude. Certes, il n'a jamais adhéré au nazisme mais se remettra t-il un jour de n'avoir rien fait contre non plus ?

La première partie du roman se passe dans un village. Ce n'est pas sans une pointe d'humour que l'auteur nous décrit l'ambiance de mesquineries de ce milieu propice aux ragots qui font et défont en un tour de main les réputations.

Cette tendance « naturelle » a été exacerbée par le nazisme. On épie son voisin, on dénonce... un instituteur pose des questions insidieuses à ses élèves pour savoir si à l'intérieurdes maisons, on est de bons patriotes.

Après la guerre, Herr Doll, l'habitant le plus détesté du village est propulsé mère par les russes. Tout d'abord animé d'un désir de vengeance et de justice, la tâche finira par lui semblé insurmontable. Ni regrets, ni homme nouveau, l'âme humaine de ce village trop noire est irrécupérable.

À Berlin, la tâche de reconstruction semble si énorme que beaucoup d'Allemands préfèrent fuir la réalité dans des paradis artificiels. Les belles rencontres sont si peu nombreuses que l'apathie gagne ceux qui ne savent pas jouer des coudes pour survivre, ceux qui comptent sur des rapports humains apaisés et fraternels.

Un passage résume parfaitement l'état psychologique du héros qui s'interroge sur son métier d'écrivain. “Tout semble tellement sans espoir. Qui sommes-nous donc encore, nous les Allemands dans ce monde que nous avons détruit ? À qui devons-nous nous adresser : aux Allemands qui n'ont aucune envie de nous écouter ou bien aux nations étrangères qui nous haïssent”

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