Le Livre de Poche, 2010

« Adolphe Pâques est coiffeur. Pas n'importe quel coiffeur : celui de François-René de Chateaubriand, le grand écrivain, l'ancien ministre, l'homme le plus célèbre d'Europe.

Il est en train d'écrire ce qui sera Les Mémoires d'outre-tombe sous la curiosité universelle. Notamment celle d'Adolphe, si fasciné par son client qu'il conserve tous ses cheveux coupés et s’en sert pour composer des tableaux… »

Ce très court roman est très original et bien savoureux. On s'amuse beaucoup à cette lecture et on découvre que tout ce qui nous semblait être humoristique est véridique ! Adolphe Pâques a bien été le coiffeur de Châteaubriand et son admiration pour celui qu'il considère à la fois comme un grand écrivain mais également comme un grand homme, développe chez lui une forme de fétichisme. Il va garder les cheveux coupés de son client et contemple jalousement son trésor qui s'accroît au rythme des pages de ce qui sera la grande œuvre de l'auteur de « Les Mémoires d'outre-tombe ».

Ce coiffeur qui aime frayer dans la bonne société a du goût pour l'art et la littérature. Il ne se contente pas de collectionner les cheveux de son auteur favoris pour en faire des tableaux,  il affectionne particulièrement être le premier à écouter les pages écrites par Chateaubriand. Ce dernier testant sur son coiffeur les effets de sa prose.

Le lecteur assiste donc à l'édification d'un monument de littérature.

Le tout est conté avec une belle pincée d'humour : « Il avait de moins en moins de cheveux et il fallait toujours qu'il semble décoiffé. Donner l'air ébouriffé à un grand homme qui a l'habitude de rabattre sa dernière mèche sur le dessus du crâne, c'est un exploit ».

Adolphe Pâques vit une relation privilégiée avec l'écrivain mais l'arrivée de Saint-Malo d'une certaine « Sophie » va bouleverser les rapports entre le coiffeur et son client. 

Dès la première page, le lecteur sait que le héros du roman achète une arme… pour tuer qui, et pourquoi ? Cette question noue un petit suspense, mené habilement.

À travers ce roman, Adrien Goetz nous fait également entrer dans les coulisses du monde de l'édition du XIXe siècle. Le manuscrit des Mémoires d'outre-tombe suscite bien des convoitises, des attentes et des appréhensions.

Certains aimeraient y faire des coupes lorsque les passages qui les concernent ne les montrent pas à leur avantage. D'autres voudraient publier, en avant-première, certaines pages…  Mais pour cela il faut envisager de les voler !

Il faudra attendre les dernières pages pour découvrir qui était cette Sophie qui a tant semé le trouble dans la vie du coiffeur de Chateaubriand…

Cette histoire rocambolesque est très plaisante à lire !