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Connemara

Mathieu Nicolas

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Actes Sud


« Hélène a bientôt 40 ans. Elle est née dans une petite ville de l'Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d'architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir.

Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.

Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n'a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n'est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l'âge des choix… »


Connemara nous offre un excellent tableau de notre société. Si l'ensemble manque de rythme, car l'auteur va souvent très (trop ?) loin dans la narration des « petits riens », nombre d'analyses des maux du monde actuel sont à la fois très intéressantes et très perspicaces.

La psychologie des personnages est fine et très travaillée. Nicolas Mathieu semble avoir la capacité de retranscrire les sentiments de tout type de personnes : de l'adolescente exaspérée de ses parents, du quadra bobo, du beauf, au vieux atteint d'Alzheimer. Chaque personnage semble plus vrai que nature, ce qui donne sa force au roman ainsi que toute crédibilité aux analyses proposées.


Hélène nous fait entrer dans la vie d'une transfuge de classe. On mesure avec elle le chemin parcouru pour grimper l'échelle sociale mais également la forme de haine de sa classe qu'il faut ressentir pour avoir la force de s'en extirper. Si son nouveau monde est celui de l'aisance financière, il est aussi celui de l'inutilité sociale et des mots vides de sens. Tous ceux qui auraient besoin d'une démonstration claire du coût inutile des sociétés de conseil sont invités à lire ce roman.


Avec Christophe, le lecteur entre dans la vie de celui qui n'a pas voulu de changement. Au contraire même, il a voulu rester celui qu'il pensait pouvoir être quand il était adolescent.

Le hockey n'a pas été son avenir pourtant il veut encore y croire.


Les retrouvailles d'Hélène et de Christophe ont un côté pathétique. Pour elle, c'est une forme de revanche sur le passé. C'est « se taper » l'ancien beau gosse du lycée sur lequel elle fantasmait dans ses jeunes années.

Pour lui, c'est tromper sa solitude et mettre un peu d'allant dans une vie bien tristounette.


Si l'ensemble est parfois un peu long, on s'attache aux différents personnages, découvrant au fil de la lecture ce qui les a amenés à une  vie, au final, si peu satisfaisante.

Si la conclusion du roman laisse un peu perplexe sur le message délivré, une chose est sûre, Nicolas Mathieu interroge largement sur ce que signifie « réussir sa vie ».

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