Le crépuscule des hommes
de Montesquiou Alfred
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3
Robert Laffont
Prix Renaudot Essai 2025
« Chacun connaît les images du procès de Nuremberg, où Göring et vingt autres nazis sont jugés à partir de novembre 1945.
Mais que se passe-t-il hors de la salle d'audience ?
Ils sont là : Joseph Kessel, Elsa Triolet, Martin Gelhorn ou encore John Dos Passos , venus assister à ces dix mois où doit œuvrer la justice. Des dortoirs de l'étrange château Faber-Castell qui loge la presse internationale, au box des accusés, tous partage la frénésie des reportages…. »
Ce très bon livre mêle à la fois la chronique historique et le romanesque. Si chacun connaît les images du procès de Nuremberg, l’auteur nous propose d'aller au-delà et de nous restituer l'ambiance qu'il y a pu avoir autour de cet événement, au retentissement international.
Nuremberg est en ruine, mais c'est là que le procès doit se dérouler. L ‘infamie doit cesser là où elle a commencé !
Dès le départ, l'ambiance est tendue, beaucoup des « ouvriers » qui remettent en état les locaux, sont d'anciens SS. Suspicions et animosités sont donc nombreuses.
Ces dernières ne sont pas le seul apanage des ennemis, les relations entre les alliés ne sont pas non plus au beau fixe.
L'escalade des tensions entre l'Amérique et l'URSS a des conséquences sur le procès et inversement. Dans ce domaine, Alfred de Montesquiou harmonise bien la petite histoire à la grande.
En suivant le quotidien des journalistes internationaux, on prend conscience des rivalités, du poids des choix politiques des grandes puissances mais se dessinent également les futurs conflits. Chaque journaliste débarque avec son passif : ceux qui ont manqué toutes les grandes étapes du conflit et espèrent faire leur meilleur papier durant ce procès, ceux qui ont, au contraire côtoyé la guerre au plus près et sont en manque d'action, et enfin ceux qui ont vu les camps de concentration et ne peuvent plus supporter la légèreté.
Durant les huit mois de procès, la vie continue et elle est aussi faite de fêtes : on boit, on danse, on drague…
Le quotidien des journalistes alterne entre frénésie et ennui. Ils vivent au rythme d'une procédure qui n'est pas toujours passionnante, alors il faut bien qu'ils s'occupent. La description de ce microcosme apporte l'aspect romanesque à ce livre qui sans cela serait certainement plombant.
C'est aussi l'occasion de dresser le portrait de certaines figures connues, passées par là : Joseph Kessel, Elsa Triolet, John Dos Passos…
Alfred de Montesquiou parvient adroitement à préserver l'équilibre entre le sérieux de la recherche historique et un certain souffle romanesque.
