Éditions Philippe Rey, 2017

« Ninetto, 57 ans, incarcéré dans une prison milanaise pour encore quelques semaines, repense à sa jeunesse. 

À neuf ans, alors qu'il se rêve poète, il abandonne à contre-cœur sa Sicile natale pour Milan. À l'aveuglette, il arpente la ville inconnue, trouve un logis, un emploi…. et les années passent jusqu'à ce que l'enfant, déjà un peu adulte, s'efface pour devenir adolescent, découvrir l'amour…. »

Le dernier arrivé est un roman émouvant pour le propos et habilement construit pour la forme. Les temporalités se mêlent pour se rejoindre et nous donner les clés de certaines questions qui sont en suspens dès les premières pages. Ninetto est en prison, le lecteur ne sait pas pourquoi.

Sa fille ne veut plus le voir et encore moins lui présenter sa petite fille.

Avant sa sortie, Ninetto se remémore son enfance pauvre, très pauvre comme pour beaucoup de ceux qui vivent dans le sud de l'Italie. Lui qui aimait l'école doit l'abandonner à neuf ans pour aller travailler quand sa mère est gravement diminuée suite à une apoplexie.

Lui, qui aimait son village doit le quitter car il n'y a pas d'avenir ici dans les années 1950. C'est au nord qu'il faut migrer, c'est donc à Milan que Ninetto va tenter sa chance.

Jusqu'à son entrée à l'usine à quinze ans, sa vie milanaise ne sera pas moins miséreuse que dans son village car ils sont nombreux, les travailleurs du Sud, à chercher de meilleures conditions de vie.

Mariés très jeunes, Ninetto et sa femme entrent dans l'âge adulte à quinze ans, âge auquel on peut entrer officiellement dans la vie active.

Les trente-deux ans à l'usine  sont, pour Ninettto, comme un trou noir dans lequel il n'a pas vu sa vie filer.

À sa sortie de prison, il poursuit le bilan de sa vie et nous rapproche de l'acte qui l’y aura mené. Ninetto ne reconnaît plus la ville. Les rues de son enfance ont changé. L'usine de sa vie d'adulte a fermé. Les migrants du sud de l'Italie ont été remplacés par ceux d'un Sud plus lointain. Notre héros observe tous ces changements et entraîne le lecteur dans un questionnement existentiel profond. Il interroge notre humanité sur la question très actuelle des migrants.

Le dernier arrivé change de ton à chaque « temps » de la vie de son héros. Il nous donne à voir les mutations d'une société à travers un destin individuel. C'est un très beau roman qui glisse de la malice de l'enfance vers la gravité de l'adulte qui cherche un sens à tout ce qu'il a vécu.