Flammarion, 2022

«  -Tu crois qu'il va venir ? m'a demandé Antoine en s'allumant une cigarette. J'ai haussé les épaules. Avec Paul comment savoir ? Il n'en faisait toujours qu'à sa tête. Se souciait peu des convenances. Considérait n'avoir aucune obligation envers qui que ce soit. Et surtout pas envers sa famille qu'il avait laminée de film en film, de pièce en pièce, même s'il s'en défendait… »

Dans sa forme, ce roman fait référence au théâtre :  trois actes,  unité de temps et de lieu. Olivier Adam explore les liens au sein de la famille. À l'occasion de l'enterrement du père, trois frères et sœurs se retrouvent dans le pavillon de banlieue de leur jeunesse.

Tour à tour narrateurs, ils nous livrent leur vécu si différent, d'une même famille à laquelle ils appartiennent pourtant tous les trois.

L'analyse est bien vue : être issu de mêmes parents et vivre au même endroit n'implique pas d'avoir des souvenirs identiques. Selon le sexe, la position dans la fratrie et l'écart d'âge, on ne sera pas élevé de la même façon. Devenu adulte, on peut alors avoir une vision radicalement différente de nos parents et de notre enfance. 

Claire, l'aînée, dont le rôle a toujours été celui de maintenir les liens, a toujours du mal à prendre franchement parti dans les conflits familiaux.

Devenue soignante, comme par extension du rôle qui lui a été attribué dans sa jeunesse, elle est enfermée dans une vie de couple peu satisfaisante.

Paul, le transfuge de classe, qui a fait son succès artistique sur une description peu glorieuse de son milieu et par conséquent de sa famille, brouillé avec son père, est l'égoïste qui force le trait pour mieux vendre ses livres ou ses films.

Le petit dernier, Antoine est le bon fils.

Chacun des trois, enfermé dans ses souvenirs, ne peut concevoir la réalité des deux autres. Cette mise en abyme de la famille est habilement menée et est asssortie de descriptions très justes aussi bien en ce qui concerne le petit pavillon de banlieue que le microcosme intello parisien.