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Les enfants de Cadillac

Noudelmann François

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Gallimard, 2021


« En 1900, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie, Chaïm, le grand-père du narrateur, arrive en France.

Afin d'obtenir la nationalité française, il s'engage dans l'armée et prend part à la Grande Guerre. Il est gravement blessé par une bombe chimique. Il passe vingt ans en hôpital psychiatrique, avant de mourir dans l'anonymat. En 1940, Albert, le père du narrateur; est fait prisonnier et dénoncé comme Juif. Lors de la libération des camps, il met plusieurs semaines à rejoindre la France à pied depuis la Pologne... »


Les enfants de Cadillac est un très bon livre qui,  à mi-chemin entre roman et récit, nous invite à nous interroger sur ce que signifie « appartenir à un pays ».

Chaïm, le grand-père brocanteur a traversé l'Europe en charrette pour fuir les pogroms. Son long parcours s'arrête en France, peut-être parce que c'est le pays des Droits de l'Homme, ou alors  la traversée vers l'Amérique est-elle trop compliquée.

Quelle que soit la raison, c'est la France qu'il adopte et c'est pour obtenir la nationalité française qu'il va être un engagé volontaire de la Première Guerre mondiale.

Toute cette première partie est l'occasion de remettre en lumière tous les traumatismes et séquelles engendrés par la guerre de 14-18.

Si la psychiatrie en est à ses balbutiements, la réalité des hôpitaux et des traitements reste terrible.

La famille de Chaïm, occupée à survivre, n'aura guère le temps de s'apitoyer, ni sur ses pathologies ni sur son isolement.


Son fils, Albert, traversera la guerre suivante. Faisant peu de cas de sa judéité, il comprendra très vite que cacher ses origines est préférable pour survivre.

Toute cette deuxième partie est haletante. Le parcours d'Albert est terriblement romanesque. Il a failli mourir mille fois, ne devant sa survie qu'à la chance, parfois à son culot ou encore à la solidarité avec certains camarades.

Comme Chaïm, Albert traversera également l'Europe mais à pied, à la Libération.

Après tout ce qu'il a vécu, le retour à une vie normale paraît bien hasardeux…


La troisième et dernière partie est très intéressante mais un peu moins passionnante, sûrement parce que plus contemporaine et, si elle interroge sur des sujets primordiaux, elle manque de recul parfois.

François Noudelmann retrace son parcours. Celui d'un fils dont le père n'a pas raconté ses années de guerre et qui a eu du mal à trouver sa place dans la société d'après-guerre. Celui d'un petit-fils dont on ne reconnaîtra jamais qu'il fait partie des morts pour la France et que la société désignera toujours comme juif avant d'être français.


Très bien écrit, Les enfants de Cadillac nous fait traverser avec intelligence et sensibilité cent ans d'une histoire qui nous semble toujours d'actualité.

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