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Une femme en contre-jour

Josse Gaëlle

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Notabilia, 2019


« Raconter Vivian Maier, c'est raconter la vie d'une invisible, d'une effacée. Une nurse, une bonne d'enfants. Une photographe de génie qui n'a pas vu la plupart de ses propres photos. Une américaine d'origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d'enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s'ancrer et de trouver une famille. »


Ce petit livre est une lecture idéale juste avant ou juste après la visite d'une exposition des photographies de Viviane Meier.

Son travail est remarquable, certes, mais il prend une tout autre dimension quand il est remis dans son contexte. Les photographies de Vivian Meier sont esthétiquement très belles mais elles racontent également une histoire. Ses scènes de rue, ses portraits pris sur le vif , sont autant de témoignages de la réalité d'une époque :  les années 50 où le rêve américain n'est pas au rendez-vous pour tous.

Gaëlle Josse a retracé l'histoire de cette grande photographe qui s'ignorait. Mener l'enquête n'est pas chose aisée puisque avant sa mort, Vivian Meier n'était qu'une anonyme.

L'auteur n'a pas voulu écrire une biographie romancée. Elle écrit ce qui est avéré, soulignant  par la même occasion les témoignages contradictoires de ceux qu'ils l'ont connue. Elle pose des questions sur les périodes floues de la vie de la photographe. Elle propose des réponses élaborées à partir de ce qu'elle sait de la personnalité et de la psychologie de son sujet mais se refuse à inventer pour combler les vides de la narration.


En suivant la photographe, se dessine devant nous l'histoire de l'immigration  américane. Sa grand-mère, mère célibataire, a laissé sa fille en France pour travailler comme domestique chez de riches familles new-yorkaises. La mère de Vivian n'arrivera que beaucoup plus tard et ne parviendra jamais à trouver sa place, ni aux États-Unis, ni en France où elle retournera vivre durant plusieurs années avec sa fille qui a alors six ans,  laissant derrière elle un mari violent et instable ainsi qu'un fils dont la garde a été retirée au couple.


L'enfance de Vivian Meier n'est globalement pas très heureuse. C'est le prélude d'une vie d'épreuves, de solitude et de pauvreté. Devenue nourrice à Chicago, elle restera très longtemps dans la même famille. Remerciée lorsque les trois enfants dont elle s'occupe ont passé l'âge d'avoir une nounou, elle ira de famille en famille, ne parvenant pas à se fixer. Ses déménagements incessants ne l'aideront pas à surmonter les difficultés d'un psychisme sûrement déjà bien fragile.

Vivian Meier est morte pauvre, seule avec des troubles  paranoïaques naissants. Quant à ses photographies qui représentent des milliers de clichés, elles ont une histoire pour le moins romanesque puisque elles ont été découvertes totalement par hasard.

Une femme en contre-jour est un bon livre pour mettre une histoire sur des images qui aujourd'hui font le tour du monde sans leur propriétaire.

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