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La fille qu'on appelle

Viel Tanguy

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Les Éditions de Minuit, 2021


« Quand il n'est pas sur un ring à boxer, Max Le Corre est chauffeur pour le maire de la ville. Il est surtout le père de Laura qui du haut de ses 20 ans, a décidé de revenir vivre avec lui. Alors Max se dit que ce serait une bonne idée si le maire pouvait l'aider à trouver un logement. »


Comme avec article 353 du code pénal (voir rubrique « tous mes livres »), Tanguy Viel nous invite à réfléchir et nous pousse dans nos retranchements. Si l'histoire est banale dans un paysage où les affaires d'abus sexuels n'en finissent plus d'être révélées,  les réflexions soulevées par la fille qu'on appelle sont intéressantes autant que dérangeantes

Cela dit, c'est sûrement parce que c'est dérangeant que cela en devient intéressant. La description du mécanisme de l'emprise du "fort sur le faible" donne un sentiment de malaise et laisse un goût amer.


D'un côté nous avons le maire, sûr de lui, un homme politique qui a des visées plus larges que sa simple commune.

Pressenti pour entrer au gouvernement, ce personnage incarne à mes yeux la problématique de l'homme politique actuel. Le fort sentiment d'impunité. Globalement le puissant abuse de sa position, ce qu'il désire, il le dérobe sans préoccupation aucune de morale, de justice, de considération humaine, vis-à-vis de celui à qui il prend.

De l'autre, le faible est si démuni qu'il n'est même plus en position de résister. Il ne pense même pas qu'il le peut.

Sa situation de domination est telle, qu'elle est complètement intériorisée. Nul besoin de force pour lui prendre quoi que ce soit, il donne parce qu'il sait que c'est ce qu'on attend de lui.

Ce mécanisme extrêmement bien décrit par l'auteur est dans ce roman double.

La domination d'une personne de pouvoir sur quelqu'un qui est socialement en bas de l'échelle. C'est également celle d'un homme sur une femme.

Tanguy Viel dépasse la simple notion de consentement.

En échange d'un appartement, la jeune et belle Laura se soumettra au maire avant même qu'il ne tente quoi que ce soit.


Bien que quelques passages soient un peu alambiqués, l'ensemble du roman est très bien construit. Dès les premières pages, le lecteur est informé habilement qu'un « événement s'est produit ». Laura est entendue au commissariat, Elle raconte son histoire sans que l'on sache pourquoi. Porte-t-elle plainte pour viol ?  A-t-elle tué le maire ou est-ce son père qui l'a vengée, découvrant dans quelles griffes il l'avait lui-même jetée ?

La narration progresse petit à petit nous laissant découvrir la personnalité et l'histoire de chaque protagoniste au rythme des révélations de Laura.


Ce roman de réflexion bénéficie d'une bonne dose de suspense. Une fois achevée, cette lecture peut laisser KO…

Ce n'est peut-être pas pour rien que l'auteur a choisi de faire du père de Laura...un boxeur !

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