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Les gratitudes

De Vigan Delphine

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Jean-Claude Lattès, 2019


“Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois, dans votre vie vous aviez réellement dit merci ? un vrai merci.

L'expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette.

À qui ?

On croit toujours qu'on a le temps de dire les choses et puis soudain c'est trop tard.”


Michka vieillit, de plus en plus souvent désorientée, les mots lui échappent, il n'y a plus que dans ses cauchemars qu'elle parle avec l'aisance qu'elle avait jusqu'alors connue.

Installée en maison de retraite, elle sera cependant encore très épaulée. Tout d'abord par Marie, une jeune femme dont au fil des pages on comprendra le lien très fort qui l'unit à Michka, comme une fille à sa mère.

Puis par Jérôme, l'orthophoniste de l'institution qui déploie exercices, patience et humanité pour que les derniers mots de Michka ne s'évaporent pas dans l'indifférence.

C'est à la fois un texte tendre et fort sur la fin de vie mais surtout sur le temps que nous n'avons pas pour dire ce qui nous tient réellement à cœur, pour “rendre” ce qu'on nous a donné.

L'histoire de Michka est contée par petites touches, nous permettant de mieux comprendre son état d'esprit, ses comportements passés (notamment son impossibilité de se placer dans le rôle d'une dénonciatrice) mais également l'urgence d'exprimer sa reconnaissance à ses bienfaiteurs.

Le texte de Delphine de Vigan est à la fois plein de tendresse mais aussi parsemé d'humour ce qui permet de faire baisser un peu la tension.

La fin de vie n'étant pas un sujet réjouissant ni léger, le tour de force de l'auteure est de parvenir à donner le sourire au lecteur.

On s'en veut presque, mais il faut reconnaître, que lorsque Michka prend un mot pour un autre, c'est souvent assez humoristique.

Michka tombe “la bête la première”, souvent pour elle les choses ne sont “pas si pire”, pour entrer en maison de retraite elle se demande s'il ne faut pas “montrer patte blanche”.

Ces écarts de langage donnent souvent de très belles phrases quasi poétiques : “c'est hors de gestion. Les vieux, tu sais, ça pèse lourd. Ça ne va pas s'arranger. Je sais très bien comment ça se casse, tu peux me croire.”

À mon sens, les meilleurs passages du livre sont ceux sur la fuite du langage plus que sur les “mercis” qu'on n'a pas dit.

Delphine de Vigan me fait à chaque fois le même effet : impressionnée par son écriture remarquable mais toujours un peu déçue par des fins un peu faciles eut égard au talent qu'elle déploie pour nous embarquer dans ses histoires.

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