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Je ne suis pas une héroïne

Fargues Nicolas

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POL, 2018


"Tu as 30 ans et tes aventures se suivent et se ressemblent.

L'amour, tu commences chaque fois par t'en faire un film toute seule. Puis tu le portes à bout de bras jusqu'à ce que les masques tombent, surtout celui que tu t'es collé toi-même sur les yeux.

Alors, imagine : entre ta petite vie sans histoire à Paris et une rencontre incertaine à l'autre bout du monde, toi tu ferais quoi ? Ne me dis pas : « j'irais parce que je n'aurais rien à perdre. »

Et si cette fois justement, tu avais tout à y perdre ?"


Un livre très actuel, avec beaucoup d'humour, une réflexion intéressante mais assez inégale sur l'ensemble.

Avec ce roman, Nicolas Fargues le dit lui-même, il s'est lancé plusieurs défis.

Les deux plus importants étant de se mettre dans la peau d'une femme, une jeune française de couleur noire de surcroit, dont les parents viennent du Cameroun.

L'auteur a voulu écrire une histoire, avant tout sur l'amour. Ce n'est pas ce qui est le plus réussi. Par contre, c'est sur ce thème qu'il y a les passages les plus drôles.

La jeune héroïne (qui selon le titre n'en est pas une... mais on ne saura pourquoi qu'à la fin) est pleine d'humour.

Un des meilleurs moments étant tout le « film » qu'elle se fait lorsqu'elle a le sentiment de se faire voler une rupture.

La liste de tout ce qu'elle aurait pu dire à cet Alain dont elle savait dès la première rencontre qu'il ne serait pas le bon, est assez irrésistible.

C'est amusant mais au final, l'analyse des échecs sentimentaux de Géralde est peu pertinente.

L'auteur souligne bien les désarrois liés à la solitude et le désir effréné de trouver l'âme sœur.

Mais plus que l'époque ou la couleur de peau, il semblerait surtout que Géralde, intellectuelle qui site James Baldwin,  tombe (à part un) sur des loosers.

À l'inverse, tout ce qui touche à la question raciale est très intéressant.

Tous les clichés sont au rendez-vous et leur accumulation donne la mesure des incompréhensions entre noirs et blancs mais aussi des absurdités des deux côtés ainsi que des inévitables contradictions de chacun.

Géralde ne supporte pas qu'on lui demande d'où elle vient, lui niant ainsi sa nationalité française, mais trouve louche ceux qui ne lui posent pas la question !

Géralde souffre d'une image de la beauté qui est majoritairement blanche, ne veut pas être mise sous des étiquettes qu'elle déplore qu'on accolle aux femmes noires : panthère, tigresse, lionne, perle noire...

Mais de son côté, elle met elle-même toutes les jeunes femmes blanches dans le même sac. Pensant, entre autre, que celles-ci peuvent, ados,  faire défiler leurs petits copains dans la maison parentale et se faire avorter comme si c'était anodin … !

On se demande bien si là aussi, il n'y aurait pas confusion entre couleur et niveau social ?!

« Je ne suis pas une héroïne » est un roman pas entièrement convaincant mais bien écrit, bien construit, les réflexions développées ne laissent pas indifférent.


 

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