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Je suis le carnet de Dora Maar

Benkemoun Brigitte

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stock, 2019


“Il était resté dans la poche intérieure du vieil étui en cuir acheté sur Internet. Un tout petit répertoire, comme ceux vendus avec les recharges annuelles des agendas, daté de 1951.

A : Aragon, B : Breton, Brassaï, Braque... À chaque fois, leur numéro de téléphone, souvent une adresse. Vingt pages où s'alignent les plus grands artistes de l'après-guerre. Qui pouvait bien connaître et frayer parmi ces génies du 20e siècle ?”


Un livre qui commence comme une enquête littéraire et qui se transforme en roman biographique d'une grande originalité.

L'enquête littéraire n'est qu'une amorce, son intérêt n'est pas dans ”à qui appartient ce carnet ?” puisque le titre du livre nous le dit mais plutôt dans “comment remonter la piste ?”

L'auteure nous embarque dans ses recherches : ses joies, ses déceptions, son obsession deviennent les nôtres.

Une fois établi qu'il s'agit du carnet de Dora Maar, on pénètre dans une recherche biographique passionnante. Ce livre n'est ni chronologique ni thématique, les entrées se font à partir des noms trouvés dans le répertoire.

Chacun de ces noms sera l'occasion d'explorer un pan de la vie de Dora Maar.

Éluard qui viendra à son secours lorsqu'elle perdra pied. Dubois,préfet, un espèce” d'anti Papon” oublié par l'histoire.

À la lettre P, un plombier grâce à qui on découvre l'aménagement de l'atelier de Picasso, rue des Grands Augustins.

Ce livre nous fait évoluer dans un monde d'artistes qui m'a captivée. L'art semblait alors bouillonnant, on cherche, on intellectualise, on débat...

Les retours sur les années d'occupation révèlent pour certains les engagements, pour d'autres une passivité douteuse.

En cheminant dans ce répertoire, c'est le portrait de Dora Maar qui se dessine sous nos yeux. Une femme complexe chez qui on observe une transformation sans vraiment comprendre pourquoi, chaque piste ne reste qu'une hypothèse.

Comment cette femme d'extrême gauche qui a brandi le poing contre le fascisme de Franco a-t-elle pu finir sa vie dans un sentiment religieux radical, antisémite, exposant Mein Kampf dans sa bibliothèque ?

Comment cette femme artiste, photographe et peintre, a-t-elle pu se laisser détruire par sa passion pour Picasso ?

L'empathie qu'on ressent pour “la femme qui pleure” se transforme petit à petit en dégoût pour cette vieille recluse qui sombre dans le mysticisme.

Si on n'a pas toutes les réponses, on découvre progressivement une artiste qui n'a pas été que la maîtresse de Picasso.

Ce dernier, une fois de plus, joue bien son rôle de génie mais semble bien vachard dans ses amitiés et amours

“Je suis le carnet de Dora Maar” est un très bon livre pour qui veut croiser Picasso, Eluard, Aragon, Cocteau, Giacometti, Prévert... et j'en passe !

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