Pointillés Belfond

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“ Certains disent qu'on est des monstres, des fous à électrocuter. Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme. Les plus jolis monstres du monde.

Au début des années sida, James est l'une des plus belles drag-queens de New York. La légende des bals, la reine des cabarets, l'ami fidèle des clubs kids et des stars Undergrund. Quand 30 ans plus tard, il devient le mentor de Victor, un jeune père de famille à l'humour corrosif, James comprend que le monde et les mentalités ont changé.”

Ce roman est une véritable ode à la différence.

Les tous premiers chapitres m'ont fait douter de mon envie de lire ce livre. Le style me semblait quelque peu abrupte, écrit à la première personne et majoritairement au présent, j'étais perdu dans une chronologie chaotique et des personnages entre lesquels j'identifiais difficilement les liens.

Mais finalement, tout se met assez vite en place et l'apreté du style correspond tout à fait aux parcours semés d'embûches des protagonistes .”Jolis Jolis Monstres” couvre trois décennies et se compose de deux parties.

James, alias Lady Prudence, raconte sa vie, son enfance, son adolescence, son arrivée à New York et dans le monde des Drag Queens. On découvre alors un univers bien particulier, celui de la nuit, les fêtes délirantes mais aussi les violences et les désillusions.

On traverse un New York qui n'existe plus, on croise Keith Haring, Madonna, Andy Warhol. La vie de drag-queen ne semble pas de tout repos, la recherche d'identité ou au contraire le refus d'être enfermé dans une seule identité, n'est pas sans heurts.

Souvent qualifiés de monstres, les personnages croisés dans cette première partie sont très attachants. Si leurs passés sont différents, un trait commun semble toutefois les rapprocher : une enfance marquée par la violence ou l'absence de mère ou l'abandon... Ce n'est pas anodin que dans le nouveau monde qu'ils se créent, ils se choisissent une « maman ».

L'arrivée fracassante du sida fera des ravages dans l'entourage de James. Tout cela, il le raconte à Victor qui à son tour, prendra la parole dans la deuxième partie.

Sur lui, je ne vous en dirai pas plus car le suspense qui l'entoure fait partie du charme du livre.

Le retour de James à New York est l'occasion de parcourir les rues de la ville et à travers lui de noter tous les changements. Les endroits nocturnes qu'il a fréquentés ont disparu, des clubs sont devenus des restos de quinoa, les cabarets miteux sont aujourd'hui des magasins de luxe... James constate que son monde n'existe plus.

« Jolis Jolis Monstres est un livre très touchant qui appelle à regarder l'autre au-delà des apparences.