Le meilleur des jours, Dans une autre vie
Montazami Yassaman
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Sabine Weispieser éditeur, 2012, 2025
« Il s'appelle Behrouz le "meilleur des jours " en persan. C'est mon héros, mon père. Iranien réfugié à Paris, il refuse de travailler. Fantasque, il cuisine le canard à l'orange la nuit, danse sur Boney M et affirme que la princesse Soraya est clitoridienne…»
« À Paris, où elle est arrivée après son mariage, comme à Téhéran où elle a grandi, la vie a toujours été un songe pour l'attachante héroïne de ce roman…»
Dans chacun de ces deux ouvrages, Yassaman Montazoni offre un portrait touchant et drôle de ses parents.
« Le meilleur des jours » c'est la signification du prénom du père de l'autrice. Behrouz est né prématurément et se sont les soins attentifs de sa mère qui le feront échapper à la mort. Les liens d'attachement maternel ne seront sans doute pas étrangers dans les futurs comportements du jeune Berhouz qui sera un éternel adolescent. Élevé dans un milieu bourgeois, marxiste convaincu, idéaliste, il réécrira en permanence le premier chapitre de sa thèse sur Marx sans jamais l'achever. Amoureux de la culture, il n'est fait que pour la vie intellectuelle, ce qui finira par être incompatible avec les obligations matérielles d'une vie de famille.
Tout en nous décrivant un homme souvent fantasque, l'autrice nous brosse en filigrane l'histoire de l'Iran.
Les espoirs déçus de la révolution iranienne sont nombreux. Ceux-la même qui ont contribué à destituer le Shah seront pourchassés par le nouveau pouvoir qui s’avèrera surtout une révolution islamiste.
Yassaman Montazoni vivra une enfance baignée de débats politiques et philosophiques dans le salon parental enfumé, investi par les exilés politiques que son père aidera toujours avec passion.
Enfant, l’autrice voue une admiration sans borne à ce père qui la traite comme une égale.
Adulte, son admiration n'est pas moindre mais elle sait aussi être moins complaisante.
La mère n'est pas absente de ce premier roman mais c'est avec Dans une autre vie que le lecteur fait plus amplement sa connaissance.
Humour et tendresse sont au cœur de ce livre qui est plus dur qu'il n'y paraît car il touche largement à la fin de vie. Si les premiers symptômes de la maladie neurodégénérative donne lieu à des passages cocasses, on mesure petit à petit la grande tristesse qui est liée à l’amoindrissement de la personne.
Roya a toujours semblé tout vivre de loin.
Née dans l'ombre du fantôme d'une sœur décédée, elle se fera discrète la plus grande partie de sa vie. En retraçant son histoire familiale, on découvre celle de l'Iran : les traditions orientales, la vie à l'occidental jusqu'en 1979, la disparition des mini-jupes au profit du voile après la Révolution.
Attachée aux siens, Roya viendra en France sans grand envie mais pour suivre son mari, l'éternel thésard.
Ces deux livres sont d'une grande délicatesse et offrent un agréable moment de lecture !