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Le Mage du Kremlin

Giuliano Da Empoli

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Gallimard, 2022


« On l'appelait le mage du Kremlin. L'énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d'émissions de télé-réalité avant de devenir l'éminence grise de Poutine, dit le Tsar.

Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. »


Vadim Baranov est un personnage fictif mais largement inspiré de Vladislav Sourkov qui lui est bien réel et qui est considéré comme le principal idéologue du Kremlin des années 2000. 

Dans le Mage du Kremlin,  la famille Baranov semble avoir une sorte de tradition dans la proximité avec le pouvoir, quel que soit celui-ci.

Son grand-père, proche du tsar, son père proche des hautes sphères communistes, c'est presque avec naturel qu'il devient conseiller de Poutine avec qui la boucle bouclée puisque ce dernier est rapidement surnommé le tsar.


Vadim Baranov a démissionné et il confie son histoire au narrateur de ce roman. À travers lui, on assiste à un vaste panorama de l'histoire politique de la Russie depuis la chute de l'URSS. Mais plus encore, c'est l'âme russe que l'auteur analyse ici avec une grande finesse. 


Baranov est un personnage dérangeant. Il ne semble animé, ni par une idéologie particulière, ni par des valeurs qu'il placerait si haut que la fin justifierait les moyens. Pour lui, la politique est un jeu et c'est même le seul jeu qui vaille la peine d'être vécu. 

Cet étrange personnage, inventeur pour Poutine du concept de « démocratie souveraine », retrace l'ascension au pouvoir de celui qui devient le nouveau tsar. Cette narration fait prendre conscience au lecteur de certains éléments immuables dans l'histoire russe : maintenir un empire, avoir un pouvoir fort à l'international, admirer son chef  même si c'est un dictateur, (comme ce fut le cas pour Staline). 


Des épisodes connus du monde entier, car diffusés par les médias, sont ici racontés du point de vue des Russes. Si tout le monde a trouvé bien sympathique d'assister au fou rire de Bill Clinton lors de la prise de parole de Boris Eltsine, finissant même par lui taper dans le dos, les Russes n'ont guère goûté ces images. Il a s'agit pour eux d'une humiliation et cette période des années 1990 fait partie de leurs plus mauvais souvenirs :  gouvernés par un alcoolique qui a laissé se déliter l'Empire, tout en laissant les clés du pays à une mafia violente. Poutine ne pouvait apparaître alors que comme l'homme de l'ordre, capable de redresser le pays. 

On comprend également que même si elle a changé de forme, la guerre froide n'est pas terminée. Comme le dit le Tsar : « Les Américains ont tort de penser l'avoir gagnée. Les Russes ne l'ont pas perdue. »


Il est impossible de tout décortiquer ici. Il faut lire Le Mage du Kremlin pour comprendre la psychologie effrayante de Poutine, la mécanique impitoyable du pouvoir mais surtout pour ne pas oublier qu'il répond sans doute au désir d'une grande majorité du peuple russe !

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