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Le miel et l'amertume

Ben Jelloul Tahar

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Gallimard, 2021


« Tanger, au début des années 2000. Un pédophile abuse de jeunes filles en leur faisant miroiter la publication de leurs poèmes dans son journal.

Il agit en toute impunité, sans éveiller le moindre soupçon. Ce roman raconte l'histoire d'une de ses victimes, Samia, une jeune fille de 16 ans.

Elle ne se confie pas à ses parents, mais consigne tout dans son journal intime, qu'ils découvriront bien après son suicide… »


Un excellent livre qui dresse un tableau sans complaisance d'une société et des individus qui nourrissent ses travers.

On regrette vivement que la quatrième de couverture en dise beaucoup trop. La construction narrative du roman ménage un certain suspense qui finalement est vain du fait de l'éditeur.


Sur tout le début du livre, l'auteur prend bien garde de parler « du drame » qui a anéanti la famille dont il est question ici, sans le dévoiler.

Ce procédé, censé éveiller la curiosité du lecteur et faire monter une certaine tension se révèle malheureusement inutile.


Il est vrai que l'intérêt du livre ne réside pas uniquement et entièrement là, mais c'est tout de même dommage.

À travers les voix de Mourad, le père de famille, de Malika, la mère, de Viad, un jeune immigré africain et du journal de Samia, leur fille, on découvre à la fois un drame personnel et une société au bord du gouffre.

Tahar Ben Jelloun mêle avec habileté l'intime et la critique sociale au sens large.


Il semble qu'au Maroc, la corruption n'est pas un « problème » à la marge, c'est un mode de fonctionnement. Celui qui ne l'accepte pas n'est pas érigé en héros ou montré en exemple. Il est au contraire moqué, boudé, considéré comme un minable.

C'est ce que vivra Mourad qui finira par céder et rejoindre les corrompus, cédant à sa femme autoritaire qui le dévalorise en permanence ; un personnage redoutable.

Au milieu des rancœurs d'un couple, du poids d'un traditionalisme persistant qui s'occupe plus du regard du voisin que du bonheur personnel, Samia paraît bien fragile. Sensible, poétesse dans l'âme, la jeune fille ne semble pas faite pour  ce monde dont elle voit les travers en observant la vie de ses parents.

C'est l'innocence et la beauté qui vont se fracasser sur un monde de brutes.

Le drame sera le point de départ des révélations de chacun ; les peines, les désillusions, les lâchetés…

Cette auto-analyse de chacun, menée à tour de rôle, permet au lecteur d'entrer dans la tête des  protagonistes et ainsi d'avoir une vision d'ensemble de leur vie.

Petit à petit, on comprend mieux les mécanismes qui se sont mis en place et qui expliquent la situation dans laquelle on trouve cette famille au début du roman.

«  J'habite un sous-sol tellement bas qu'il m'arrive parfois de le confondre avec une tombe »


Ce livre est une dénonciation des agressions sexuelles, de l'hypocrisie, du silence de la corruption...de toute une société qui ne protège pas les plus faibles.

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