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Où passe l'aiguille

Mougin Véronique

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J'ai lu 2018

“Tomi est indomptable. Espiègle, têtu, malin, rebelle, bref Tomi a 14 ans. Du haut de son arbre préféré, il rêve de filles, d'avenir, de gloire.

Mais nous sommes en Hongrie et en 1944. L'adolescent juif est déporté avec sa famille. Pour échapper à la mort, il se dit tailleur : le voilà affecté au raccommodage des uniformes rayés. Son coup de bluff se transforme en coup de foudre, la couture deviendra une vocation.”


“Où passe l'aiguille” est un roman témoignage à la fois très bien écrit et très bien construit. Tomi nous livre sa vie, un destin hors du commun, d'un village hongrois au camp de concentration, du retour de la déportation au monde de la haute couture parisienne.

Son témoignage est entrecoupé de prises de parole des autres protagonistes nous donnant un autre éclairage sur les événements ou sur la personnalité de Tomi.

Le jeune garçon que nous découvrons au début du roman n'est pas un enfant sage et studieux. C'est un adolescent rebelle et en colère. Colère qui, cela dit, n'est pas toujours injustifiée. Menteur, parfois chapardeur, il aime disparaître pour inquiéter ses parents et “vérifier” leur amour pour lui.

Les pages de la vie dans le camp de concentration sont effroyables, il ne peut pas en être autrement.

Dès l'arrivée, sa mère et son frère sont dans la mauvaise file... il ne les reverra jamais.

Les terribles conditions de survie, la faim, le froid, la violence sont très bien retranscrites. Parfois, la personnalité de Tommy permet un trait d'humour qui fait baisser la pression et laisse un peu respirer le lecteur.

“Où passe l'aiguille” montre également très bien que, pour survivre, Tomi a eu une part de chance mais aussi une force qu'il ne doit qu'à lui-même. La chance, c'est de ne pas tomber sur un fou furieux (SS, kapo..) à qui votre tête ne revient pas. La force, c'est de ne pas penser aux cheminées qui ont vu passer votre famille en fumée. C'est savoir mentir, se rendre indispensable, chaparder tout ce qui peut s'échanger contre de la nourriture...

Le camp n'a pas assagi Tomi et c'est tant mieux pour lui!

Le retour dans son village puis l'arrivée à Paris sont également des moments assez forts du roman.

La toute dernière partie m'a tout de même moins passionnée. On est presque exclusivement plongé dans la couture. Les considérations sur la préparation des collections ne sont pas inintéressantes mais l'aspect répétitif, la profusion des détails, les nombreux termes techniques ont fini par me lasser et détourner mon intérêt ! Parallèlement, des événements plus intimes sont passés sous silence, notamment sa relation avec ses enfants. C'est un peu frustrant.

“Où passe l'aiguille” est un bon livre. L'auteure à subtilement évité le pathos pour livrer un témoignage à la fois plein d'émotions et de force.


 

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