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Le paradoxe d'Anderson

Manoukian Pascal

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Éditions Seuil, 2018


“Plus rien n'est acquis, plus rien ne protège pas même les diplômes.

À 17 ans, Léa ne s'en doute pas encore, à 42 ans ses parents vont le découvrir... La famille habite dans le nord de l'Oise où la crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille dans une fabrique de textile, Christophe, le père, le dans une manufacture de bouteilles.

Cette année, en septembre, coup de tonnerre, les deux usines qui les emploient délocalisent...”


Puisque les jurés du prix Goncourt 2018 voulaient semble-t-il récompenser un livre “social “celui-ci l'aurait amplement mérité.

On se demande souvent comment deux romans sur un thème plutôt proche, peuvent à ce point faire naitre en nous un intérêt si inégal. Certes, le style de l'auteur y est pour beaucoup mais il ne faut pas écarter l'importance de l'angle de vue choisi par celui-ci.

Dans "le paradoxe d'Anderson” les adolescents ne sont pas absents, bien au contraire mais c'est la vision des adultes, leurs déboires, leurs combats qui nous sont présentés ici.

On est loin de la perception, entravée par le bouillonnement des hormones des ados, du prix Goncourt !

D'aucuns pourront penser que Pascal Manoukian à bien chargé la barque, malheureusement cela semble tellement coller à la triste réalité. Dans les régions sinistrées, ce sont des familles entières qui perdent leur travail.

Aline et Christophe sont pris dans l'engrenage des délocalisations et après 20 ans d'usine, n'ont aucune perspective pour rebondir.

La “mobilité” est devenue un concept très à la mode chez nos dirigeants mais de qui parle-t-on, qui concerne-t-elle ?

Comment suivre le travail à travers la France quand on a une maison invendable, pour laquelle les crédits courent toujours ?

Les analyses de l'auteur sont très pertinentes, les enchaînements qu'il propose tristement crédibles.

En plus de voir leur vie s'effondrer, Christophe et Aline vont faire le choix de mentir à leurs enfants pour les protéger, choix tout ce qu'il y a de plus humain mais peut-être pas le plus judicieux.

Leur vie se délite sous nos yeux jusqu'au drame.

Quelques passages, plein d'humour, font un peu baisser la tension. Notamment les souvenirs liés à Léon, dit, Staline, le grand-père communiste qui les avait alertés : “les usines ne poussent qu'une fois et n'engraissent que ceux qui les possèdent”

Certains passages sont très forts comme celui où la caissière du supermarché sait où vous en êtes en regardant votre caddie : salarié, bénéficiaire de la prime de licenciement, chômage, RSA..


Au fil des pages, on s'attache à cette famille pour qui on souhaite une fin heureuse mais il s'agit là d'un roman ancré dans le réel.


 

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