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La petite danseuse de quatorze ans

Laurens Camille

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stock, 2017


"Elle est célèbre dans le monde entier, mais combien connaissent son nom ?

On ne sait que son âge, 14 ans, et le travail qu'elle faisait.

Dans les années 1880, elle dansait comme petit rat de l'Opéra de Paris. Elle a été renvoyée après quelques années de labeur, le directeur en ayant eu assez de ses absences à répétition.

C'est qu'elle avait un autre métier et même deux, parce que les quelques sous gagnés à l'Opéra, ne suffisaient pas à la nourrir. Elle était modèle et posait pour des peintres, des sculpteurs. Parmi eux, il y avait Edgar Degas."


Un très beau livre, intelligent et sensible. Ce n'est pas un roman puisque Camille Laurens, même si elle émet des hypothèses de vie de cette petite danseuse, refuse d'inventer sa vie, de broder autour des éléments connus.

C'est le récit d'une quête, l'auteur veut voir au-delà de la sculpture, qu'on peut admirer à Washington, Paris, Londres ou New York ...Camille Laurens souhaite découvrir ce qu'était la vie et la destinée de Marie Geneviève Van Goethem.

La narration de cette quête est émouvante, l'auteur nous entraîne dans son désir de savoir. C'est aussi l'occasion de replonger dans l'histoire de notre société.

Deuxième moitié du 19e siècle , on oscille entre les milieux artistiques avec Degas et populaires avec sa jeune modèle. Il est donc question du travail des enfants. Victor Hugo se bat à cette époque,  pour une diminution du temps de travail mais on est encore loin de l'interdiction.

Marie-Geneviève Van Goethem, issue d'une famille très pauvre, multiplie les “petits boulots”. À cette époque, entre dans cette catégorie la fonction de petit rat de l'Opéra.

On est aux antipodes de la belle image du fast de ce milieu prestigieux. Les jeunes filles y sont exploitées, gagnant peu et subissant des conditions d'entraînement terribles.

Parallèlement, le monde artistique semble ambigu dans ses rapports à l'art et à l'humain.

D'un côté, Degas se préoccupe plus de sa sculpture que de son modèle, d'un autre côté les critiques, ou même le public, confondent sans état d'âme,  l'objet et le modèle.  Plaquant sur Marie Geneviève des traits de caractère décelés sur sa représentation : la laideur de la pauvreté, le vice...

Camille Laurens nous offre de passionnantes pages d'histoire sociale à travers une destinée individuelle, mais ô combien représentative d'une société : classe populaire, vie des enfants, image des femmes au 19e siècle.

On peut difficilement rester indifférent ou insensible à ce livre.


 

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