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Pour services rendus

Levison Iain

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Édition Liana Levi, 2018


"En 1969, ils étaient au Vietnam, Fremantle, Sergent aguerri et Drake, jeune recrue pas très douée. En 2016, ces deux-là se retrouvent, après 47 ans...

L'ancien Sergent dirige le commissariat d'une petite ville du Michigan, Drake est devenu sénateur et fait campagne pour sa réélection. Pour s'attirer un électorat de vétérans, ce dernier a raconté ses faits d'armes au Vietnam. Pris en flagrant délit de mensonge, il a besoin de son ancien Sergent pour valider son histoire..."


Dans le genre livre cynique et percutant, Iain Levinson n'en est pas à son coup d'essai !

Déjà dans ses précédents romans (Un petit boulot, une canaille et demi et arrêtez-moi là), il brossait un portrait au vitriol de l'Amérique en crise.

Dans ce roman, le mensonge est au cœur du sujet.

En 1969, lorsque Drake arrive dans sa section de combat, c'est un bleu et comme tous les bleus, il débarque dans « l'enfer de la jungle » au sens propre comme au sens figuré !

Durant sa première nuit, il accumule les mésaventures et comprend au fur et à mesure, mais surtout à ses dépens, les railleries énigmatiques de ceux qui sont là depuis longtemps.

Notamment pourquoi, parfois, « il vaut mieux pisser dans son froc » !

En 2016, plutôt que de passer sous silence cette partie de sa vie, Drake s'invente des actes héroïques.

On assiste alors à toutes les manipulations du monde politique.

Si le tableau est dépeint avec humour, il n'est pas glorieux.

Ce qui, au départ, ne va sembler être qu'un petit « arrangement » avec la vérité, va devenir un vrai tissu de mensonges.

Fremantle va être embarqué dans cette histoire, à la fois parce que tout le monde semble corruptible, mais aussi pour des raisons plus secrètes.

Le parallèle entre l'époque de la guerre du Vietnam et aujourd'hui est bien mené. On se souvient de « Pentagone papers » qui dévoile que pas moins de quatre Présidents américains ont laissé ce terrible conflit s'enliser, alors qu'ils le savaient perdu. Le mensonge est énorme !

Iain Levinson nous fait vivre l'atrocité d'une guerre qui semble de plus en plus absurde à ceux qui doivent la mener. Après une telle expérience, il semble bien difficile de retourner à une vie sereine et équilibrée. Les traumatismes sont multiples.

Aux horreurs du terrain s'ajoutent, au mieux,  une certaine indifférence, au pire, une forme de mépris de la population américaine. Les soldats ne sont pas rentrés en héros comme leurs pères en 1945, et leurs voix, pas toujours entendues.

Sur cette période, l'ambiguïté demeure. Dans les campagnes électorales actuelles, la guerre du Vietnam est encore un point soulevé pour attaquer ses adversaires : Ne pas l'avoir « faite » donne l'image négative du « planqué », y avoir participé n'est, à l'inverse pas gage d'être digne de confiance.

« Pour services rendus » est très bien mené, on est tenu en haleine, se demandant à quel moment la bulle du mensonge va exploser !


 

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