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La propagandiste

Cécile Desprairies

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Seuil, 2023


« Dans le Paris des Trente Glorieuses, une enfant assiste aux réunions des femmes de la famille organisées au domicile de sa mère, Lucie, dans un immeuble haussmannien. On parle chiffon et on s'échange les potins du jour. L'ambiance est joyeuse. Plus agitée, aussi, quand il s'agit d'évoquer, à mots voilés, le passé de Lucie, ce grand amour qu'elle aurait connu pendant la Seconde Guerre mondiale avant de se remarier. Qui est Lucie ? Qu'a-t-elle fait précisément avant ? »


L’ autrice se sert de ses souvenirs et de l'histoire de sa famille pour écrire un roman. On peut donc parfois être gêné à se demander ce qui relève de la fiction ou de la réalité.

Cela dit, le plus dérangeant reste l'analyse sans concession de la banalité du mal. Si dans les premières pages du livre, on trouve fort sympathiques les singulières femmes de la famille de la narratrice et leur babillage quotidien, on est vite refroidi par leur passé et l’antisémitisme qui a traversé leur histoire sans se départir.


Dans ses très jeunes années, Cécile Desprairies perçoit des secrets et des non-dits. En grandissant, elle va chercher ce qui se cachait sous les périphrases qui ont bercé sa jeunesse. C'est avec courage qu'elle retrace le parcours de sa mère, collaboratrice zélée, puis nostalgique de la France occupée.


La narratrice/autrice, devenue historienne, spécialiste de la France sous l'Occupation, est forte de ses connaissances. On imagine bien que ses choix de parcours professionnel sont liés à l'histoire nébuleuse et peu glorieuse de sa famille. Il est souvent rappelé que Lucie, ses parents, sœurs, oncles ne sont pas des cas isolés.

L'écrivaine souligne la généralisation de la collaboration des Français et un fort antisémitisme latent. Si le lecteur peut saluer le courage de mettre au jour les viles actions et opinions des siens, il peut avoir l'impression que la généralisation, tristement réelle, est également un moyen de se rassurer.


Le personnage principal de cette histoire, Lucie, reste ambigu de bout en bout. Ce caractère fort mène sa barque avec poigne aussi bien durant l'Occupation qu'à la libération, permettant à sa famille d'échapper à l'épuration.

Le reste de sa vie sera marqué par le fantôme de son premier amour, Friedrich, celui qui lui a fait lire  Éclaircissement sur Mein Kampf de Benoît Méchin. Ses enfants et leur père vivront avec le poids de la mémoire de cet homme.


La propagandiste est un livre bien écrit et très documenté qui bouscule et dérange car il met en lumière cette notion terrible de « la banalité du mal. »

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