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Putzi

Snégaroff Thomas

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Gallimard,  2020


« Il mesurait deux mètres mais on le surnommait petit bonhomme.

Marchand d'art dans le New York bohème des années 1910, musicien à ses heures,  Ernst Hanfstaengl devint dix ans plus tard le confident et le pianiste d'Hitler. Cet excentrique, jalousé par les nazis, était fasciné par leur chef, à qui il offrit de l'argent, une famille et des airs  de Wagner à tout heure du jour ou de la nuit.

Il rêvait d'honneurs et d'une alliance entre l'Allemagne et les États-Unis, ses deux patries. »


À travers l'histoire de  Ernst Hanfstaengl, on ne fait que constater, une fois de plus, que le nazisme n'est pas le fait d'une petite poignée d'hommes illuminés, violents ou fous…

Ce serait plus confortable de le penser mais ce livre est la démonstration implacable d'une responsabilité collective et mondiale. Hitler n'a pas entraîné le peuple allemand à son corps défendant dans l'imnommable, il a été porté par lui, élu comme guide pour la mise en place d'idées largement répandues.  Sans oublier la complaisance des autres États où flotte un air d'antisémitisme à peine larvé.


Putzi n'est pas une brute épaisse, assoiffée de violence. C'est un intellectuel bourgeois qui a fait ses études universitaires aux États-Unis.

Séduit par la personnalité d'Hitler, dès 1923, uni à lui par leur amour commun de Wagner, Putzi sera un des premiers lecteurs de Mein Kampf. D'un père allemand et d'une mère américaine, il rêve d'unir les deux pays.

Après tout, l'idée de supériorité des races et de ségrégation n'est pas l'exclusivité du nazisme. L'Allemagne veut réduire les libertés et les droits des Juifs, ce que l'Amérique fait déjà pour les noirs !


Putzi va connaître son heure de gloire lorsqu'il sera nommé responsable de la presse étrangère du Reich en 1933. La montée en puissance d'autres tristes figures comme Goebbels ou Göring, entraînera sa disgrâce.  Ernst Hanfstaengl perd alors de sa superbe. Il devient une espèce de pantin ridicule, terrorisé à l'idée de se faire assassiner par les siens.


Son exil le conduit près de Roosevelt qui souhaite des informations sur Hitler. 

Il restera à tout jamais un personnage de seconde zone, méprisé par les deux camps qu'il souhaitait voir faire alliance.

Son admiration pour Hitler s'apparente à un véritable amour passionnel dont le lecteur d'aujourd'hui peine à comprendre le fondement.

Après la guerre, le monde de Putzi s'est effondré, ses riches amis, soutiens d'Hitler sont morts ou exilés. Lui, retrouve « le confort de son intérieur. Son piano l'attendait… ».

Il n'est mort qu'en 1975.


Ce livre est bien écrit, et il faut reconnaître que la vie de Putzi est terriblement romanesque.

Cela dit, suivre de bout en bout l'histoire de ce personnage méprisable est parfois difficile. Constater une fois de plus l'absence totale de remords ou de remise en cause de la doctrine nazie, est somme toute  intellectuellement douloureux.

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