Mercure de France, 1987

"Cette première grande biographie de Romain Gary éclaire les mille facettes de celui qui fut l'auteur d'une des plus belles mystifications littéraires de tous les temps : Émile Ajar/ Gary, deux fois prix Goncourt, resta toujours obsédé par la recherche lancinante du dépassement de soi-même. Il fut un homme de vastes ambitions et de grandes passions, un artiste dans son siècle et un magicien du rêve."

Pour ce livre, Dominique Bona a reçu le Grand Prix de la biographie de l'Académie française.

C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve l'écriture de Dominique Bona. Son style est fluide, son propos est clair, c'est exactement ce qu'il faut pour mettre un peu d'ordre dans une vie pleine de mystifications. L'œuvre de Romain Gary recèle beaucoup d'éléments autobiographiques mais il faut un sacré travail de tri et de recherche pour établir la réalité d'une vie foisonnante. C'est ce que Dominique Bona a fait en interrogeant les plus proches de l'écrivain et en analysant son œuvre.

On suit Romain Gary quand il s'appelle encore Roman Kacew, né à Moscou en 1914. Mère et fils quittent la capitale russe en 1917 pour la capitale lituanienne. C'est de Wilno (Vilnius) qu'il fait commencer sa vie dans « La promesse de l'aube ». Si cette autobiographie de Gary est largement romancée, Dominique Bona nous éclaire sur un élément essentiel :  le fond est vrai à savoir, la misère, les privations de sa mère pour élever son fils, son amour pour la France, dont elle rêve que le petit Roman sera un grand nom.

On découvre Romain Gary à Nice, adolescent ambitieux qui cherche dans quel domaine il va pouvoir satisfaire les ambitions de sa mère.

Très vite, il devient évident que ce sera l'écriture. 

Dominique Bona nous révèle les événements qui ont marqué à jamais l'aviateur des Forces françaises libres. On comprend alors l'attachement de Romain Gary aux compagnons de la Libération. Un lien indéfectible qui le fera passer pour un homme de droite aux yeux des ”parisianistes de gauche”.

On sillonne l'Europe avec lui lors de ses missions de diplomate. Lorsqu'il sera Consul général de France à Los Angeles, on savoure ses réparties face aux Américains qui considèrent la France comme un vieux pays qui n'a pas sa place dans la marche du monde.

À travers ces deux mariages :  avec Lesley Blanch en 1944 puis avec Jean Seberg en 1963. La première, écrivaine et éditrice, mettra plus de deux ans à accepter le divorce, ne cédant que parce que la seconde est enceinte.

Si Jean Seberg est son grand amour, sa vie avec elle ne sera pas de tout repos. Romain Gary aspire au calme pour écrire, ce qui devient peu à peu incompatible avec la vie de la jeune actrice et militante.

La dernière partie du livre est consacrée à l'aventure ”Émile Ajar”, écrivain créé de toute pièce par Romain Gary.

L'auteur deux fois Goncourisé a certes, mille facettes mais en même temps, force est de constater qu'il a eu mille vies que Dominique Bona nous expose magistralement.

Chacun des romans est replacé dans son contexte ce qui permet de mieux comprendre l'écrivain et l'homme.