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Le royaume désuni

Coe Jonathan

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Gallimard, 2022


« Bienvenue à Bournville, charmante bourgade proche de Birmingham, connue pour sa célèbre chocolaterie. C'est à l'occasion de la victoire de mai 1945 que nous y rencontrerons la petite Mary Clarke, émerveillée par les festivités organisées autour de sa maison. C'est elle, ainsi que sa famille que nous suivrons jusqu'au confinement. »


Comme c'est le cas la plupart du temps, Jonathan Coe signe ici un excellent roman. Le démarrage est un peu lent. On découvre Lorna, une jeune femme musicienne qui entame une tournée européenne au moment où tous les pays vont décréter le confinement, les uns après les autres. Peut-être que cet épisode de nos vies est encore trop proche de nous pour que, en tant que lecteur, on ait très envie de s'y attarder. Une fois ce premier chapitre passé, on s'intéresse à l'histoire de la grand-mère de Lorna et on est complètement happé par l'histoire.


Jonathan Coe tisse habilement le parcours d'une famille à  celui de l'évolution sociale, politique et économique du Royaume-Uni.

Le lecteur retrouve la famille de Mary Lamb autour de sept événements importants :  la fin de la guerre en 1945, le couronnement de la reine Élisabeth II, la Coupe du monde de foot de 1966, l'investiture du prince de Galles, le mariage de Charles et Diana, la mort de cette dernière, le confinement. À chaque étape, la famille s'élargit. Mary va se marier, avoir trois enfants que le lecteur verra également grandir, choisir une voie professionnelle et sentimentale. 


Jonathan Coe souligne avec beaucoup d'ironie les écarts qui ne cessent de se creuser entre l'Angleterre et le reste de l'Union européenne, mais également au sein de la population anglaise.

Bournville vit au rythme de l'usine de chocolat Cadbury. L'évolution de l'entreprise est un marqueur des changements du monde du travail et de la mondialisation de l'économie.

On s'amuse beaucoup de voir le Parlement européen, décrit comme une cour de récréation dans « la bataille du chocolat », la recette anglaise n'étant pas conforme à certaines directives européennes.

Ce qui peut paraître anecdotique et drôle est pourtant symptomatique de désaccords plus profonds.


La famille royale prend, bien sûr, une grande part dans cette histoire. Vue de France, on a toujours l'impression que la population anglaise marche comme un seul homme derrière ses têtes couronnées. L'auteur remet largement les choses à leur juste place .

Si certains pleurent la mort de Diana comme ils l'auraient fait pour un membre de leur famille, d'autres ne s'en préoccupent guère. Certains voient même, dans cette monarchie désuète, un affront dans un monde où les inégalités se creusent.


Jonathan Coe nous brosse un tableau sans complaisance de son pays mais aussi du caractère humain. Il a aussi l'art et la manière de surprendre son lecteur, au détour d'une phrase. Certains passages sont très savoureux, notamment ceux qui concernent Boris Johnson….

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