Folio biographie, 2010

« La vie de Sarah Bernhardt (1844-1923) a donné lieu à toutes les inventions. On l'a dite allemande, hongroise, algérienne, américaine, trouvée sur un banc des Tuileries ; on a fait des choux gras de son  type sémite et brocardé ses origines incertaines. Star avant la lettre, contrôlant  son image et sachant la monnayer, la « divine Sarah » a joué un rôle primordial dans l'histoire du théâtre en France et dans la culture de son temps. »

Cette biographie permet de faire connaissance avec une personnalité étonnante pour son époque. L'ensemble de sa vie est la démonstration d'une volonté, qui semble inépuisable, d'une vie bouillonnante faite de succès et de coups d'éclat.

Née d'une mère courtisane et d'un père dont on ne saura jamais avec certitude si Sarah Bernhardt l'a connu, elle connaîtra les mise en nourrice et le pensionnat. Enfant,  elle semble prédisposée pour le drame, multipliant les chutes spectaculaires, presque théâtrales dont les conséquences lui permettent de se rapprocher de sa famille.

On a du mal à y croire mais le théâtre n'était pas une vocation pour celle qui en est aujourd'hui un des plus grands symboles.

Sarah ne veut pas se marier et entre au Conservatoire « seule échappatoire tolérée par l'autorité maternelle. »

On découvre alors à la fois une Sarah Bernhardt qui peut être tétanisée par le tract et surtout une actrice, bourreau de travail qui n'aura de cesse d'apprendre des rôles... même ceux qu'elle ne jouera pas !

Le succès de l'actrice est monumental mais surtout international. Il lui donnera la folie des grandeurs, la rendra souvent odieuse et capricieuse.

On est  face à une femme qui nous paraît antipathique mais force est de reconnaître que c'est une personnalité incontournable dans l'histoire du théâtre.

À la moitié du livre, la biographie glisse progressivement vers le catalogue.

La carrière de l'actrice est foisonnante mais faire la liste exhaustive de ses rôles, dates de représentations... n'a que peu d'intérêt pour le lecteur d'aujourd'hui. 

Ce choix de l'auteur rend,  au fil des pages, la lecture beaucoup moins passionnante voire fastidieuse. 

Cependant, je suis restée jusqu'au bout très intéressée par les incursions au centre du fonctionnement du théâtre. On observe, de l'intérieur, la Comédie-Française, à la fois monde de l'art et de luttes d'influences. On découvre la difficulté de faire vivre des théâtres sans prendre de risques financiers. Risques que « la voix d'or » comme l'a surnommée Victor Hugo a pu prendre grâce à ses succès. On pénètre dans les coulisses du théâtre de l'Odéon, du théâtre de la Porte-Saint-Martin... avec beaucoup de plaisir !

Cette biographie aurait gagné à être un peu moins factuelle pour tenir jusqu'au bout en haleine le lecteur qui regrette de parfois s'ennuyer à lire le récit d'une vie pourtant si trépidante.  Quel paradoxe !