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Les services compétents

Gran Iegor

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POL, 2020


“Moscou 1965. Ah ! si on avait mis moins de temps à pister Siniavski ! C'est sûr que sa femme ferait moins l'arrogante. Quand une affaire traîne depuis 1959... On perd en crédibilité. Ainsi pense, en me tenant dans ses bras, le lieutenant du KGB Evgueni Feodorovitch Ivanov, venu faire une perquisition chez ma mère. J'avais 9 mois”.


Excellent ! Le sujet est grave mais la façon de le traiter est d'une grande originalité. L'écriture teintée d'un humour (certes souvent grinçant) faitt de ce livre un roman irrésistible.

Le sujet est d'autant plus grave qu'il est tiré de la réalité.

Les services compétents, à savoir, le Comité de Sûreté de l'État ont recherché durant six ans qui se cachait derrière le pseudonyme de Abram Tertz.

Il s'agit du père de l'auteur, de son vrai nom André Siniavski, auteur dissident.

Son premier texte est une critique du réalisme socialiste qu'il compare à une religion monothéiste classique. Il n'en faut pas plus pour que les services compétents soient à ses trousses, non sans avoir suer sang et eau pour comprendre un texte qu'ils ont dû « décortiquer à la machette du dictionnaire ».

C'est plein d'humour parce que les services compétents sont d'une bêtise affligeante dans leurs considérations sur l'art, la politique, le monde... mais aussi parce que aussi compétents qu'ils soient, ils ont été mis en échec par un simple écrivain.

Malgré tout, cela reste terrible puisque ils gagnent toujours à la fin !

C'est cette enquête, largement romancée que ce livre nous fait vivre. C'est l'occasion pour l'auteur de nous décrire l'ambiance de l'URSS : les filatures, les indics, les appartements communautaires, les files d'attente devant les magasins, les promotions ou récompenses sous forme d'avantages…

Le principal enquêteur est Ivanov et en février 59, cela fait 6 mois qu'il a terminé sa formation à Sup de K école de formation des agents du KGB.

Totalement conditionné, c'est à travers son regard qu'on vit un morceau d'histoire de l'URSS. On croise également des noms connus : Pasternak, dont on ne sait pas trop quoi faire avec son « Docteur Jivago ». Picasso et ses tableaux, si loin du réalisme socialiste dont Ivanoff ne comprend pas qu'il ne soit pas exclu du parti.

On assiste aussi aux cérémonies funéraires de Maurice Thorez, on découvre Gagarine sous un autre jour…

Chaque épisode est dramatique car il s'agit à chaque fois d'une liberté muselée, de vies broyées par un système totalitaire.

Mais voilà, l'auteur à déployé la plume de l'humour et de l'absurde. Alors il n'est pas une page qui ne fasse sourire, on se prend même à rire !


 

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