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La tresse de ma grand-mère

Bronsky Alina

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Actes Sud, 2021


«  Je me souviens avec précision du moment où mon grand-père est tombé amoureux.[...]

Je devinais que Grand-Mère ne devait rien en savoir. Elle avait déjà menacé de tuer Grand-Père pour moins, par exemple quand il émiettait son pain pendant le dîner. »


Ce récit tragi-comique est l'occasion d'aborder plusieurs thèmes. La famille, dont nous partageons la vie sur quelques années, est composée de Margo et Gengis, des Russes exilés en Allemagne avec leur petit-fils, Max.

Installés dans un foyer de réfugiés, Margo trouve difficilement sa place  dans un monde dont elle n'a pas les repères mais aussi dans une société moderne.


Il faut dire également que cette grand-mère est très particulière. Elle règne en tyran sur sa famille. Inventant toutes sortes de maladies à son petit-fils, elle se vit comme sa protectrice, celle grâce à qui il est encore en vie et pour qui elle aurait tout sacrifié. Ce personnage atypique, haut en couleur et au caractère bien trempé, rend ce roman tour à tour drôle, émouvant mais également terrifiant.

Le lecteur découvre rapidement que le petit Max n'est pas plus malade, ni même plus fragile qu'un autre enfant. Tous les passages où Margo part dans de grandes envolées sur les risques liés aux microbes, à l'alimentation… sont au premier abord très drôles.

Ils deviennent terrifiants lorsqu'on prend conscience que Max est prisonnier d'une femme qui est dans la toute-puissance. Entre une grand-mère attentive et une femme qui enferme « son petit monde » dans une relation toxique, il n'y a qu'un pas.

Si on s'amuse quand Margo, qui ne connaît pas un mot d'allemand, exige de suivre la classe en même temps que son petit-fils, pour mieux veiller sur lui,  on finit par pleurer de cette attitude désespérante d'une grand-mère plus envahissante que bienveillante.


Margo ne va pas s'arrêter là puisque elle va même prendre le contrôle des amours  adultères de Grand-Père qui lui, paraît résigné à subir la tyrannie de sa femme.

Le plus souvent mutique, on a parfois, malgré quelques indices,  du mal à comprendre ce qui le pousse à rester auprès de ce dragon.

L'histoire nous est raconté par Max. Le lecteur découvre en même temps que lui les travers de cette étrange famille. Les prises de conscience sont progressives et habilement menées.

La tresse de ma grand-mère est un livre très bien écrit qui mêle intelligemment et subtilement les sentiments.

La seule petite déception vient d'une fin légèrement abrupte.Quelques questions n'ont qu'une réponse à demi-mot.

Ah, satanée curiosité des lecteurs que nous sommes qui veulent tout savoir !

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