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Vivre avec Picasso

Gillot Françoise et Lake Carlton

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collection 10-18, nouvelle édition 2018.


“Roman d'apprentissage et hommage rempli de tendresse, vivre avec Picasso raconte le quotidien de l'artiste vu par sa compagne, Françoise Gilot. À son contact, elle découvre l'excentricité du peintre, un brin manipulateur, ses facéties et ses instants de gravité.

À la fois mentor et amant, elle narre sa vie à l'ombre de l'enfant terrible de la peinture.”


Ce livre, publié pour la première fois en 1964 a provoqué une grande colère de la part de Pablo Picasso. À l'aube du 21e siècle, on pourrait imaginer un livre plein de ragots sur l'artiste et les “peoples” de l'époque. Il n'en est rien. Certes, c'est un ouvrage très intime sur leur vie en commun mais cet intime reste avant tout lié à la création artistique.

Françoise Gilot est peintre, les trois quarts de son livre sont donc une mine d'informations sur la peinture de la fin des années 40 et le début des années 50.

La production de Picasso est alors foisonnante. À travers le regard de Françoise Gillot, on le suit dans ses recherches picturales, dans ses essais de nouvelles techniques ou encore matières.

Leurs conversations intimes mais également avec les grands noms de cette époque, intellectualisent la peinture.

Les notions de couleurs, de formes, de pleins et de vides, sont décortiquées à l'envie et plus jamais la peinture ne sera qu'ornementale.

Pour qui s'intéresse à ce domaine, ce livre est très enrichissant, on en sort moins ignorant sans avoir eu à se débattre avec des concepts ou un langage trop ardu.

En creux, se dessine un portrait peu flatteur de la personnalité de Picasso, mais après lu plusieurs ouvrages sur le génie, on n'est pas surpris.

La différence réside peut-être dans la personnalité de Françoise Gillot. C'est la première de ses compagnes qui sortira épuisée de cette relation mais pas détruite.

Au fond on se demande si ce n'est pas ça qui a provoqué la colère de Picasso.

Quand l'auteure, hésitant encore à vivre avec le peintre, rencontre Dora Maar, elle voit son compagnon ”heureux comme l'enfant qui brise tous ses jouets avec son marteau neuf.”

Picasso, machiste, manipulateur, imbu de sa personne, ne voit les autres que comme une armée au service de sa peinture.

“Quand j'étais enfant, ma mère me disait : si tu deviens soldat, tu seras général. Si tu deviens moine, tu finiras pape. J'ai voulu être peintre, je suis devenu Picasso !”

Vivre avec lui semble impossible, le quitter une épreuve. Cet homme avait l'air vampirisant, ses compagnes l'ont écouté jusqu'à l'épuisement, soutenu, inspiré, supporté (dans tous les sens du terme) jusqu'à n'être plus que des objets dans son paysage.

Françoise Gilot est à la fois sous l'emprise sans être dupe.

Comme elle l'analyse très justement, elle a l'avantage de savoir ce qui est arrivé aux autres femmes.

Picasso est souvent cruel avec elle et elle a bien conscience que l'échec de leur union sera inéluctable.

“Olga, par exemple, a échoué parce qu'elle exigeait trop (...) mais Marie-Thérèse Walter ne demandait rien, elle était douce et adorable et elle a aussi échoué. Puis vint le tour de Dora Maar qui était fort intelligente. C'était une artiste capable de le comprendre. Elle avait été vaincue, pourtant comme les autres, et elle avait foi en lui”.

Quelle lucidité ! À la sortie de ce livre, certains l'ont taxé d'opportuniste mais après les dix années données au service du peintre et de sa peinture, pourquoi se serait-elle privée d'un peu de reconnaissance ?


 

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