



Parcours "Romain Gary à Nice
4 avril 2021
Avec Romain Gary, les possibilités d'escapades sont nombreuses. On peut le suivre à Vilnius et en Pologne pour se faire une idée de l'ambiance de son enfance quand il ne s'appelle encore que Roman Kacew.
On pourrait le suivre à Londres quand il répond à l'appel du 18 juin.
Sa carrière diplomatique pourrait nous entraîner en Bulgarie, en Suisse, à New York puis à Los Angeles.
On aurait pu également faire un parcours parisien en flânant rue du Bac à Paris.
C'est à Nice que ”Pourvu Qu'on Ait Livre's” a choisi de marcher dans les pas de l'auteur qui a fait couler beaucoup d'encre (la sienne mais aussi celle des autres) et qui est maître dans l'art de la mystification.
C'est à Nice que Romain Gary découvre la France pour la première fois. Ce pays porté aux nues par sa mère, il ne le connaît qu'à travers ce qu'elle lui a raconté. Elle ne doute pas un seul instant qu' il sera ”ambassadeur de France, chevalier de la Légion d'honneur, grand auteur dramatique…”
C'est donc à Nice qu'une nouvelle vie a commencé pour Romain Gary.
Puisque pour le moment les voyages ne sont pas d'actualité, c'est à travers un livre que nous vous proposons cette escapade. Plus que jamais cette parole d'une chanson de Renaud est vraie : “C'est l'amour des livres, qui fait que tu peux voyager de ta chambre autour de l'humanité”.
En attendant de se rendre à Nice ”pour de vrai” allons-y avec ”La Promesse de l'aube”.
Pour la réalisation de cette escapade, nous remercions chaleureusement nos envoyés spéciaux niçois Ida et Jr.
N'oubliez pas de cliquer sur le pictogramme pour accéder aux passages du livre "La promesse de l'aube"



Petite balade...

La gare de Nice
Lieu de l'arrivée de Romain Gary avec sa mère, ce sera son premier contact avec la France.
La « station de Nice » est mise en service en 1864 pour des trains circulant entre Cagnes et Nice alors même que la Gare n'est pas achevée. Le bâtiment voyageurs est inauguré en 1867. À l'époque, il fait grande impression par son style dit Louis XIII dans un paysage de campagne méridionale. Le but était alors de donner une image parisienne pour symboliser le rattachement de Nice à la capitale impériale.
Au fil du temps, la gare de Nice a subi un grand nombre de modifications, notamment du fait d'une fréquentation de plus en plus importante, au fur et à mesure de l'ouverture des lignes.
Aujourd'hui, c'est une gare voyageurs d'intérêt national.
À quelques pas de la gare, se trouve l'avenue Shakespeare.
À leur arrivée à Nice, c'est dans cette avenue que Romain Gary et sa mère habitent.
C'est au bout de celle-ci, sur un remblai qui domine les lignes de chemin de fer, que Romain Gary va se cacher pour pleurer lorsqu'il découvre que sa mère n'est pas végétarienne comme elle le prétend. Faute d'argent, elle privilégie la viande pour son fils.

Les grands hôtels : le Winter-Palace, l'Hermitage, le Negresco
Ce n'est pas comme clients que Romain Gary et sa mère fréquentent les palaces mais pour y vendre des pièces d'une soi-disant collection russe. Nina Kacew, la mère de Gary, tiendra même un certain temps une vitrine au Negresco
Situé sur la Promenade des Anglais, l'hôtel Negresco est un grand et bel hôtel. Lieu mythique de l'hôtellerie de luxe, il a été inauguré en 1913. Aujourd'hui, les façades, les toitures et le grand hall central dit « salon royal », avec sa verrière, sont classés à l'inventaire des monuments historiques.
L'hôtel a vu le jour grâce à l'ambition du Roumain Henri Negresco. Celui-ci, des années durant, a été le maître d'hôtel considéré comme irremplaçable auprès de clients richissimes (notamment la famille Rockefeller).
Dès 1910, il désire édifier son propre hôtel. II trouve de l'aide auprès de quelques magnats de l'automobile et réalise ses ambitions.

Le boulevard Gambetta
C'est dans ce boulevard qui mène à la promenade des Anglais que Romain Gary, alors encore Roman Kacew devient à 14 ans, le spécialiste de la « paire de claques ». Ne pouvant subvenir aux besoins du foyer, c'est la seule activité qu'il a trouvée pour soutenir sa mère : la défendre lorsque son honneur est bafoué.
Le boulevard Gambetta donne son nom au quartier situé à l'ouest du centre-ville de Nice. Il doit bien sur son nom à Léon Gambetta, homme politique français (1838-1882) de la Troisième République.
Ce boulevard est parsemé de quelques très beaux immeubles, notamment celui de la Rotonde au numéro 41. Édifié en 1930, il illustre la tendance Art-déco de son architecte Georges Dikansky. D'origine russe (1881-1963), qui s'installe à Nice dès 1919.
Depuis 2001, la Rotonde est classée au titre des Monuments Historiques.

Le lycée Masséna
C'est sur ce lycée que Nina Kacew imagine qu'un jour le nom de son fils sera gravé en lettres d'or.
Romain Gary est très mauvais élève dans les matières scientifiques. Accumulant les zéros, à tel point que ce sont les professeurs qui sont soupçonnés d'ignorance. Mais peu importe puisque sa mère ne doute pas un seul instant qu'il sera Victor Hugo !
En 1643, un couvent est installé là. En 1792, les bâtiments sont donnés à l'école centrale du département.
En 1802, les écoles centrales disparaissent pour laisser place aux lycées. L'arrêté de 1803 ordonne la création du lycée de Nice, mais suite à des travaux laborieux, celui-ci n'ouvre qu'en 1812. Ce lycée suit les péripéties de la ville. En 1814, il devient collège royal lors de la restitution du comté de Nice à la Maison de Savoie.
Puis en 1860, il redevient un lycée d'abord impérial, puis national, suite au ratachement du comté de Nice à la France.
Un temps appelé, lycée Félix-Faure, c'est en 1963 qu'il prend le nom de lycée Masséna (général français de la Révolution et de l'Empire).
Le bâtiment est de toute beauté avec ses nombreuses mosaïques et sa tour de l'horloge.

7 boulevard Carlone, aujourd'hui boulevard François-Grosso.
C'est dans ce boulevard, face à la rue Dante que se trouve l'hôtel pension Mermonts, tenu par la mère de Romain Gary. De sa chambre, ce dernier observe les allées et venues de sa mère qui se rend au marché de la Buffa par la rue Dante.
Les clients de l'hôtel pension Mermonts ont suivi toutes les aventures du futur écrivain. Nina Kacew fière et confiante dans le talent de son fils, a partagé avec tous : ses premières publications dans Gringoire, son incorporation dans l'aviation française... Il est le lieu de tout le comique d'une mère excessive et d'un fils qui ne semble vivre que pour la satisfaire.
Le boulevard Carlone tenait son nom du Niçois Pierre François Augustin-Théophile Carlone né à Nice en 1812. Fils du très prospère directeur de la banque Carlone, place Garibaldi, il est élevé dans la haute bourgeoisie mais acquis à la France et aux idées de progrès.
Engagé politiquement, défenseur des arts, il cède tout de même son boulevard qui…. en 1939, devient le boulevard François Grosso.
C'est donc un autre Niçois qui prend sa place. Né en 1847, président du tribunal de commerce, il a fait don à la ville de toute sa fortune. Normal quecelle-ci le remercie !

Le marché de la Buffa
Après l'hôtel pension « Mermonts », ce sont les commerçants du marché de la Buffa qui ont suivi de près les premiers succès de celui qu'ils connaissaient sous le nom de Romane Kacew. Le marché célèbre la publication de sa première nouvelle
C'est là aussi que Nina parade au bras de son fils avec son uniforme d'aviateur. C'est d'ici que Roman reçoit des victuailles lorsqu'il a rejoint sa garnison.
Le marché de la Buffa est un lieu essentiel dans la vie de la mère de Gary. C'est d'ici qu'elle lance son appel à continuer la guerre... quelques jours avant celui du général de Gaulle !
Le marché de la Buffa a été construit en 1925. Il a compté jusqu'à 95 commerçants. En 2018, ils n'étaient plus que 7.
De style Belle Époque, ce marché appelé aussi « Cité de la Buffa” a été très fréquenté jusque dans les années 80. Ces dernières décennies, il a sans cesse été dans la tourmente. Le programme immobilier prévu en 2012 n'a jamais vu le jour suite à la mise en liquidation de la société immobilière qui avait acheté des lots. Depuis, les péripéties se sont succédé, les deux derniers propriétaires de ces îlots refusent (à tort ou à raison ?) de les vendre.
Les lecteurs de ”La Promesse de l'aube” ne pourront que regretter la disparition de ce marché mais tout autant qu'il soit à l'abandon et dégradé.
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La cathédrale Saint-Nicolas de Nice
Centre névralgique du quartier russe de Nice, on ne sait pas trop si Nina Kacew a beaucoup fréquenté la cathédrale Saint-Nicolas. Il semblerait que non.
La mère de Romain Gary a peu d'attache religieuse d'une part, et ne fréquente pas beaucoup les membres de la diaspora russe d'autre part.
Nina élève son fils dans le culte de la France. Il n'est donc pas question d'entretenir une quelconque nostalgie d'un sol natal qui, pour les Kacew, n'a été que synonyme de misère.
Malgré ses dires, Romain Gary est né en Russie et c'est pour échapper à la pauvreté et à l'antisémitisme que sa mère l'a emmené toujours plus à l'ouest.
La cathédrale Saint-Nicolas de Nice est l'édifice religieux orthodoxe russe le plus important hors de Russie. Au cours du 19e siècle, la communauté russe installée à Nice s'accroît. C'est en 1856 que la tzarine Alexandra Fedorovna lance une souscription mais la première église orthodoxe russe construite est rapidement trop petit. La cathédrale, telle qu'on la voit aujourd'hui, près du boulevard Tzarewitch, à l'extrémité de l'avenue Nicolas II a été inaugurée en 1912. Sur l'emplacement s'élevait une villa mais le tsar Alexandre II a acheté la propriété pour y édifier une chapelle en hommage à son fils le tsarévitch Nicolas Alexandrovitch, mort en 1865.
C'est à proximité de cet oratoire que la cathédrale est construite à partir de 1903.
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La promenade des Anglais
La mer, et la Méditerranée plus particulièrement, a une grande importance dans la vie de Romain Gary. Il l'a voit pour la première fois en Italie et elle a sur lui ”un effet bouleversant”.
Après ce jour, chaque fois qu'il la regarde, il devient un "noyé heureux”.
À son arrivée à Nice, c'est au bord de la mer qu'il se rend en premier lieu. Par la suite, il fréquentera l'établissement balnéaire ”À la grande bleue” où il s'entraîne pour devenir champion de natation junior... il arrivera 11 ème.
La promenade des Anglais est le lieu qui symbolise les fantasmes de réussite que sa mère porte pour lui. Romain Gary s'imagine rentrer de la guerre couvert de gloire, déambulant sur la promenade des Anglais avec sa mère, sous le regard admiratif des passants.
Un lieu mythique, une balade plutôt agréable entre mer et prestige. Au début du 19e siècle il n'y avait qu'un modeste sentier de terre et de pierres.
Déjà nommée “chemin des Anglais” car construit par la communauté britannique hivernante, c'est vers 1854 que la voie prend le nom de promenade des Anglais, s'élargit et s'allonge. Petit à petit, les villas et leurs jardins sont détruits pour être remplacés par des palaces, immeubles résidentiels….
Aujourd'hui la “Prom” comme disent les Niçois, est devenue le rendez-vous des joggeurs, amateurs de rollers et vélo...
Pour se restaurer...


Trois librairies...

Librairie la Sorbonne,
37 rue de l'hôtel-des-postes
Vraiment très belle !!!
Librairie spacieuse, rendue conviviale par la disposition et la déco. On y trouve tout et dans tous les domaines. Voilà une librairie où on pourrait flâner des heures !

Librairie Jean Jaurès,
2 rue centrale
Une librairie bien agréable. L'accueil est sympathique et on y trouve un large choix d'ouvrages et un beau rayon jeunesse.
Des rencontres avec des auteurs sont régulièrement organisées.

La Briqueterie, librairie Concept Store,
librairie indépendante,
4 rue Jules Gilly
Nichée dans le Vieux-Nice, on y goûte tout le charme des petites librairies qui ont une âme.
C'est beau... on s'y sent bien, ....y a des livres..... que demander de plus ?
Quatre livres...


La promesse de l'aube
Romain Gary
Folio, 1960
"Romain Gary fait le récit de son enfance et de sa jeunesse auprès de sa mère, ancienne actrice russe, portée par un amour et une foi inconditionnels en son fils.
Romain Gary est né à Vilnius, alors ville polonaise en 1914.
À Vilnius, il faut se promener rue Basanavicius (ancienne rue Grand Polanka). C'est là où se déroule toute la première partie du livre.

Romain Gary s'en va-t-en guerre de
Laurent Seksik
Flammarion
"Avant d'inventer Émile Ajar, Romain Gary s'est inventé un père. Bâtissant sa légende, l'écrivain a laissé entendre que ce père imaginaire était Ivan Mosjoukine, l'acteur russe le plus célèbre de son temps. La réalité n'a rien de ce conte de fées."


Vie et mort d'Émile Ajar de Romain Gary,
Gallimard, 1981.
Ce livre, très court, est la révélation par Romain Gary lui-même, de ses intentions quant à la création d'Émile Ajar.



Romain Gary de Dominique Bona,
Mercure de France, 1987
Cette première grande biographie de Romain Gary éclaire les mille facettes de celui qui fut l'auteur d'une des plus belles mystifications littéraires de tous les temps : Émile Ajar/ Gary, deux fois prix Goncourt, resta toujours obsédé par la recherche lancinante du dépassement de soi-même. Il fut un homme de vastes ambitions et de grandes passions, un artiste dans son siècle et un magicien du rêve.
Deux films...


La promesse de l'aube de Éric Barbier
avec Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Jean-Pierre Daroussin, 2h10, comédie dramatique, France
"De son enfance difficile à l'Est, en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu'à ses exploits d'aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale..., Romain Gary a vécu une vie extraordinaire mais cet acharnement à vivre 1000 vies, à devenir un grand homme, c'est à sa mère Nina qu'il le doit."


La vie devant soi de Moshe Mizrahi avec Simone Signoret, Samy Ben Youb
1977, 1h35, comédie dramatique, France
“ L'histoire de Madame Rosa, vieille habitante de Belleville, et de ses protégés, les mômes, dans un milieu difficile;”
Pour ce film, Simone Signoret a reçu le César de la meilleure actrice en 1978.
Le film, lui, a reçu l'Oscar du meilleur film étranger.
Une pièce...


L'angoisse du roi Salomon
d'après Romain gary
Mise en scène de Bruno Abraham Kremer
avec Bruno Abraham Kremer
Jean, taxi au grand cœur, nous raconte 25 ans après, sa rencontre miraculeuse avec Monsieur Salomon, le roi du pantalon, dans les années 70.
Il nous entraîne sur les trottoirs d'un Paris populaire, de la rue du Sentier aux Champs-Élysées, dans sa course folle pour rattraper le temps perdu entre le vieux Salomon et Cora, une ancienne chanteuse réaliste .
Les mots croisés de José...

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !