top of page

Parcours vers la rue des Martyrs

26 octobre 2017

Un parcours de petite taille du point de vue géographique, mais qui pourtant traverse trois ambiances, c'est ce qui fait un des charmes de Paris.

Place Charles Dullin, ambiance théâtrale. Créé en 1825, elle est alors nommée place du Théâtre en raison de la présence du théâtre de Montmartre rebaptisé Théâtre de l'Atelier en 1922.

En 1957 , la place prend le nom de Charles Dullin, acteur et metteur en scène qui dirigea le Théâtre de l'Atelier de 1922 à 1940.

 

En arrivant sur le boulevard de Rochechouart, on change d'atmosphère. Créé en 1864 ce boulevard situé au pied de la butte Montmartre, marquait la limite des abattoirs de Montmartre. Aujourd'hui, il marque le passage entre le 18e et le 9e arrondissement,  dans une effervescence permanente,  entre climat populaire et touristique, entre le mythique  "Moulin Rouge" et les sex-shops un peu blafards.

En entrant dans la rue des Martyrs, on est plongé dans un décor village plutôt “bobo”. De jolis commerces qui touchent à l'alimentation, de beaux étals de primeurs, des terrasses bondées pour le brunch du dimanche...

Un théâtre...

Théâtre de l'Atelier, 1 place Charles-Dullin, 75018 Paris

 

Inauguré en 1822, sous le nom de théâtre Montmartre. En 1913, le théâtre est transformé en cinéma. En 1922 il retrouve sa fonction de théâtre, quand Charles Dullin rachète la salle et la rebaptise “Théâtre de l'Atelier”. Il précise alors que son théâtre sera "celui de la poésie et de la réflexion".

Inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1965, c'est l'un des rares théâtres parisiens du 19e siècle encore en activité.

Aujourd'hui, la programmation est variée. Il est idéalement situé et la salle est totalement charmante. Un théâtre à fréquenter !!

http://www.theatre-atelier.com/

Une pièce...

“Modi”

de Laurent Seksik. Metteur en scène Didier Long, avec Stéphane Guillon, Geneviève Casile, Sarah Biasini, Didier Brice.

Dans le Paris de Picasso, de Cocteau, de Max Jacob, un homme règne sur la vie d'artiste : Le prince de cette bohème, c'est Modigliani. Génie inclassable, dandy provocateur à la vie scandaleuse, son œuvre raffinée porte un regard intime sur le monde.

Un très bon moment de théâtre puisque “Modi” allie la qualité pour le fond et la forme.

J'y allais avec un a priori très positif puisque j'aI beaucoup apprécié tous les ouvrages de Laurent Seksik, mais après tout au théâtre, on prend toujours un petit "risque" la représentation n'étant  pas le travail d'un seul.

Le décor est très beau, et la mise en scène en joue habilement pour nous promener dans la vie de Modigliani. Les acteurs sont tous très bons. L'humour grinçant, le cynisme et les provocations du Prince de la Bohème, vont comme un gant à Stéphane Guillon. Les échanges entre les personnages sont savoureux, avec toujours sous-jacente, une attaque contre les bien-pensants, les marchands d'art, ou les autres grands noms de la peinture qui par leur travail, induisent l'obligation  d'appartenir à un courant pictural.

En plus de l'humour, nous assistons à de grands moments d'émotion : les désespoirs et colères de l'artiste, les appréhensions de sa compagne, prête à tous les sacrifices pour l'objet de son amour.

 

Dans le domaine des émotions, la scène où Modigliani oblige son marchand d'art et ami à réécouter l'échec de sa première exposition à cause des toiles de nues mises en vitrine,  est particulièrement réussie.

Une pièce a voir pour Modigliani, pour Stéphane Guillon, ou pour le théâtre tout simplement.

Jusqu'au 31 décembre.

Pour se restaurer...

“Le Clou” , 30 avenue Trudaine, 75009 Paris

 

Terrasse idéale : mi-ombre mi-soleil, avec calorifères en cas de nécessité.

Un endroit très agréable, à l'accueil souriant. Les serveurs gardent même leur humour quand ils ont à faire à quelques clients “difficiles”.

Les prix, quant à eux , sont très “parisiens” mais il y a,  en semaine un menu déjeuner à 16 € (entrée + plat).

Si non, fish and chips à 16 € et excellents profiteroles à 9 €.

Une librairie...

L'atelier 9

59 rue des Martyrs, 75009 Paris.

 

Très joliment décorée, cette librairie indépendante propose coups de cœur, dédicaces et un très large éventail d'ouvrages de littérature française et étrangère, aussi bien dans les classiques que dans les nouveautés. Cet endroit est vraiment sympa et accueillant

Deux livres...

Une BD, Modigliani Prince de la Bhème.

Dessins :  Fabrice le Hénanff, scénario : Laurent Seksik, Casterman, 2014.

 

Montparnasse 1917. Les artistes vivent dans la frénésie de la création. Le Prince de cette bohème, Amedeo Modigliani rêve de changer le monde à coups de pinceau mais son goût pour l'opium et l'absinthe, sa passion pour les femmes, la folie de l'époque sont autant d'obstacles qu'il devra surmonter.

On retrouve ici les grands traits de la pièce “Modi”, ce qui n'est pas étonnant puisque l'auteur est le même. Cette BD met en lumière un grand artiste, sans toutefois l'épargner : alcoolisme, colère, égocentrisme...

On est plongé dans les aspirations et désespoirs de l'artiste qui, comme tant d'autres, n'a pas connu le succès de son vivant. Le dessin souligne très bien les moments difficiles de Modigliani, avec des jeux d'ombres et une belle palette de dégradés.

C'est aussi toute l'ambiance de la guerre 14-18 que ce bel ouvrage tente de nous restituer : la grisaille d'un Paris frigorifié qui tressaille au son de la Grosse Bertha, le perpétuel dilemme des artistes, s'engager ou pas.

Une belle biographie avec un graphisme très travaillé.

Ils vont tuer Robert Kennedy, de Marc Dugain, Gallimard, 2017

 

Professeur d'histoire contemporaine de l'Université de Colombie-Britannique et persuadé que la mort successive de ses deux parents en 1967 et 1968 est liée à l'assassinat de Robert Kennedy, le narrateur mène l'enquête.

Un livre intéressant , presque passionnant, mais qui laisse un goût désagréable puisqu'on ne parvient pas à démêler le vrai du faux.

La lecture de ce livre ne doit pas s'étendre dans le temps, les événements et analyses sont denses et on prend le risque de s'y perdre !

Marc Dugain prend prétexte de son roman pour revisiter l'histoire des États-Unis. C'est effrayant de voir que ce pays, souvent désigné comme la plus grande démocratie, est fondé sur la violence , l'argent sale et la manipulation.

On le sait, certes,  mais ici l'auteur met toutes les malversations bout à bout et c'est édifiant : pouvoir de la CIA , collusion avec la mafia, achat de voix pour les élections, pouvoir démesuré des lobbys !

En parallèle, les recherches du héros sur ses parents, nous entraînent dans l'histoire de la Résistance à Bordeaux, des services secrets britanniques et j'en passe tant les domaines historiques de cet ouvrage sont foisonnants.

Si on entre dans ce livre, on est happé et avide d'en apprendre toujours un peu plus, même si parfois on est agacé que l'auteur nous fasse mariner !

Il y a pas mal de répétitions et on a la sensation de tourner en rond, mais après tout c'est ce que vit Mark O'Dugain, tant certains secrets sont durs à percer.

La fin m'a malheureusement fait l'effet d'une trahison vis-à-vis du lecteur. C'est le risque,  lorsqu'un livre mèle trop intimement, des événements et personnages réels avec de la fiction.

Si on avait du temps et pas d'autres envies de lecture, il faudrait presque relire “Ils vont tuer Robert Kennedy” à la lueur de ce que l'on apprend à la toute fin.

Un film...

“Numéro une” de Tonie Marshall avec Emmanuelle Devos, Suzanne Clément, Richard Berry, Sami Frey et Benjamin Biolay.

1h50 comédie dramatique, France

 

Emmanuel Blachey, est une ingénieure brillante qui a gravi les échelons de son entreprise. Un jour, un réseau de femmes d'influence lui propose de l'aider à prendre la tête d'une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction !

 

“Numéro une” est un assez bon thriller économique et politique.

Même si il me semble que le film souffre de quelques longueurs et que le rôle principal est peu cohérent avec le postulat de départ, cette Emmanuel Blachey semble, certes brillante et volontaire, mais paraît bien mollassonne pour le but qu'on lui a fixé.

En tous les cas, ce n'est absolument pas comme j'ai pu le lire ici ou là, un thriller féministe ou un film” faisant avancer la cause des femmes”.

Tony Marshall nous montre très bien à quel point les luttes de pouvoir sont de véritables guerres où tous les coups sont permis.

Pour parvenir au sommet, il faut de l'argent, un puissant réseau, des amitiés politiques, voire des dossiers sur la vie personnelle de ses concurrents.

Qu'on soit homme ou femme, les tactiques sont les mêmes pour parvenir à ses fins, la vertu n'est pas de mise !

Le fameux affreux Beaumel (très bien interprété par Richard Berry) n'écarte pas la candidature d'Emmanuelle Blachey parce que ce serait une femme , mais parce qu'elle ne fait pas partie de ceux qui sont à sa botte et qu'il a besoin de camoufler ses malversations !

Bien sûr, il est plus difficile pour les femmes d'accéder aux hautes sphères mais finalement j'ai eu l'impression que ce sujet ne venait qu'en arrière-plan. Ce qui est certain, c'est qu'aucune place de ce niveau ne donne envie !

Il paraît que le pouvoir est une drogue... et bien en voilà encore une, qui ne rend , ni heureux, ni épanoui !

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

bottom of page