top of page

Parcours à Montreuil

21 novembre 2017

Parcours......escapade...?

Escapade... parcours...?

Pour les banlieusards que nous sommes, à “Pourvu Qu'on Ait Livre's”, Montreuil est si proche de Paris qu'il pourrait en être le 21 ème arrondissement. Nous avons donc opté pour le terme de” parcours” tout en ayant bien conscience que pour un Parisien cela pourrait être une “escapade”, il faut tout de même passer le périph !!!

 

Deuxième ville la plus peuplée du département de Seine-Saint-Denis, Montreuil a vécu les multiples modifications inhérentes à toutes les banlieues parisiennes.

On notera que le “salon du livre et de la presse de jeunesse” se tient chaque année dans cette ville depuis 1984.

De même qu'on ne peut omettre de souligner la présence de six théâtres sur le territoire dont un Centre Dramatique National.

C'est dire si Montreuil est attachée à la place qu' il faut accorder à la culture.

Une expo...

Musée de l'histoire vivante, 31 boulevard Théophile Sueur, 93100 Montreuil.

Entrée : 4 €

 

Situé dans le charmant parc Montreau, il a ouvert ses portes en 1939, pour le 150e anniversaire de la révolution française.

Ce musée traite l'histoire des mouvements sociaux. Il conserve des collections iconographiques de la Révolution aux années 1960/1970.

La visite est très instructive mais peut s'avérer décevante par rapport à l'idée qu'on s'en faisait. Le musée, faute de place,  je suppose, ne fonctionne que par expositions thématiques. Il n'y a donc pas de collection permanente qui coexisterait avec une expo.

 

En ce moment et jusqu'au 31 décembre : la révolution russe, vue de France (1927-1967)

Cette exposition tente de mettre en lumière les espoirs, puis les déceptions qu'on nourrit cette révolution sur le monde ouvrier. Le parcours est clair et très bien documenté : photos d'archives, "Une" des journaux de l'époque, affiches, livres, quelques tableaux et objets.

L'initiative est bonne mais il est vraiment dommage qu'il ne puisse y avoir une exploration plus large de l'histoire ouvrière. Ce musée mériterait un espace beaucoup plus grand, même s'il faut reconnaître que la grande demeure dans laquelle il se trouve est très belle.

Pour se restaurer...

Le Gevaudan, 1 boulevard Rouget de l'Isle, 93100 Montreuil

 

Bistrot avec un bon accueil, à la bonne franquette (il y a beaucoup d'habitués).

Un service rapide et efficace. La petite terrasse est..... chauffée.

Menu du midi  12€50 plat + dessert

Couscous entre 13 et 17 € ce n'est pas le plat le plus connu de la Lozère mais il est très bon et copieux !

Une librairie...

Folie d'Encre Chantefable, 9 avenue de la Résistance, 93100 Montreuil

 

Une très grande et très belle librairie. Sa taille permet un très large choix, organisé par thèmes,  dans tous les domaines, mais son aménagement lui confère un air intimiste.

Folie d'Encre organise de très nombreux événements : des petits déj dédicaces, des soirées avec auteurs... il existe aussi un prix “Folie d'Encre” décerné chaque année par les librairies de l'enseigne.

 

Cette librairie semble bien être un lieu de culture et de vie à Montreuil.

Deux livres...

"Je suis Jeanne Hébuterne" de Olivia Elkaïm, stock, 2017

 

Jeanne Hébuterne est une jeune fille, quand en 1916, elle rencontre Amadeo Modigliani.

De 15 ans son aîné, il est un artiste” maudit” vivant dans la misère, à Montparnasse.

 

Une belle histoire de passion amoureuse qui nous plonge dans le Paris du début du 20e siècle.

“Hier soir, je suis tombée amoureuse d'Amadeo Modigliani”. La première phrase plante le décor, il s'agit bien là d'une histoire d'amour. Mais nous sommes bien loin d'une bluette. Pour faire vivre sa passion pour Modigliani,  mais aussi pour la peinture, puisque Jeanne elle-même peint, elle devra braver tous les interdits sociaux et familiaux.

Il faut dire que Modigliani n'a rien du gendre idéal. Il vit dans la misère, boit les quelques sous que lui rapportent ses toiles, tient des propos outranciers, collectionne les femmes, est juif, à une époque où l'antisémitisme est banal.

 

Parallèlement, la famille Hébuterne mène une vie pieuse et terne. Il n'est pas étonnant que Jeanne ait été attirée par la vie de bohème de l'artiste maudit.

 

Mais ce qui rend son amour singulier, c'est qu'elle n'a jamais renoncé malgré une misère totale, la faim, le froid, les infidélités d'Amédéo, sa situation terrible de fille mère.

Au fil des pages, je n'ai pu m'empêcher d'entrevoir des similitudes avec la vie de Camille Claudel, notamment dans leurs rapports avec leurs frères.

Leurs sentiments sont à la limite de l'inceste et lorsque Paul (pour Camille) et André (pour Jeanne) se sentent remplacés dans le cœur et la vie de leurs sœurs, ils se comportent comme des amants éconduits ! Le rejet est violent, leur attitude d'une dureté effroyable, et non sans conséquence sur un dénouement funeste !

 

Ce livre est aussi l'occasion de croiser un Montparnasse disparu. La Rotonde, repère d'artistes et de soulots... a bien changé.

On retrouve aussi avec plaisir, Soutine, Kiki de Montparnasse, Apollinaire...

 

Ce livre, bien écrit, avec des phrases courtes et percutantes, nous fait vivre pleinement,  emportements et peines de Jeanne Hébuterne.

Au-delà de l'histoire d'amour qu'elle a vécu avec Modigliani, c'est une belle histoire d'émancipation féminine, un portrait qui rend hommage à une jeune fille qui aurait pu devenir un grand nom de la peinture.

Les vacances de Julie Wolkenstein, POL, 2017

 

Automne 1952, dans un château délabré de l'Eure, Éric Rohmer tourne “les petites filles modèles”. C'est son premier long-métrage. Presque achevé, jamais sorti au cinéma, ce film a disparu...

 

Printemps 2016, Sophie, une prof d'université à la retraite, spécialiste de la Comtesse de Ségur et Paul, un jeune homme qui consacre sa thèse à des films introuvables, traversent ensemble la Normandie, à la recherche de traces, de témoins, d'explications...

 

Ce  livre est un divertissement très sympathique et intelligent.

La progression dans l'histoire est un peu lente, l'auteur nous perd parfois dans des détails mais beaucoup de passages sont savoureux. Sophie porte un regard plein d'ironie sur la société en général et sur le monde universitaire en particulier, qui m'a beaucoup plu.

Ce sont d'ailleurs les premières pages qui m'ont fait choisir ce livre: “Je ne me suis toujours pas habituée à cette nouvelle mode,  à ces vendeurs qui nous demandent nos prénoms”. Le passage se déroule dans un Starbuck !

L'auteur nous entraîne aussi dans une enquête littéraire : quels rapports entre la Comtesse de Ségur, Éric Rohmer et le cinéma érotique des années 1970 ?

 

Cette enquête originale permet au lecteur d'en apprendre plus, où d'en apprendre tout court, sur le cinéma de Rohmer et sur la littérature du 19e siècle.

C'est aussi l'occasion d'assister à des rencontres pleines de charme.

Sophie et Paul que trente ans séparent, ont plus de points communs qu'il n'y paraît. Et chacun des deux va entrer dans le monde de l'autre pour trouver des réponses.

L'enquête va prendre de plus en plus une tournure personnelle car Julie Wolkenstein pose une question intéressante : “N'avons-nous pas tendance à nous raconter nos vies en prenant modèle sur des histoires que nous avons lues ou vues ?”

Pourquoi Paul s'intéresse-t-il au film disparu et pour quelle raison Sophie s'est-elle spécialisée dans les oeuvres de la Comtesse de Ségur ?

 

“Les vacances” offre un très agréable moment de lecture. C'est une petite bouffée d'air entre des livres aux histoires plus dramatiques. Le personnage de Sophie m'a particulièrement ravie.

Un cinéma...

Cinéma Le Méliès, 12 place Jean Jaurès,

 

En 1893 le Montreuillois, Georges Méliès, construit dans sa ville les premiers studios de cinéma au monde, Star film.

Le cinéma prospérera à Montreuil jusqu'à la fin du muet et l'arrivée du parlant.

Municipal depuis 2002, c'est un cinéma “art et essai” classé recherche et découverte,  jeune public, répertoire et patrimoine. Un bel endroit avec des tarifs défiant toute concurrence (6 €, tarif plein)

Beaucoup d'événements sont organisés tout au long de l'année : projections-rencontres, ciné-débats, avant-premières...

Une programmation variée et intéressante pour ce très chouette cinéma de quartier.

Deux films...

Brooklyn Yiddish de Joshua Stein avec Menashé Lustig, Ruben Niborski, Yoel Weisshaus,

1h21, drame, USA

 

Borough Park, quartier juif ultra-orthodoxe de Brooklyn. Menashé, modeste employé d'une épicerie, tente de joindre les deux bouts et se bat pour la garde de son jeune fils Ruben.

Ayant perdu sa femme, la tradition hassidique lui interdit de l'élever seul.

 

Un film intimiste à la frontière du documentaire. Pas très étonnant puisque Josha Z. Weinstein vient de ce monde.

 

Je ne pense pas que cela soit péjoratif de dire que c'est un “petit film”, je ne le conseillerai donc pas à ceux qui se rendent rarement dans les salles obscures.

J'ai plutôt apprécié l'ensemble du film. C'est une immersion dans une communauté dont on connaît peu les rites et coutumes. Ce n'est donc pas inintéressant d'en apprendre un peu plus. Le cinéaste ne juge pas, il nous donne à voir les différents courants de pensée à l'intérieur du hassidisme. On peut donc observer que selon que l'on suive tel ou tel à rabin, les exigences ne sont pas les mêmes.

Force est de constater, une fois de plus, et quelle que soit la religion, que les contraintes qui touchent à la vie privée peuvent être difficiles à vivre individuellement. C'est le cas de Menashé, personnage principal et très attendrissant de ce film.

Avec lui, on touche du doigt la problématique liée au mariage arrangé et la fonction de chacun dans la cellule familiale.

Il est plutôt attachant cet homme qui veut prouver qu'il peut élever seul son fils contre l'avis de la communauté. Maladroit et malchanceux, il est avant tout un père qui aime son fils !

Brooklyn Yiddish est un film sociologiquement intéressant, sentimentalement touchant mais dont le dénouement laisse peu d'espoir.

Jalouse de David et Stéphane Foenkinos, avec Karine Viard, Anne Dorval, Anaïs Demoustier.

1h46, comédie, France

Nathalie Pêcheur, professeur de lettres, divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive.

Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d'action s'étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage.

Le film retrace la bascule inattendue d'une femme.

 

Un film très moyen, qui ne réjouira complètement que les fans de Karine Viard, puisqu'elle ne quitte pas l'écran plus d'une minute !

La première partie n'est pas trop mal, bien rythmée, elle plante le décor et quelques répliques font mouche.

Malheureusement, les meilleurs moments du film sont dans la bande annonce !

 

Dans la deuxième partie, le film, non seulement s'essouffle mais s'enlise.

Notre héroïne ne devient pas jalouse comme on attrape un rhume. Elle souffre avant tout, de solitude amoureuse et du temps qui passe inexorablement. Sa jalousie résulte principalement d'un déni de dépression qui lui donne envie de détruire le bonheur de ceux qui l'entourent.

Si l'idée de départ était plutôt bonne, le film tourne très vite en rond et peine à trouver le ton juste.

C'est assez à la mode, en ce moment, de vouloir faire des films qui s'aventurent autour de thèmes, hors des schémas classiques : la vie amoureuse des femmes ne s'arrêtent pas avec la ménopause, toutes les femmes ne rêvent pas de faire des enfants, tout le monde n'éprouve pas, obligatoirement , une immense joie à être grands-parents...

Malheureusement, tous ces films rebroussent plus ou moins chemin en cours de route, voire véhiculent eux même d'éternels clichés.

“Jalouse” n'échappe pas à la règle : dans un couple un homme qui part, c'est forcément pour une jeunette, la femme elle, c'est forcément pour un vieux riche !

 

Ce film navigue donc péniblement entre comédie et drame psychologique sans vraiment oser aller au bout du sujet. On finit même pas s'ennuyer !

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

bottom of page